Tout commence par une grande histoire d’amour. Contrariée, douloureuse presque. Gustave Eiffel, dès l’enfance, éprouve des sentiments profonds envers sa cousine Alice. La vie les séparera plusieurs fois, mais au moment de construire la fameuse tour, c’est bien à elle qu’il pense, sa forme évasée évoquant discrètement un A majuscule. Entre temps, l’ingénieur Eiffel aura parfait sa formation, construisant des ponts dans plusieurs pays, et s’inspirant également du magnétisme, discipline peu orthodoxe...
Voilà une biographie assez sage dans le fond, avec ses épisodes-clés, partant depuis l’enfance pour arriver à ses derniers jours, avec la première émission de radio émettant de la Tour Eiffel. Pour la forme, les auteurs expriment une liberté souvent séduisante : couleurs douces, traits fins, et décors parfois effacés pour mettre en valeur des attitudes ou des échanges particuliers. Avec quelques doubles pages intercalées, tout en délicatesse.
La vie de Gustave Eiffel, hanté par une mère directive et bornée, est aussi intéressante par son intégration dans le tourment du XIXe siècle. D’origine allemande, le bâtisseur aura souffert toute sa vie de xénophobie, et de campagnes de presse abjectes. Mais lui-même apparaît également comme obsédé par son travail et sa réussite, négligeant ses proches. Le scénario revendique certaines libertés avec le réel dans le récit, mettant peut-être un peu plus en avant l’égocentrisme d’Eiffel. Mais ce fil romantique apporte une énergie unique au récit, un "tourne-pages" plus qu’efficace.
(par David TAUGIS)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.