Pour Noiriel, ce qui fait nation sont les impôts et la police. Dans sa vision de la société française, les guerres jouent un rôle majeur, mais sans jamais s’attarder sur les dirigeants. Car tout l’intérêt de sa vision réside dans sa focalisation sur le peuple, celui qui n’a ni pouvoir, ni argent, ni instruction. Évidemment, cette pensée solidement ancrée à gauche porte un message militant, mais elle a le grand mérite de mettre en lumière des faits et des communautés oubliés.
À ce titre, le travail de Noiriel se rapproche de L’Histoire populaire des États-Unis d’Howard Zinn qui évoque notamment les Amérindiens, les esclaves et les femmes - paru en 1980.
Cette histoire populaire n’est pas une lecture facile. Le texte est dense, les chapitres fourmillants de faits et de données chiffrées. Mais c’est le prix du sérieux de l’entreprise, tout autant que celui du débat possible.
On peut tout de même regretter, sur le plan formel, ces retours dans le présent où Noiriel apparaît comme une star en représentation [1] de même qu’un dessin souvent basique. Mais le contenu est là, précis, accessible, qui en outre se dispense de notes et de bibliographie, gage de fluidité de la narration.
Le seconde volume abordera les guerres mondiales, la décolonisation, la radicalisation des droites... Un pont essentiel vers les débats contemporains de plus en plus viciés par les extrêmes.
(par David TAUGIS)
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[1] Il a créé des "conférences gesticulées" pour mettre son savoir à portée de tous.