Moynot a repris le cycle d’adaptations de romans de Léo Malet depuis La nuit de Saint-Germain des Prés en 2004. Avec ce nouvel album, il confirme son aisance à épouser le style de Tardi, surtout pour le personnage de Burma, fidèlement dessiné.
L’intrigue, comme toujours, repose sur une enquête complexe, à rebondissements. En janvier 1954, Nestor Burma marque à la culotte un de ses clients, le Limougeaud Lheureux, à Paris pour faire la vie, comme on dit là-bas. La femme du fêtard ronge son frein...
Forcément, l’espérance de vie de notre provincial noctambule sera bien faible, et d’autres morts subites vont émailler l’intrigue.
Burma lui-même se retrouve menacé, et en parallèle, il rencontre une modèle captivante, Geneviève... qui demande sa protection.
Moynot ne parvient pas à dépeindre avec autant de force que Tardi les bâtiments haussmanniens et les toitures humides du Paris d’après-guerre. Mais quand il crée un personnage de femme, il se passe toujours quelque chose. Éclatante, fatale, fragile, machiavélique, Geneviève brille de nuances dans ce Burma-là. Comme toujours chez le dessinateur fidèle de Dieter, les demoiselles sont belles sans être parfaites, changeantes, mystérieuses, vaporeuses...
À côté de ce supplément d’émotion de lecture, les basiques sont là : dialogues criblés d’argot certifié Paris-canaille, échanges aigre-doux entre Burma et le commissaire Faroux, espiègleries de la secrétaire Hélène, sans oublier les gaffes et les filatures pépères de Zavatter.
Tout un petit monde qui revit si bien en bande dessinée.
(par David TAUGIS)
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