Créée entre 1929 et 1976, la série Tintin d’Hergé continue d’attirer la vindicte des antiracistes de tout poil.
Cette fois, apprend-on par le quotidien suédois Dagens Nyheter du 25 septembre 2012, c’est la bibliothèque pour la jeunesse de Stockholm, Kulturhuset, qui, selon son porte-parole Behrang Miri, avait décidé d’écarter la collection Tintin de ses rayonnages parce que les populations étrangères, en particulier les Africains, y sont représentés de façon négative : "L’image que rend les ouvrages de Tintin est, par exemple, afrophobe, nous explique le docte porte-parole de la bibliothèque. Les Africains y sont montrés comme des gens stupides, les Arabes sur des tapis volants [sic] et les Turcs fumant du narguilé [re-sic]." Et de paraphraser sur la "vision coloniale" de la série, et notamment le fait que les enfants absorbent ces stéréotypes sans regard critique.
La bibliothèque était d’ailleurs en train d’investiguer dans son fond pour en retirer toutes les autres représentations dénigrantes, notamment homophobes...
Sacré boulot : Robinson Crusoé, Autant en emporte le vent, les œuvres de Voltaire, de Jules Verne, de Karl May, de Balzac, et même la Bible, sont susceptibles d’être mis sur le même billot. Bon nombre de films pourraient suivre le même chemin.
La bibliothèque annonçait mener bientôt le même travail sur la section adulte de ses collections pour que les immigrés, très nombreux dans le quartier de la bibliothèque, puissent y trouver une collection qui donne un juste reflet de leurs origines et de leur culture. On imagine d’ici la fine brochette de bibliothécaires qui allait juger du racisme, de la xénophobie ou de l’homophobie de telle ou telle publication...
Mais cette annonce provoqua de si vives réactions de la part des autorités culturelles de la ville et de la presse suédoise que, dès le lendemain, le patron de la bibliothèque, Eric Sjöström, et son directeur artistique Behrang Miri, durent manger leur chapeau : "Je voulais juste attirer l’attention des médias contre le caractère discriminatoires de ces publications mais je me rends compte que ce n’est pas une bonne chose d’interdire des livres..." explique, apparemment embarrassé et penaud, le porte-parole de la bibliothèque.
Le président de l’association des auteurs de bande dessinée suédois, Fredrik Strömberg, auteur d’un ouvrage de référence sur la représentation des noirs dans la bande dessinée paru en français, Images noires dans la bande dessinée (Editions PLG), a été un des premiers à monter au créneau contre cette mesure stupide. Il considère que cacher les images négatives aux enfants serait "une erreur", qu’il faut au contraire en accompagner la lecture pour en dénoncer les poncifs.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion