Dans le Londres de la fin du XIXe siècle, le mythe de Jack l’Éventreur renaît.
Des femmes sont tuées chaque nuit...
Sir John Arthur Livingstone a grandi dans la jungle parmi les orangs-outans, au sein d’une nature sauvage, hostile à qui ne sait pas s’adapter. Contraint de rejoindre la civilisation victorienne alors à son apogée, il est un homme puissant et charismatique, incarnation de la virilité.
Évoluant sous les regards et les préjugés d’une société bien-pensante, ce nouveau Tarzan n’est pas un bienheureux découvrant les bienfaits de la civilisation mais un être tenaillé par la douleur de se plier aux règles du paraître d’une nation bafouant son instinct de liberté.
Adulte tourmenté par son présent, sans avenir, il égrène ses souvenirs de liberté vagabonde au milieu du « fog » londonien. Mais l’homme-singe, acclimaté, il le faut bien, aux faux-semblants de la puissance impériale, est-il resté une bête féroce ou est-il à jamais le fin gentleman tel qu’il paraît à tous ?
Ce conte noir sur le destin tragique d’un homme épris de liberté est d’une absolue beauté graphique. L’entrée en matière est magnifique dès la première page : les couleurs intenses et remarquables de Stéphane Paitreau subjuguent le lecteur et mettent en lumière un dessin juste et puissant.
La vigueur et la finesse réunies sous les crayons et les pinceaux de Fabrice Meddour offrent une atmosphère oppressante, lourde comme l’architecture néo-gothique de ce Londres Turn of the Century où se déroule cette enquête policière sur fond anthropologique. L’intrigue est menée en plusieurs mouvement avec des accélérations et des ralentissements de tempo tout à fait éblouissants.
Philippe Bonifay, le scénariste du Zoo de Frank Pé et dont on retrouve ici une partie de son inspiration, maîtrise en tout point son scénario.
Entre le souvenir de la forêt luxuriante et les bas-fonds crasseux de la ville, l’homme nu déguisé en affranchi "civilisé" arrive-t-il à conjurer ses instincts primaires ? L’auteur veille bien à ne pas sortir la personnalité de Livingstone de l’ambiguïté, et tout l’intérêt de ce diptyque réside dans la résolution de ce mystère.
(par Vincent GAUTHIER)
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