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Les enfants perdus de Daniel Pecqueur

Par Charles-Louis Detournay le 15 janvier 2012                      Lien  
Double actualité pour le scénariste Daniel Pecqueur, avec la fin mouvementée d'un cycle de {Golden City} et le lancement attendu de sa nouvelle série {Yiya}.
Exploration.

On se souvient en premier lieu de Daniel Pecqueur pour le scénario innovant de Thomas Noland dessiné par le regretté Franz dans les années 1980, puis pour sa poétique Marée basse qui permit à Gibrat de déployer tout son talent avant Le Sursis. Mais depuis les années 2000, Pecqueur se distingue principalement grâce à des scénarios d’anticipation : sa collaboration remarquée à Tao Bang et à Angela avec Vatine, mais surtout grâce à Golden City suivi de Golden Cup, puis de Arctica. Il poursuit dans cette veine avec deux sorties conjointes publiées voici quelques semaines : la conclusion d’un cycle de Golden City et une série nouvelle :Yiya.

Les enfants perdus de Daniel Pecqueur
Une fin de cycle marquée par la surprenant absence de Banks !

Une fin de cycle très dynamique

Après une intrigue intense répartie sur les six premiers tomes, le tome 7 de Golden City avait quelque peu surpris : cette introduction qui donnait un peu l’impression de traîner en longueur laissait le lecteur circonspect, mais la ferveur revint lorsque les auteurs prirent la décision de couler la mythique ville d’or dans le tome 8. Pour rappeler ces différents développements, afin de faire profiter au lecteur les différents éléments des précédents tomes, Pecqueur a subtilement placé dans le tome 9 des flashbacks qui dynamisent le récit avec des éclairages inédits : « J’ai utilisé ces feedbacks principalement pour deux raisons, nous explique le scénariste : Afin d’abord d’y placer des éléments qui n’auraient pas pu être mis en place dans les albums suivants mais que je voulais traiter quand même, comme le chapitre sur la mère de Banks, mais aussi de manière à éviter au lecteur de tout relire avant qu’il n’aborde la nouveauté. »

Seconde grande contribution à la dynamique du récit : des intrigues en parallèles savamment menées qui permettent de disperser l’action sur plusieurs groupes de protagonistes. On virevolte de l’un à l’autre sans s’ennuyer, ce qui contribue grandement à la réussite de ce volume. Le lecteur fidèle appréciera cette conclusion en apothéose. « J’ai effectivement travaillé sur deux intrigues en parallèle, raconte le scénariste. Je dois aussi avouer que les orphelins ont pris au fur et à mesure une place que je n’imaginais pas au départ. Ils se sont progressivement imposés dans la série. Dans ce tome 9, on voit d’ailleurs peu (ou pas du tout) Harrison Banks, de manière laisser de la place à Mifa et aux orphelins de façon ce qui le lecteur puisse se glisser dans leur peau, tout en restant concerné par le mystère de la disparition de Banks. »

Les flashbacks dynamisent le récit tout en permettant au lecteur de se de raccrocher facilement à l’intrigue

Plus de ville Golden City, plus de Banks !

Dans cet album truffé de surprises, on s’étonne effectivement ne pas retrouver le héros blond. Cette disparition intrigue car le tire de l’album met précisément Banks en avant, prémisse du futur tournant de la série. Se posent d’autres questions, comme celle de savoir si on peut encore appeler la série Golden City, puisque celle-ci, détruite, gît désormais dans les profondeurs de l’océan... « Nous devions garder ce titre, répond Pecqueur, Car la ville est le point central de la rencontre des différents intervenants. Puis, sans vouloir vous casser l’effet de surprise, le lecteur comprendra dans le tome 10 pourquoi le titre demeure. Ainsi, si les tomes 7, 8 et 9 forme un cycle, le tome 10 aborde quelque chose de véritablement innovant pour la série. J’ai justement voulu couler Golden City pour éviter de tourner en rond. Maintenant, on peut vraiment repartir pour l’aventure ! »

Dans cette belle symphonie, on retrouve tout de même un élément discordant : Les trois orphelins traversent une épreuve intense dans la dernière séquence, mais elle n’a aucun lien avec les propos précédents. Elle laisse une touche finale plus morne et avec l’impression qu’il manquait huit pages pour finir l’album. « Cette dernière action symbolise pour moi le passage de l’adolescence à l’âge adulte, plaide le scénariste qui connaît son affaire. Ils ne pouvaient perpétuellement se comporter comme des enfants, comme s’ils n’avaient jamais été souillés par les conflits sociaux précédents. Cette fin de l’insouciance passe par l’amour : Mifa pouvait en choisir un des deux, mais j’ai préféré ne pas les séparer, c’est un couple à trois. Sans pour autant sombrer dans la vulgarité, j’ai voulu insinuer que quelque chose se passait entre eux. Mais cette fin de l’insouciance est également caractérisé par le fait qu’ils ont maintenant du sang sur les mains, même s’il s’agit de celui d’assassins. »

Un passage vers l’âge adulte, avec douleurs... et douceurs !

Il faut avouer que les allusions des dernières pages sont effectivement surprenantes. Golden City semble maintenant reparti sur de nouveaux rails. On s’attend à un rythme de parution plus rapide que celui auquel nous étions habitués (18 mois). C’est pourtant l’inverse qui va se passer : « Les albums paraîtront maintenant tous les deux ans, car Malfin a signé un triptyque chez Aire Libre. Mais Yiya aura sa sortie annuelle. On retrouvera également en fin 2012 le prochain tome d’Arctica, car j’avais des choses à révéler, ainsi que le dernier tome de Golden Cup. Concernant Tao Bang, Didier Cassegrain et moi-même sommes toujours désireux d’attaquer le tome 3, mais comme Olivier Vatine considère qu’on a mis un point final à la série, nous devrions en rester là. »

La nouvelle série mélange les genres pour stimuler l’intérêt du lecteur

Yiya, une surprise dans l’univers Pecqueur

Cette énumération de sorties permet de faire le lien avec Yiya. L’action se déroule en 2020, dans le nord de la Russie. Un jour de tempête, le marin Rogo disparaît en pleine mer alors qu’il recherchait un mystérieux trésor. Inconsolable, Yiya, sa fille adoptive, plonge à son tour pour tenter de retrouver la dépouille de ce père qu’elle aime éperdument. C’est ainsi qu’elle découvre un étrange sanctuaire englouti...

« Yiya, c’est le mélange du ying et du yang, tente de nous expliquer Pecqueur. Ce tome 1, en effet, introduit tellement la série qu’il n’est pas évident de comprendre où il nous mène en dépit de l’attrait évident qu’il exerce. « Vous comprendrez mieux en lisant le tome 2 qui reviendra sur le mystère de ses origines, comment elle s’est retrouvé dans la rue, transie de froid, et ce qui s’est passé auparavant. C’est vrai que le personnage de l’orphelin s’impose à moi tout comme celui du héros, peut-être parce que j’ai toujours voulu en adopter un, mais cela n’a jamais été possible. D’un point-de-vue plus scénaristique, c’est aussi plus prenant de travailler sur ce mystère qui les entoure. »

On retrouve de l’action, et à nouveau un graphisme très soigné

Les amateurs des scénarios de Daniel Pecqueur ne seront pas déçus d’y retrouver les point forts de son univers : Des intrigues passionnantes aux personnages attachants, souvent confrontés à un océan aussi oppressant que ses mystères : « La mer prend effectivement beaucoup de place dans mes récits, explique le scénariste. « Tout d’abord, car je l’aime beaucoup car elle reste un élément assez peu exploré au regard de la terre. Le mystère y reste présent, en particulier dans les profondeurs abyssales où j’aime entrainer le lecteur. Pour autant, Yiya sera plus un mélange des genres, brossant un ou plusieurs créneaux par album (histoire, fantastique, le thème du futur, etc). J’ai bâti l’intrigue dans le premier, puis on va suivre l’héroïne a travers les portes qui vont l’emporter dans l’espace-temps à la recherche de ce trésor également mystérieux. Je ne veux pas trop en dire, car le doute doit être de mise. Je sais néanmoins où je vais, même si j’aime explorer complètement différentes pistes avant d’en choisir une, définitive. »

Ces deux albums sont donc d’excellentes nouveautés : le cycle de Golden City se conclut admirablement et les balises lancées pour Yiya devraient nous permettre de profiter d’une nouvelle intrigue qui s’annonce riche de la part d’un scénariste aussi sensible qu’insondable.

Le climat paradisiaque de Golden City cède à nouveau la place aux rigueurs polaires !

(par Charles-Louis Detournay)

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Lire nos précédentes chroniques de Golden City : tomes 6, 7 et 8.

 
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