La BD est entrée dans les musées, nul ne l’ignore plus désormais. Par ailleurs, les musées de la BD entrent de plus en plus dans nos bibliothèques. Après l’imposant L’Art de la bande dessinée chez Mazenot qui avait été fait avec le Musée de la Bande Dessinée d’Angoulême, voici le domaine américain qui s’ouvre avec Les Trésors de Marvel aux éditions Hors Collection, le même éditeur à qui l’on doit une autre perle patrimoniale sortie ces jours-ci L’Intégrale Uderzo.
La démarche est ici très différente des deux premières. Alors que L’Art de la bande dessinée s’inscrit dans une collection destinée à valoriser les chefs d’œuvre de tous les temps, la fameuse collection Mazenod, et tandis que la seconde donnait à nous faire découvrir les prémices inconnus du génie du dessin qui allait enfanter Astérix, Les Trésors de Marvel s’enrobe de tous les attributs du Companion Book pour Fan Boy pour nous livrer en revanche une histoire pointue et intelligente du comic book qui en arrive même à nous laisser sur notre faim.
Ses auteurs, d’abord, ne débarquent pas de n’importe où : Roy Thomas est devenu en 1965 l’assistant de Stan Lee avant de devenir l’un des principaux éditeurs de la maison et le gardien de l’univers Marvel. Peter Sanderson est un professeur de lettre à l’université et a pu donner au premier la distance nécessaire à une bonne relation historique du phénomène Marvel.
Car c’est un phénomène. Créée en 1939 -l’année du Magicien d’Oz soulignent avec malice les auteurs, la "Maison des idées" sera à l’origine de quelques-unes des bandes dessinées les plus célèbres du 20e Siècle : The Human Torch, Namor, Captain America, The Fantastic Four, Spider-Man, Daredevil, Hulk, Thor, The Avengers... L’impulsion de Martin Goodman a été décisive . Cet homme venu de l’industrie des "Pulps", ces romans à cinq sous vendus 10 cents, les "dime novels", en a appliqué les codes et les registres à la bande dessinée : en particulier un certain sensationnalisme qui ne laissa pas d’inquiéter les éducateurs.
Le parcours de Marvel des origines à nos jours où les super-héros dominent de la tête et de leurs (larges) épaules le cinéma d’Hollywood est parfaitement fascinant et très bien synthétisé par les deux auteurs qui en dégagent les lignes de force avec brio.
En supplément, chaque chapitre est agrémenté d’objets en fac-simile qui réifient ce voyage dans le passé : les premiers croquis de Bill Everett pour Namor et The Human Torch, le synopsis du Fantastic Four N°1, la carte de membre de la Merry Marvel Marching Society, le programme de la première convention Marvel de 1975, ou encore une action de la Marvel Entertainment de 1993.
Excelsior !, comme dirait Stan Lee.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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