C’est un jeu sur le différent et le semblable. Le semblable est cet être de face, féminin le plus souvent ; la différence, c’est ce corps qui se distingue par la couleur de peau naturelle, puis « customisé » par toutes les variations qu’on lui fait subir : chevelures, tatouages, illustrations, scarifications, piercing, accessoires… Autant de marques d’indépendance ou d’allégeance sur ce qui nous est donné, pour en faire un objet et non plus un être. Un corps devenu un véhicule d’expression comme un mur de jungle urbaine.
L’être humain « faite à l’image de Dieu », à en croire certains, se trouve ainsi détourné, modifié, magnifié, gamifié, frankensteinisé, golémisé en résumé. Il devient créature par l’usage de son propre corps puis marchandise, marque déposée, droit d’auteur,... asservi aux tendances de la mode, de l’argent, aux idéologies…
C’est cela que le dessin de Beb Deum exprime, sur les scansions éclairantes d’Alain Damasio dans une mise en page originale. Il sidère, séduit, hypnotise, joue en permanence avec notre faculté d’identification, d’empathie, et perd notre esprit dans une projection toute moderne, humaine quoiqu’aliénante et inquiétante. Une expérience.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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