Curieuse plante qui a la terrible faculté de faire passer de vie à trépas celui qui l’arrache du sol, par la seule puissance de son cri de douleur. De Merlin, ne subsiste donc plus qu’un fantôme ; personnage truculent, provocateur, cynique mais que sa fille s’évertue à ramener chez les vivants.
Dans le précédent épisode, elle a déjà eu l’occasion de vivre d’étranges aventures en compagnie de Lancelot du Lac, la fée Viviane et quelques autres personnages emblématiques de la mythologie de la forêt de Brocéliande. Dans ce second tome, elle poursuit sa quête en recherchant un remède pour ramener Merlin à la vie... terrestre.
Sur les conseils de la fée Viviane et aidée de Lancelot, elle part donc à la recherche d’un moyen de repousser l’Ankou, ouvrier de la Mort chargé s’emparer de l’âme du druide. Ce remède n’est autre qu’un mystérieux champignon appelé Trompe le Mort ! Monstres et personnages fantastiques vont accompagner la jeune fille et le chevalier au cours d’un périple riche en surprises et rebondissements où l’on croise autant de dragons que d’êtres fabuleux au cœur d’un univers de légende, les Monts d’Arrée.
Magnifiquement réalisés, techniquement parfaits, ces albums sont autant un régal pour l’œil que pour l’esprit. En proposant un récit ayant pour cadre le mythe de Brocéliande, Séverine Gauthier et Thomas Labourot n’ont, à l’évidence pas choisi la facilité. Bien loin des Super-héros en collants fluos ou d’un fantastique aseptisé, l’univers de leur série et les références culturelles sur lesquelles cette histoire pourrait très vite sombrer dans l’ennui. Si on y retrouve les principaux éléments de la mythologie arthurienne : la magie, le fantastique, etc., une bonne dose d’humour, parfois cynique qui fait souvent mouche et qui permet donc de s’attacher à ce récit truculent.
Le charme des décors et la personnalité de personnages bien typés rendent la lecture attrayante. Il faut ajouter que le dessin de Thomas Labourot ajoute encore un peu plus de poésie au cadre enchanteur et bucolique des aventures de la jeune Aliéanor. La qualité des couleurs et le traitement particulièrement soigné des décors permettent d’entrer facilement dans un univers fortement inscrit dans un registre culturel et patrimonial singulier.
La référence à un auteur comme Xavier Grall [1], en fin d’album, joue un peu le rôle de caution culturelle. L’album n’en vise pas moins le divertissement et l’humour, comme l’atteste la présence d’une séquence magazine de quatre à six pages intitulée L’Écho de Brocéliande. Ce complément placé après la bande dessinée vient prolonger avec pertinence et humour différents points de l’histoire. Jeux, devinettes, vrais-faux documents, tests ou quizz permettent aux jeunes lecteurs éloignés des références culturelles de la saga d’emprunter un autre chemin pour rejoindre l’univers onirique et foisonnant d’Aliénor Mandragore.
La quête de l’héroïne semble, pour l’instant, loin d’être terminée ! À suivre !
(par Patrice Gentilhomme)
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