Elle avait gagné, enfant, tous les concours scolaires du Festival d’Angoulême avant de faire un parcours qui la mena à une nomination au Grand Prix juste avant ses quarante ans, nomination qui, en général, annonce l’accessit suprême. C’est un parcours au pas de course que fait Catherine Meurisse, première autrice de bande dessinée -et premier auteur tout court- à entrer à l’Académie des Beaux-Arts, section peinture. Pour l’année de la BD 2020, elle est, avec Florence Cestac, la marraine de la manifestation. Normal que 2020 soit son année. Elle expose à la Bpi à la suite de Reiser, de Willem, de Claire Bretécher et de Riad Sattouf, des auteurs qui tous, ont commenté l’actualité.
C’est qu’elle illustre parfaitement son époque : elle accompagne la juste reconnaissance des créatrices de bande dessinée, un secteur où Claire Bretécher et Florence Cestac sont longtemps restées seules à prendre la lumière. En quelques albums : Mes Hommes de lettres (2008), Savoir-vivre ou mourir (2010), Le Pont des arts (2012), Moderne Olympia (2014), La Légèreté (2016), Les Grands Espaces (2018) et enfin Delacroix (2019), elle creuse son sillon de façon originale et personnelle.
Son travail pour la presse, où elle signe Catherine, complémente harmonieusement ces publications. On la lit dans L’Obs, Libération, Marianne, Psychologies magazine ou la Revue XXI, mais surtout dans Charlie Hebdo où elle côtoie pendant dix ans la bande à Cabu, Cavanna, Wolinski et Charb. L’assassinat de janvier 2015 la marquera définitivement. La semaine dernière encore, alors que la presse était invitée à son expo, elle s’est faite porter pâle parce que, justement à ce moment-là, un imbécile attaquait à coup de hachoir des passants qui avaient eu le malheur de traîner à proximité des anciens locaux de Charlie Hebdo.
L’art est l’aboutissement de cette exposition qui retrace sa carrière, de ses premiers dessins d’enfant à ses peintures, en passant par bandes dessinées et notamment ses influences : Quentin Blake, Bretécher, Sempé, Gotlib, Tomi Ungerer, Beuville… Ces dernières années, Catherine a abandonné le dessin d’actualité pour se consacrer à des valeurs plus intemporelles. Désormais, l’actualité, c’est elle.
Un reportage de Didier Pasamonik et Cédric Munsch.
Voir en ligne : L’exposition est accompagnée d’un programme d’activité que l’on peut retrouver sur le site de l’événement
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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EXPOSITION
Catherine Meurisse – La Vie en dessins
30 septembre 2020 –25 janvier 2021
Bibliothèque publique d’information
Centre Pompidou
Niveau 2 (entrée par l’arrière du bâtiment)
75197 Paris Cedex 04
En médaillon : Photo Chloé Vollmer - Ed. Dargaud