Spider-Man a rarement des amis dans la police de New-York… encore moins des têtes d’affiche qui le soutiennent publiquement ! La jeune capitaine de police Jean DeWolff est de ceux-là : appréciant l’homme-araignée pour son action au service de la ville, elle a souvent arrondi les angles pour que le super-héros ne soit pas trop bousculé par ses collègues.
Nous sommes à la charnière des années 1985 et 1986, le talentueux scénariste Peter David décide alors de plonger notre héros dans un profond désarroi : Jean DeWolff est retrouvée morte à son domicile, froidement abattue d’un coup de fusil. Qui est le meurtrier ? Quel est son mobile ? La police n’en a aucune idée et les indices ne se bousculent pas…
Spider-Man va rapidement apprendre la mort de son amie et se lancer dans la traque de son meurtrier. Pour se faire, il va entrer en contact avec le sergent Stan Carter, un vétéran du S.H.I.E.L.D, en charge de cette affaire. L’enquête des deux hommes va plonger le lecteur dans un thriller très noir, où la geste super-héroïque n’a pas sa place. En effet, Peter David propose ici une intrigue à l’ambiance pesante et aux préoccupations sociales qui le sont tout autant. Une cagoule et un fusil suffisent au Rédempteur, le meurtrier de Jean, pour semer la mort et habiller ses crimes, parfois aveugles, d’un discours d’inspiration religieuse.
Impliqué personnellement par le parcours macabre du meurtrier, Spider-Man voit sa fureur grimper très haut à mesure qu’il prend conscience que le criminel ne répond pas à des schémas communs. Il n’est d’ailleurs pas le seul à être personnellement impliqué : Daredevil a vu le Rédempteur abattre de sang froid un juge qui était l’ancien professeur de Matt Murdock (son alter égo civil). Même si les deux super-héros ont le même objectif, le sang bouillonnant de l’homme-araignée et l’apparente froideur de l’homme-sans-peur risquent de faire des étincelles...
Peter David maintient avec brio l’intérêt de son intrigue (le retournement de situation derrière l’identité du Rédempteur vaut le détour) et soigne l’écriture de ses personnages, très tourmentés. Une histoire classique de Spider-Man qui maintient l’attention.
La seconde histoire se déroule quelques temps plus tard : en 1988, Peter David signe le retour du Rédempteur à la plus grande fureur de Spider-Man. Si, à priori, cet épisode semble moins relevé ou moins marquant que le premier, ce serait faire peu de cas de la science du scénariste. En effet, elle permet de poser un épilogue sur la Saga du Rédempteur, ce qui donne l’occasion à Peter David de conclure avec justesse les développements personnels du Rédempteur et de Spider-Man. À nouveau, fureur et responsabilité pèsent bien lourd sur les épaules de notre héros...
Porté par les très belles planches des dessinateurs Rich Buckler pour la première intrigue et Sal Buscema pour la seconde, Spider-Man : La Saga du Rédempteur s’inscrit bien dans la veine des récits sombres qui ont marqué l’histoire des Comics dans les années 1980. Peter David met en scène des personnages tourmentés qui ne manqueront pas d’interpeller les lecteurs et leur rapport à la violence, voire à la notion de justice.
(par Romuald LEFEBVRE)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Spider-Man : La Saga du Rédempteur. Par Peter David (scénario), Rich Buckler et Sal Buscema (dessins). Traduction de Sophie Watine-Vievard. Panini Comics. Sortie le 2 mars 2022. 176 pages. 6,99 Euros.
![Serge Monfort : « En lisant, l'enfant devient le chien, comme il deviendrait chevalier dans une BD médiévale ! » [INTERVIEW]](local/cache-gd2/07/a53eabf15a5df16adbd03466676855.jpg?1713070409)
