Depuis plusieurs mois, Charlie Hebdo publie ces calembours-valises, variations humoristiques que Luz égrène chaque semaine comme le chanoine de Saint Jean de Latran son chapelet. Pourquoi la Burqa ? « Parce que c’est encore une actualité qui va nous envahir malgré nous, comme Sarkozy ou comme lorsque Ségolène va être candidate… Ca nous tombe dessus alors que tout a été fait sur eux, tout ! De même, tout a été fait sur la burqa. C’est comme un calembour usé jusqu’à la corde. L’idée vient de là : Burqa…lembours ! C’ était une façon, une nécessité même, de dépasser le sujet, parce que le débat sur la burqa est, en soi, un piège. », nous dit Luz, rencontré à au Festival BD à Bastia le week-end dernier.
Cela donne une variation de jeux de mots improbables autour du voile intégral afghan, des calembours vaseux parfois même pas dignes de l’Almanach Vermot : Burqapitonné, Burqharrypotter, Burqastérix, Burqa’s-toi, pov’ con,… On sourit souvent. Parfois, on se dit : « C’est con ! » ou « Oh, il a osé ça ! ».
On pense aussi aux Chats de Siné : « Clairement, c’est un hommage d’une certaine manière. J’aurais préféré que ce soit lui qui le fasse. Mais c’est arrivé au moment où il est parti de Charlie… »
« Comme la croix gammée... »
Est-ce que nous ne sommes pas ici dans un anti-islamisme primaire ? « Non, objecte Luz. La burqa à considérer comme une tenue, une toilette, C’est plutôt une attitude moderne que de la réinventer, en mini-jupe, par exemple. Je ne suis pas contre la burqa, comme je ne suis pas contre le voile. Mais on se dirige vers la logique de leur interdiction plutôt que d’essayer de comprendre. Les nanas qui sont sous la burqa, soit en souffrent, soit la portent dans un acte politique. Si on est dans un acte politique, on ne doit pas chercher pas la répression. »
Luz ne pense pas que le ridicule tue. Il pense en revanche que l’humour, « ça soulage ». « Graphiquement, la burqa, c’est déjà intéressant, analyse-t-il. Si on reste en permanence sur le terrain sérieux, politique, même quand on va dénoncer quelque chose, finalement on n’invente plus rien avec quelque chose d’aussi graphique que la burqa. C’est comme la croix gammée : comment déconstruire le symbole si on en fait uniquement quelque chose de sérieux ? Il faut sortir de la gravité qu’on nous impose, que ce soient les islamistes qui l’imposent aux nanas et à la République, ou certains qui instrumentalisent la burqa pour nous imposer leurs peurs.
Cela me rappelle le débat du voile à l’école qui ne faisait pas l’unanimité à Charlie. Si la gamine se le fait imposer par ses parents ou si elle a envie d’être conne, ce n’est pas grave. La confrontation se fait aussi face au regard des autres gens. En réprouvant le voile, on en a fait des punks. Le voile a focalisé leur crise d’adolescence. Ces phénomènes sont d’ailleurs les symptomes d’une crise d’adolescence de la société et il faut les traiter comme telle.
Il ne faut pas fabriquer des interdits, il faut expliquer et se sentir forts. Nous sommes une société avec ses avantages et ses défauts. Cela ne m’empêche pas de ridiculiser les curés, les rabbins et les mollahs dans mes dessins. Dans les pays musulmans, il existe des blagues sur les burqas, là aussi, parce que c’est quand même un truc très différent de la pratique de la majorité des gens. »
L’avantage de la Burqa, il est vrai, c’est qu’on pourra lire ce livre en dessous, en toute discrétion. Une autre façon de rire sous cape….
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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