Cauvin, créateur de la série avec Louis Salvérius décédé en 1972, a vendu ses droits à l’éditeur Dupuis, pour une série écoulée à plus de 21,5 millions d’albums dans le monde et traduite en 15 langues. C’est un grand moment de solitude pour son dessinateur, ce départ d’un Cauvin légitimement fatigué ?
Déprimé, Lambil rejoignait ainsi l’esprit de son alter-ego de papier : le Pauvre Lampil, le plus neurasthénique des personnages de BD. Une création du duo, hilarante, totalement novatrice en son temps avec ses mises en abîme, son autofiction et l’effet miroir.
Un personnage pas si éloigné, semble-t-il, du Lambil réel quand on lit les propos sans détour de l’auteur dans la monographie que Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault lui ont consacrés, même si le concerné prend ses distances avec cette série.
Toutefois, en attendant que le vaillant dessinateur retrouve ses marques pour cet album 64 qui avait pris un gros retard et, face à un avenir incertain pour la série : un album de transition, le 65, avait été proposé par les Éditions Dupuis pour garder le rythme d’une nouveauté par an, aventure signée par les BeKa et Jose-luis Munuera.
Simple transition ou reprise effective ? Le doute planait, sans trop de nouvelles des intervenants en place.
Mais voilà que Lambil revenu à lui-même et a terminé de dessiner l’album 64, avec sortie prévue en 2021.... Pour aussitôt se lancer dans la réalisation de l’épisode 66 ! Quelle santé, à 84 ans : "Dans le temps, quand Paul Deliège (Bobo, Les Krostons) me téléphonait, il me disait toujours : “- Pourquoi tu continues, tu n’as pas gagné assez ?” Je lui répondais : “ - Et toi ?" Il ne me comprenait pas : “ - Moi ? Mais j’ai arrêté.” “ - Oui, pourquoi tu continues à t’emmerder.” On rigolait. Ma retraite, à quoi passerais-je le temps ?" explique le dessinateur au journal L’Avenir
Lambil n’a-t-il pas dit que tant qu’il est vivant et qu’il peut dessiner, il ne veut pas être remplacé, qu’il veut mourir en travaillant sur une page ?
Sûr que si Lampil est un grand personnage de BD, Lambil est un personnage, tout court, mais tout aussi grand. Surtout, quel talent. Il faut lui dire et répéter, il ne le sait pas, doute et ce malgré le succès colossal et une multitude de planches sublimes. Il est pire que son alter-ego de fiction, en fait : un cas !
Cet épisode 66, intitulé Irish Melody, on s’en doute :"Cela parlera des Irlandais de la Guerre de Sécession. Il y en avait chez les Nordistes comme chez les Sudistes. Ce sera une histoire de famille avec un personnage qui prétend être le cousin de Chesterfield. Il y aura aussi des batailles, du steeple et un bateau sur lequel je dois caser des chevaux, des canons. Ça s’annonce compliqué. Il y aura de l’aventure, plus mouvementée que les derniers albums." prévient l’auteur.
Le nom du nouveau scénariste n’est pas encore dévoilé, même si, d’après Raoul Cauvin, qui sur son site, prend plaisir à se faire mystérieux, ce serait un Français. Cauvin qui affirme également par ailleurs avoir apprécié l’album des Beka et Munuera.
Un seul scénariste, donc pas le duo Beka, qui pourtant ont affirmé avoir quelques projets de scénarios prêts pour le futur. Un futur à compter aussi avec le concours de José-Luis Munuera aux dessins ? Et de quelle manière ? Un album alterné chaque année entre Lambil et Munuera ? Deux albums par an ?
Autant de questions qui restent en suspens, mais la plus piquante reste de trouver le nom du fameux scénariste élu. Alors qui ? Avez-vous une idée ? Les paris sont ouverts.
Quoi qu’il arrive, avec le retour de Lambil, les fans de longue date sont pour le moment rassurés.
(par Pascal AGGABI)
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