« Est-ce le bon choix pour la pérennité de cette institution désormais trentenaire ? » concluions-nous notre article empreint de scepticisme sur la nomination, en octobre dernier, d’Isabelle Debekker, la nouvelle directrice du Centre Belge de la bande dessinée.
Nous pointions notamment les conflits d’intérêt possibles entre cette institution et ses fournisseurs, notamment son prestataire événementiel appartenant à la famille de la nouvelle directrice élue. Pour forcer le trait, il est reproché au Conseil d’Administration du Centre d’avoir donné les clés de la maison à son traiteur, ce qui est un peu curieux pour une institution culturelle de cette ampleur.
Ce qui frappait en outre, c’est que cette personne recrutée par l’ancien directeur du Centre, Jean Auquier -qui s’est aussitôt félicité de cette nomination- était précédemment sa secrétaire générale et donc qu’elle a répondu à un appel d’offre qu’elle a probablement elle-même conçu. Dans notre forum, un des membres de ce Conseil d’Administration, M. François Maingoval, affirmait que « le CA veillera à ce qu’il n’y ait pas de conflit d’intérêt entre les différentes parties… » Comment pourra-t-il valider les décisions d’une directrice dont la sœur gère le restaurant sous convention avec le Centre ? Sera-t-elle totalement neutre lorsqu’il faudra renouveler le marché de cette concession ? Le doute est permis.
Quel projet artistique ?
Plus généralement, des auteurs comme François Schuiten montent au créneau sur la question de sa légitimité artistique et sur la stratégie de cette nouvelle directrice -un projet dont on ignore tout- alors que des offres culturelles concurrentielles s’apprêtent à arriver à Bruxelles (Musée du Chat de Geluck, Fondation Boon pour les arts narratifs,…) et qu’il y avait parmi les candidats des personnalités (Daniel Couvreur, Thierry Bellefroid, Eric Verhoest…) dont la compétence est largement reconnue.
Autre question : n’y avait-il pas en interne des personnes ressources susceptibles d’assumer ce poste ? On pense en particulier à Willem Degraeve, ancien bras droit de Jean Auquier, actuel directeur en charge notamment de la communication et qui a une parfaite connaissance de la bande dessinée ? Ce néerlandophone a en outre l’avantage d’être parfaitement bilingue. Bref, cette nomination, c’est un peu la bouteille d’encre en termes de transparence.
Dernière question, et ce dernier pourra peut-être directement y répondre : pourquoi lors de la fête des 30 ans du Centre, celui qui l’a accompagné depuis tant d’années, en l’occurrence Jean Auquier, était-il absent de la fête ? Y aurait-il quelque chose de pourri au royaume de la bande dessinée belge ? Il va bien falloir y répondre.
Enfin, on est surpris par la discrétion de la nouvelle directrice qui n’a fait jusqu’à présent aucune annonce programmatique. Pourquoi cet effacement ? Comme le disait Elsa Triolet : « Le silence est comme le vent : il attise les grands malentendus et n’éteint que les petits… »
Voir en ligne : L’ARTICLE DU VIF (accès payant)
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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