L’ascendance « jupitérienne » d’Emmanuel Macron reste d’actualité puisque c’est Jules César lui-même qui est à l’origine de cette réputation que traînent les Gaulois avec notamment cette remarque : « …ut sunt Gallorum subita et repentina consilia » (« …étant donné que les Gaulois ont des résolutions soudaines et inattendues » (Guerre des Gaules, III, 8). L’historienne cite son collègue Alain Larcan qui avait relevé que Charles de Gaulle, ayant noté en 1921 cette citation de César, la reprit à trois reprises dans son ouvrage Vers l’armée de métier, dans ses Discours et dans les Mémoires d’espoir. (De Gaulle historien, publication de l’Académie, 2005).
D’un empereur à l’autre, c’est cette fois le très jupitérien Napoléon Bonaparte qui déclarait au Conseil d’État à propos de la Légion d’Honneur en 1803 : « C’est avec des hochets que l’on mène les hommes […]. Je ne crois pas que le peuple français aime la liberté et l’égalité ; les Français ne sont pas changés par dix ans de révolution ; ils sont ce qu’étaient les Gaulois, fiers et légers. Ils n’ont qu’un sentiment : l’honneur ; il faut donc donner de l’aliment à ce sentiment-là, il leur faut des distinctions. » (cité par Jean Tulard dans Napoléon et la noblesse d’Empire, Tallandier, 1979)
Chateaubriand lui-même considérait que « Le Français a été dans tous les temps, même lorsqu’il était barbare, vain, léger et sociable. Il réfléchit peu sur l’ensemble des objets, mais il observe curieusement les détails... » (Chateaubriand, Génie du christianisme, 1828, Troisième partie, livre III, chapitre IV, « Pourquoi les Français n’ont que des Mémoires »)
La référence historique de la IIIe République qui inspira Astérix, celui qui est à l’origine de l’expression « Nos ancêtres les Gaulois » de nos manuels scolaires, Ernest Lavisse, écrit de son côté : « Les Gaulois habitaient des maisons faites avec de la terre et couvertes en paille. Ces maisons n’avaient qu’une porte et pas de fenêtres. La fumée sortait du toit par un trou parce qu’il n’y avait pas de cheminée. Vous n’aimeriez pas habiter de pareilles cabanes. La fumée vous piquerait les yeux et vous ferait pleurer. […] Les Romains savaient faire beaucoup de choses que les Gaulois ne savaient pas faire. Mais les Gaulois étaient très intelligents. Ils apprirent à faire tout ce que faisaient les Romains. » » (Ernest Lavisse, Histoire de France, 1913).
Enfin, Charles de Gaulle, le bien-nommé, avait écrit encore : « Ce chef, que n’avaient investi nul souverain, nul parlement, nul plébiscite, et qui ne disposait en propre d’aucune organisation politique, serait-il longtemps suivi par le peuple le plus mobile et indocile de la terre ? […] Tant de secousses ont accumulé dans notre vie publique des poisons dont s’intoxique notre vieille propension gauloise aux divisions et aux querelles. » (Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, tome III, 1959).
Merci, Annie Collognat, pour ces rappels érudits.
C’est que, comme le rappelait un légionnaire à son préfet : « -…ces Gaulois irréductibles ont un grand défaut ! – Ah ? Lequel ? - C’est qu’ils sont irréductibles, justement ! » (Astérix Gladiateur, planche 1, 1963).
Irréductibles, même pour un Président de la République.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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