La deuxième édition de l’épatant Petit livre Rock de Bourhis est un signe qui ne trompe pas. Éditeurs, auteurs et public goûtent le traitement BD des musiques énervées. Voir débarquer chez de grosses écuries comme Flammarion (Rock Strips) et Dargaud (Nous sommes Motörhead) des recueils de nouvelles graphiques sur des genres pas toujours grand public (le metal, le rock 60’s des Kinks ou le folk dépressif de Nick Drake) montre qu’une voie est ouverte.
Impressionnant par la variété des styles abordés -des Sex Pistols à Captain Beefheart, il fallait oser-, Rock Strips aligne une dream team d’auteurs de premier plan (voir la chronique de Thierry Lemaire). Un album qui met en lumière la relation très intime qu’ont les créateurs du neuvième art à leurs groupes favoris, sans parler d’une véritable expertise pour certains (JC Menu et ses références au millimètre) ou Charles Berberian
Nous sommes Motörhead et son format LP (disque 33 tours) se montre plus culotté. La première histoire, dessinée à la va vite, donne le ton : Rock’n’roll ! Sattouf est là encore, avec son trait ironique désormais bien connu. Mention spéciale à la "bïo" de fin d’album qui passe en revue les auteurs, chacun ayant droit à son CV express totalement délirant. Un petit chef-d’œuvre émerge du recueil : "Émile de Motörhead", de Sébastien Lumineau. L’amour, la révolte, l’école et les mobylettes, tout y est. Nous sommes Motörhead a tendance à forcer l’admiration pour Lemmy, chanteur/bassiste emblématique, mais la diversité stylistique représente un vrai tour de force.
Les éditions Petit à Petit font figure de précurseurs en matière de biographie BD, que ce soit pour la chanson ou le rock. Le recueil Beatles était plutôt bien fait, faisant suite à des albums sur Elvis, Bob Marley ou Michael Jackson.
Le gros pavé Nirvana, mené par Gaet’s, s’appuie comme toujours sur des éléments biographiques solides, respectant minutieusement la chronologie : adolescence du futur leader Kurt Kobain, premiers groupes, rencontres avec les deux autres musiciens, les trois albums dans l’ordre, Courtney Love, jusqu’au suicide largement traité par les médias en 1994.
Chaque chapitre bénéficie d’une introduction et s’intercale entre les épisodes des citations de Kobain et quelques anecdotes marquantes. Seul le choix de dessinateurs plutôt modernes tendance humoristique (plutôt dans le trait caricatural) fera tiquer certains.
Quant à Hervé Bourhis, auréolé d’un succès flatteur (un premier tirage de 12.000 exemplaires épuisé en quatre mois, d’après l’éditeur), il revient avec un complément couvrant les deux dernières années : nouveaux coups de cœur, nouvelles listes jubilatoirement hétéroclites, et des bonus graphiques et textuels qui font le sel d’un tel ouvrage. La modestie de l’auteur en souffrira peut-être, lui qui en préambule se refuse "toute légitimité pour écrire ce livre", mais le petit livre Rock est désormais une référence.
Et pour ceux qui doutent encore de l’interaction entre Rock et BD, rappelons l’excellent recueil de Christian Marmonnier, Comics vinyls, suivi récemment par Disques et bandes dessinées de Manuel Decker.
(par David TAUGIS)
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lire une interview de Stéphane Oiry, un des auteurs de Nous sommes Motörhead
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