« Jusque vendredi tout allait bien, raconte Marko Šunjić, patron des éditions Fibra, mais je viens d’apprendre que mon principal distributeur dans le réseau des libraires, [Algoritm MK Company, l’une des plus grandes chaînes de librairie du pays. NDLR], dépose le bilan. Je perds en un jour 30% de mon chiffre d’affaires annuel. C’est un désastre. »
Pour ce petit éditeur, qui dispose du plus beau catalogue dont on puisse rêver puisqu’il publie aussi bien Moebius qu’Alan Moore, Spiegelman que Riad Sattouf, Bourgeon ou Osamu Tezuka, cet éditeur-là, dont les éditions figurent parmi les plus soignées d’Europe, a, sur un marché réduit (les tirages vont de 500 à 1500 exemplaires) bien du mal à dégager de la marge de ce genre de publication. Un coup de Trafalgar !
Comment va-t-il s’en sortir ? « Je vais faire un appel sur mon site Internet pour que les fans m’achètent en direct ou dans une des librairies spécialisées » dit l’éditeur. L’appel vaut pour les acheteurs étrangers : français, belges, américains qui veulent acquérir ces curiosités que sont les versions croates. Avis aux amateurs !.
La mauvaise nouvelle n’a pas pour autant contaminé l’ambiance bon enfant de ce petit festival qui affiche cette année une vingtaine d’auteurs internationaux prestigieux : les Espagnols Jordi Bernet ("Torpedo") et Alfonso Font ("Clarke & Kubrick", "Dany Futuro"…), l’Argentin Eduardo Risso ("100 Bullets"), le Français François Boucq qui vient de publier chez Uragan son dernier album de "Bouncer", toute la bande des dessinateurs italiens de Bonelli sur "Dylan Dog" : Eugenio Sicomoro, Giovanni Freghieri, Luigi Picatto, Marco Nizzoli et Marco Soldi, quelques grandes figures classiques de la BD croate comme Julio Radilović alias Jules, mais aussi les habitués du festival comme Bernard Kolle, Milorad Vicanović Maza, Željko Pahek, Stevan Subić, et bien d’autres.
Les expositions ont comme sujet « Les 30 ans de Dylan Dog en Croatie », « Modesty Blaise » de même que des expositions des productions que les auteurs du cru ont faites pour les éditeurs américains et européens. On a remarqué aussi les éditeurs Olivier Jalabert et Elsa Stzulcman venus chercher les talents nouveaux.
Une 20e édition pleine de promesses, mais aussi, comme on le voit, marquée par l’appréhension.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Le site du festival (jusque dimanche)
Participez à la discussion