Avant Geluck, nous avions les pensées de Marc-Aurèle (« La douceur est invincible »), de Confucius (« La vraie faute est celle que l’on ne corrige pas ») ou de Pascal (« La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique ») que l’on pouvait citer dans une conversation mondaine en prenant un air pénétré de sagesse.
Si la soirée était à la plaisanterie, on pouvait se risquer avec du Oscar Wilde (« Il me semble parfois que Dieu, en créant l’homme, ait quelque peu surestimé ses capacités ») ou du Sacha Guitry (« Les avocats portent des robes pour mentir aussi bien que les femmes ») pour apparaître comme un fin esprit. Si on avait la culture de la télé et un auditoire plus vulgaire, on pouvait citer un comique, comme Coluche : « La misère humaine a une dimension inhumaine »… Ou encore Goscinny : « La raison pour laquelle les moteurs à explosion n’explosent pas, restera à tout jamais un mystère insondable pour moi »…
Geluck fait partie de cette lignée d‘hommes d’esprit capables de produire l’aphorisme qui est la pierre philosophale de la conversation : elle transmute un instant de légèreté en une réflexion profonde. Ce moment soudain où la conversation s’arrête, et où chacun s’élève, l’espace d’une seconde, hors du monde.
Quelques exemples issus de cet album : « L’absence de défauts est-elle une qualité ? », « Être vieux, c’est être jeune plus longtemps que les autres », « Si j’avais été Dieu, le septième jour, je ne me serais pas reposé. J’aurais fignolé… »
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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