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Jack Lang et la Cité internationale de la bande dessinée d’Angoulême attendent la BD au tournant

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 21 septembre 2016                      Lien  
Dans huit jours s’inaugurera, du 28 au 30 septembre 2016, la 1ère édition des Rencontres nationales de la bande dessinée, un cycle de débats et de d’analyses, « avec des éclairages issus des réflexions de Grands Témoins », destinés à évaluer les enjeux du secteur de la bande dessinée « dans un contexte plus large. » M. Jack Lang, ministre de la Culture du Président François Mitterrand, président de l’Institut du Monde Arabe, est l’invité d’honneur de cette édition.
Jack Lang et la Cité internationale de la bande dessinée d'Angoulême attendent la BD au tournant
Pierre Lungheretti, directeur de la Cité de la BD

Quelque chose s’était-il brisé à Angoulême ? On aurait pu le croire. Les rapports entre la Cité et le Festival avaient tourné à la guerre des tranchées façon Tardi et la communication du FIBD à une collection de bévues et de boulettes version Gaston Lagaffe.

À cela s’ajoutaient les angoisses d’une « génération précaire » des créateurs de bande dessinée face à une mondialisation qui « ubérise » leur métier sur le mode « travailler plus pour gagner moins  », aux angoisses provoquées par l’évolution de la lecture sur les supports numériques et par les profonds changements des modes de financement (crowdfunding) et de diffusion (les librairies en ligne dépassent désormais 10 % du marché) de la bande dessinée dans le monde, chose qui impacte sensiblement sur les éditeurs, chaque année plus nombreux, qui arrivent sur le marché.

D’une façon évidente, les règles du jeu ont changé. Avec ces premières « Rencontres nationales de la bande dessinée », le directeur de la Cité, Pierre Lungheretti, appelle-t-il autrement ce qui constituait naguère les Universités de la BD créées par Jean-Marie Compte, le prédécesseur de Gilles Ciment auquel il succède ? On pourrait le croire…

Pragmatisme et tradition

Oui, mais non. Ces Rencontres qui ont lieu à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image et à la toute-nouvelle médiathèque L’Alpha à Angoulême interpellent par leur réalisme. En appui sur une étude initiée par les États généraux de la bande dessinée lancés début 2015 et publiée début 2016, ce sont des questions de fond qui sont posées cette fois-ci : « Cette nouvelle manifestation vise à proposer un espace de débats et de d’analyses pour l’ensemble de la profession, avec des éclairages issus des réflexions de Grands Témoins, qui permettront de resituer les enjeux du secteur de la bande dessinée dans un contexte plus large » nous dit le communiqué. Certes, mais avec une dynamique où Pierre Lungheretti imprime sa volonté d’inscrire l’événement dans un continuum historique propre à l’histoire de la Cité de la BD et du Festival d’Angoulême.

Jack Lang, ministre de la culture de François Mitterrand, est à l’origine du Musée de la BD d’Angoulême.

Ainsi, l’invité d’honneur de cette édition est-il Jack Lang, le ministre de la culture qui est à l’origine du Musée National de la BD d’Angoulême, inscrivant son projet dans les Grands Travaux du Président Mitterrand. Ainsi aussi, en invitant dans ses panels quelqu’un comme David Cameo qui, on l’a un peu oublié, a sauvé le festival d’Angoulême de la faillite à la fin de la période du maire PS Jean-Michel Boucheron (1977-1989), ce ministre de François Mitterrand qui creusa un déficit abyssal dans les comptes de la cité charentaise, menaçant directement la survie du festival, Pierre Lungheretti montre qu’il a la mémoire longue.

Aujourd’hui, face au FIBD, nous avons un établissement public qui regroupe en son sein un musée de la bande dessinée, une bibliothèque spécialisée, un centre de documentation, une maison des auteurs,... Un équipement culturel qui n’a pas son équivalent en Europe et même dans le monde ! Mais est-il encore pertinent ? Tel est le sous-texte qui a l’air de ressortir de la programmation de ces Rencontres.

La Cité internationale de la bande dessinée et de l’image d’Angoulême

De vraies questions

Pour la première fois, ces Universités d’été, pardon, ces Rencontres nationales, abordent des sujets bien concrets :

- La place des écoles spécialisées comme voie d’accès à la profession

Il n’est pas anodin que le premier sujet traité soit celui des filières scolaires : forme-t-on des artistes, plus largement des citoyens, capables de se défendre face aux enjeux de la bande dessinée de demain ? Est-ce que, comme le laisse ressortir l’enquête des États Généraux de la BD, dans une profession qui affiche 53% de professionnels précaires et à peu près un tiers seulement de "professionnels", la filière scolaire telle qu’elle existe aujourd’hui n’envoie pas au chômage la majorité de ses étudiants ? C’est une vraie question, car l’avenir d’un pays, on le sait, repose sur la formation de ses jeunes.

Le sujet suivant n’en est pas moins croquignolet :

- Les analyses et solutions des éditeurs devant la crise que connaît le marché

Eh bien oui, messieurs les éditeurs, quelles sont vos solutions face aux enjeux de l’avenir ? Tout le monde connaît notre opinion sur cette notion de « crise » que la doxa angoumoisine nous ressert depuis plus de vingt ans. Pour la première fois, on interroge les éditeurs sur leurs perspectives d’avenir.

Il était temps, car les enjeux de ces éditeurs sont colossaux et pas moins angoissants que l’avenir des auteurs qui y est directement lié : à propos de leur identité même (est-ce que les éditeurs de BD ne s’appelleront pas demain Amazon, Apple ou Google ?), sur les circuits de diffusion (Auchan ou Carrefour, comme les libraires indépendants seront-ils encore les lieux de vente de la bande dessinée de demain ?), sur leur stratégie globale (le cinéma, le jeu vidéo et la TV sont aujourd’hui les principales sources de revenus des éditeurs japonais et américains, les Européens sont loin derrière, faute de moyens ?), sur l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché (la Chine…), etc. Si les auteurs sont dans une situation précaire, n’est-ce pas non plus en raison de la précarité, réelle ou supposée, de la majorité de leurs éditeurs ?

- Le marché de la planche originale, ses circuits, ses bénéficiaires, ses perspectives

De plus en plus d’auteurs intègrent la vente des planches originales dans leur modèle économique. Mais est-ce un vrai marché ? Quelle est sa réalité économique et quelles sont ses perspectives d’avenir ? Telle est la question.

- La place que la bande dessinée occupe aujourd’hui dans le paysage culturel.

C’est une vieille antienne que Thierry Groensteen nous ressort régulièrement de sa besace en prenant des accents de Caliméro : la bande dessinée n’aurait pas sa juste place culturelle : à l’université, dans les médias,… Mais est-ce une question de perception (cf. la notion d’ « objet culturel non identifié ») ou de définition ? N’y a-t-il pas un malentendu fondamental entre la définition de l’objet et la réalité de sa dimension culturelle ? Quand un jeune consomme les X-Men sur un jeu vidéo ou dans un film, est-il encore dans de la « bande dessinée » ? N’y aurait-il pas lieu d’élargir le débat à la Pop Culture, ce qui rendrait ce sujet caduque ?

Réponses à Angoulême à la fin du mois...

Le programme complet (en PDF)

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Rencontres nationales de la bande dessinée : première édition, du 28 au 30 septembre 2016, la Cité et l’Alpha (médiathèque du Grand Angoulême)

Le site de l’événement, informations complémentaires et inscriptions

Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)

 
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32 Messages :
  • " Si les auteurs sont dans une situation précaire, n’est pas non plus en raison de la précarité, réelle ou supposée, de la majorité de leurs éditeurs ?"

    Question très pertinente qui mériterait un long débat, certes, mais je crois que vous avez oublié un "-ce"."N’est-ce pas non plus…" plutôt que "n’est pas non plus", non ?

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    • Répondu par jfchanson le 22 septembre 2016 à  12:39 :

      En plus de tous les frais, 50 euros l’inscription pour les auteurs, c’est un peu cher. Dire que l’on va beaucoup y parler des difficultés financières des auteurs ...

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      • Répondu le 22 septembre 2016 à  14:37 :

        C’est normal ça, c’est la sélection par l’argent, on ne va quand même pas accueillir n’importe quel pauvre, il faut rester entre gens bien, ne serait-ce que pour la qualité des débats, ce n’est pas une réunion syndicale.

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      • Répondu par Zot ! le 22 septembre 2016 à  16:08 :

        De quoi vous plaignez vous ? Les auteurs ont droit au même tarif d’ami que les demandeurs d’emploi (50 euros), mais c’est plus cher pour les collectionneurs, libraires et amateurs (130 euros), et encore plus cher pour les collectivités et entreprises (260 euros). Il faut évidemment rajouter les repas, l’hébergement, et le voyage à Angou. On espère qu’un des participants pourra rendre compte de ces belles rencontres (ironie)...

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  • Tant que des éditeurs peuvent planquer des oeuvres d’art au Panama, tout va bien pour eux !

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    • Répondu par Jerry Cornélius le 21 septembre 2016 à  21:22 :

      Il me semble que les Universités d’été ont été créées par le prédécesseur de Gilles Ciment, Jean-Marie Compte.

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      • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 21 septembre 2016 à  23:02 :

        Vous avez parfaitement raison. Nous avons corrigé cette erreur. Rendons à Jules ce qui appartient à Jules, comme on dit chez les Gaulois ;)

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        • Répondu par F. Truffaut le 22 septembre 2016 à  21:36 :

          Tant qu’à rendre à Jules... alors il faut préciser que ces rencontres, sur ces sujets, étaient inscrites dans le projet d’établissement du prédécesseur de Pierre Lungheretti, qui avait été validé mais qu’il
          n’a pu mener à bien (les "Assises" annoncées p.17 : http://www.citebd.org/IMG/pdf/deliberation_no15_projet_d_etablissement_2014-2016_reconduction_du_directeur.pdf).
          S’il faut saluer la « continuité de service public » ainsi observée par le nouveau directeur, on regrettera en revanche le temps perdu, car ces rencontres auraient pu se dérouler deux ans plus tôt et, qui sait, éviter les drames de ce début d’année...

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  • Est-ce qu’il y aura des lecteurs pour débattre avec tous ces spécialistes ?
    Les lecteurs sont quand même ceux sur qui repose tout l’équilibre de l’édifice, il est grand temps de porter à ces derniers toute la considération qu’ils méritent.
    Parce que si le lecteur tousse, c’est tout le système qui se grippe.

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    • Répondu le 23 septembre 2016 à  09:11 :

      Au commencement était la Parole, et la Parole était avec le lecteur, et la Parole était le lecteur. Elle était au commencement avec le lecteur. Toutes choses ont été faites par lui, et rien de ce qui a été écrit n’a été fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes…

      Et… l’auteur est arrivé, sans se presser ! Le grand auteur, le bel auteur, avec sa planche et son grand crayon !

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      • Répondu par La plume occulte le 23 septembre 2016 à  15:25 :

        Voilà,tout à fait,vous y êtes,et du premier coup encore(!),bravo,on sent bien que vous avez les deux pieds dans le milieu.
        C’est exactement pour ce genre de considération(s) qu’il est largement temps de donner la parole au lecteur,plutôt que de sans cesse accuser aveuglément la surproduction ,lecteur qui ,après tout ,a bien d’autres choses à faire avec son argent que d’acheter de la BD..............

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        • Répondu le 24 septembre 2016 à  17:15 :

          Si un lecteur a quelque chose à dire sur la bande dessinée, il peut écrire, faire un livre et… devenir auteur à son tour. Autrement, laisser des commentaires mais ses commentaires ne changeront jamais rien à l’œuvre qu’il critique.
          Et si le lecteur a autre chose à faire de son argent, pourquoi s’acharne-t-il à le dépenser inutilement en achetant de mauvaises BD ?

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          • Répondu par La plume occulte le 25 septembre 2016 à  16:51 :

            Au delà de la mystique de l’Auteur que vous nous servez,toujours agréable pour l’ego ou le karma,il y a même un public pour ça,ce qui semble donner la permission de parler au nom de la terre entière,voilà un postulat,ou une illumination à ce stade on ne sait plus,qui ressasse toujours les mêmes lunes.En circuit un peu trop fermé,on le voit encore que vous avez les deux pieds dedans,le milieu,et il est certainement là le noeud du problème.
            C’est pourquoi permettez quand même que l’on remette doucement les pieds dans la réalité même si l’élan,le rêve,c’est très bien:surtout si on part du principe que :"qui dort dîne !Las,et ça ne doit pas être une nouvelle pour vous,tout le monde n’a pas votre opiniâtreté d’ascète,votre goût pour la méthode Coué ;de fait ces brebis égarées apprécient certainement le bien concret,comme,par exemple,un estomac plein.
            Ceci dit,relisez un peu plus haut,il n’est pas écrit que le lecteur "est la base de l’édifice",mais plutôt"celui sur qui repose tout l’équilibre de l’édifice".Ce n’est pas exactement pareil,on est d’accord ?
            Il n’est pas question de dire,et ça n’a jamais été dit ici,que l’importance du lecteur passe avant celle de l’auteur.Mais le lecteur a une grosse importance quand même,peut être une vision originale,peut être -attention hérésie !!-un talent,voire un vécu,un savoir,à partager,pour faire avancer.Malgré que-les deux pieds dedans comme vous êtes ça n’a pas dû vous échapper- le lecteur de BD soit un débile notoire,vous qui aimez les clichés.
            Bref:si les gens du "milieu" sont des milliers,les lecteurs sont des millions.Plus ouvert,et c’est logique vu leur diversité,sur le monde ;il y a donc un énorme savoir potentiel,une voi(e)x à entendre.Pourquoi passer à côté.
            Parce qu’au final ,les lecteurs ont le même intérêt que les auteurs:que les livres soient réalisés dans les meilleures conditions,matérielles entre autres,pour que les oeuvres proposées,réalisées dans des conditions acceptables,soient de la meilleures qualité possible.

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            • Répondu le 25 septembre 2016 à  20:10 :

              Un livre est lu parce qu’il est bon, pas parce que les lecteurs sont de bons lecteurs. Et un auteur ne s’adresse pas directement à des lecteurs vivants qui lui donnent des sous en échange pour continuer de créer. Par exemple, Hergé a été lu, est lu et sera lu. Et par des lecteurs qui naîtront quand nous ne serons plus vivants. Un auteur ne peut pas se poser d’autre question vis-à-vis du lecteur que suis-je lisible ? Et le lecteur, pour lui, est une abstraction. Impossible de se représenter des millions de lecteurs. Mais s’adresser à son éditeur.trice, oui, c’est concret. Cela ne veut pas dire que l’auteur méprise ses lecteurs.

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              • Répondu par La plume occulte le 25 septembre 2016 à  23:27 :

                Vous parlez encore d’un idéal,vous êtes sur votre"lune".Désolé de vous ramener sur terre,mais ,ici,l’article parle d’un moment de crise,non pas créative mais éditoriale.

                Alors on peut penser que le lecteur à sa place dans les débats et les analyses,ses réflexions peuvent être utiles.

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                • Répondu le 26 septembre 2016 à  09:04 :

                  Monsieur Plume Occulte,

                  quelle place pour le lecteur dans ce débat ?
                  Votre vision : l’auteur est un artisan et le lecteur est un client roi. L’auteur devrait donc travailler en fonction des goûts du public et uniquement dans cette optique. Le bon artisan qui procure sa petite dose de détente hebdomadaire au vrai travailleur. Sauf que ça ne fonctionne pas comme ça. Les auteurs proposent, les éditeurs publient et les lecteurs choisissent parmi ce qui leur est proposé et uniquement parmi ce choix. Ce n’est pas et ce ne sera jamais le lecteur qui pourra décider de ce qui sort en librairie et si le lecteur n’y trouve pas son compte, qu’il devienne auteur à son tour pour proposer autre chose. Si le lectorat majoritaire préfère les stéréotypes et les idées convenues, ce sont ces ouvrages là qui seront des réussites commerciales mais pas nécessairement artistiques. Mais ni les auteurs difficiles, ni les éditeurs ne cesseront d’essayer de nouvelles idées, de nouvelles formes. Ce n’est pas démocratique et il ne faut pas souhaiter que cela le devienne. L’avis du lecteur. Vous croyez que les éditeurs n’y pensent pas et n’en discutent pas avec leurs auteurs ? Vous croyez que le "milieu" fait ce que bon lui semble en méprisant les lecteurs ? Bien sûr que non. Mais le lectorat est une entité abstraite, changeante, quasiment impossible à cerner. Certainement pas la base solide sur laquelle repose l’équilibre de l’édifice. La base solide sur laquelle tout repose : les qualités intellectuelles et esthétique des œuvres qui de l’expression d’un seul touche l’universel. Et la place du lecteur se trouve dans cette exigence que les auteurs et leurs éditeurs s’imposent.
                  Je vous suppose bédéphile. Vous confondez vos goûts et votre culture de lecteur avec le savoir-faire des éditeurs et des auteurs. Comme de nombreux bédéphile, vous avez des velléités d’auteur. Vous êtes probablement meilleur lecteur que beaucoup d’auteurs. Des tas d’auteurs ne lisent pas de bande dessinée et préfèrent en faire. Parce qu’ils sont émetteurs plus que récepteurs. Ils donnent et vous recevez mais ce que vous pensez ne changera jamais la nature de la source. C’est l’auteur qui est à l’origine (c’est étymologique) et c’est donc lui qui a autorité (c’est étymologique aussi).

                  Et pour ce qui est de la crise éditoriale, elle es tliée à une surproduction absurde qui n’est pas pire qu’ailleurs. Toutes nos industries produisent sans penser à la finitude du monde. Produire pour gagner toujours plus d’argent. L’argent n’étant plus un moyen mais un but. Le remède à cette crise de l’édition ? Produire moins et sélectionner plus intelligent ce qui a un véritable intérêt à être publié. Didier Pasamonik a déjà répondu avec beaucoup d’analyse et de finesse dans plusieurs articles sur Actua BD à cette question de "surproduction". Je vous invite à fouiller et à relire ces propos.

                  Cordialement,

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                  • Répondu par La plume occulte le 27 septembre 2016 à  01:23 :

                    Depuis le départ on s ’égare, on ne parle pas du tout de la même chose. Par contre entièrement d’accord avec vous sur un point,le lecteur n’a rien à faire ,ou dire ,à l’auteur pour tout ce qui concerne la création, vous êtes tranquille ,vous voyez,vous gardez intact votre pré carré que personne ne dispute.

                    Mais vraiment vous êtes dans la mystique de l’auteur.Je le redis, il y a un public pour ça, comme pour les clivages que vous énoncez , ils rassurent certains. Je suppose à mon tour que vous vous classez parmi les auteurs difficiles,ça ne vous empêche pas de multiplier les stéréotypes et les idées convenues comme les petits pains.Pas grave.
                    Ce qui l’est plus, c’est que vous êtes aussi dans la mystique du lecteur "entité abstraite" que vous avouez mal connaître et à la place de laquelle vous parlez, aussi. Vous imaginez ces lecteurs comme une masse docile, passionnée, conquise d’avance, parfois encombrante,d’un seul tonneau, au budget illimité, détachée des réalités économiques et sociales.Tout faux.

                    Quand on vous dit que "si le lecteur tousse c’est tout le système qui se grippe"ce n’est pas pour mettre la pression sur le sacro-saint auteur,et en faire un "faiseur":c’est pour prévenir que le lecteur ,malgré toute sa bonne volonté ,peut lui aussi être malade.Il voudrait donner son avis pour qu’on l’aide à aller mieux. Pas impossible alors que ça remette de l’huile dans les rouages pour relancer la machine.

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                    • Répondu le 28 septembre 2016 à  11:16 :

                      "Vous imaginez ces lecteurs comme une masse docile, passionnée, conquise d’avance, parfois encombrante,d’un seul tonneau, au budget illimité, détachée des réalités économiques et sociales.Tout faux."

                      C’est vous qui imaginez que j’imagine ça. Tout faux pour vous. Je dis simplement qu’un auteur ne peut pas s’imaginer son lectorat. C’est juste physiquement impossible ! Il n’y a pas deux lecteurs pareils. Je ne vois pas du tout ce que des lecteurs viendraient apporter à un tel débat. Les éditeurs essaient de comprendre les lecteurs et ils en discutent avec leurs auteurs. Un auteur et un éditeur ne sont pas des dieux de l’Olympe. C’est vous qui vous faites une image totalement absurde sur les auteurs. "La mystique de l’auteur", "le milieu"… vous fantasmez grave !

                      Imaginons que vous assistiez à ce débat, vous diriez quoi de si intéressant et nécessaire pour faire avancer le gros machin ? Quelles sont vos revendications de lecteur puisque vous êtes, Monsieur Occulte, si indispensable pour que l’édifice ne s’effondre pas ?

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                      • Répondu par La plume occulte le 28 septembre 2016 à  23:40 :

                        Pour un auteur avec un grand A,promoteur des nouveaux systèmes à inventer, des nouvelles idées, des nouvelles formes ,vous êtes bien conservateur.

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                        • Répondu le 29 septembre 2016 à  10:31 :

                          "Il faut que tout change pour que rien ne change" c’est d’Erasme et ce n’est pas Plume Occulte le grand lecteur conservatreur qui viendra me contredire.

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                    • Répondu le 28 septembre 2016 à  13:00 :

                      Si le lecteur tousse, il n’a qu’à consulter un médecin.

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      • Répondu par Zot ! le 23 septembre 2016 à  22:09 :

        Sans public, je ne sais pas où l’auteur peut ranger son crayon ! La réussite commerciale d’un bouquin, c’est la rencontre auteur-éditeur-public ! Bon, les auteurs préfèrent rester seuls dans leur petit coin ??? S’ils n’ont pas de loyer à payer, de femmes et enfants à entretenir, s’ils veulent jouer à l’artiste maudit (une bonne référence : Van Gogh n’a jamais vendu un tableau de son vivant, c’est maintenant un des peintres les plus chers du monde), libre à eux !

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        • Répondu le 24 septembre 2016 à  17:30 :

          1 -Van Gogh ne souhaitait pas trop vendre non plus. Relisez la correspondance avec son frère Théo au lieu de servir ce mythe !
          2 - Un auteur fait d’abord un livre pour mettre sa pensée en ordre. Pas pour plaire à d’éventuel lecteurs. Sinon, ce n’est pas un auteur mais un marchand de soupe. Ensuite, cet auteur cherche un premier lecteur en la personne d’un éditeur. Si cet éditeur fait bien son travail, il aide l’auteur à mettre sa pensée en ordre. Voilà pourquoi l’entente entre auteur et éditeur est si importante et vouloir s’en passer en s’adressant directement aux lecteurs est une illusion prétentieuse et imbécile. Comme les éditeurs sont des passeurs, ils cherchent à répandre l’œuvre. Les lecteurs arrivent ensuite. Ils ne sont pas la base de l’édifice, ils ne produisent rien, ils reçoivent. Ensuite, que l’œuvre plaise ou pas, elle existe quand même. Dire que le lecteur est à la base de l’édifice revient à tout simplifier en rapportant tout au plan financier : "sans notre argent de nous les lecteurs, vous seriez tous des clochards ! Par conséquent, les auteurs nous doivent tout à nous les lecteurs !". N’importe quoi ! Si les lecteurs n’existaient pas, les auteurs inventeraient les livres pour les faire apparaître. L’argent n’est pas le moteur premier de l’auteur. Si l’auteur n’est pas un imposteur, bien entendu.
          3- Un auteur mort n’a pas besoin des centimes versés par un lecteur pour vivre. Votre théorie des auteurs qui ne seraient rien sans les lecteurs. Ben non. C’est parce qu’un auteur se rend indispensable qu’il fait naître son lectorat. Jamais l’inverse.

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  • Est-ce que (...) dans une profession qui affiche 53% de professionnels précaires et à peu près un tiers seulement de "professionnels", la filière scolaire telle qu’elle existe aujourd’hui n’envoie pas au chômage la majorité de ses étudiants ?

    Il semble que la réponse est déjà dans la question. Il paraît évident que le métier est tout sauf porteur.

    Cela amène plusieurs questions :
    Qu’en est-il d’autres disciplines artistiques (cinéma, danse, musique,...) ?
    Combien de personnes formés BD chaque année et combien en situation précaire ?
    Le ratio d’auteurs passés par les écoles est-il supérieur au ratio d’auteurs autodidacte ?
    Le statut d’auteur, généralement (faussement) libre et indépendant n’est-il pas à repenser ?

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    • Répondu le 24 septembre 2016 à  17:34 :

      Ratio !!! Vous pensez comme un salarié ! Ce qui motive un auteur, c’est le besoin de s’exprimer. Vous n’allez pas inventer des écoles pour que des étudiants deviennent talentueux et aient des choses à dire.
      Ne vosu inquiétez pas, les auteurs ne cotisent pas pour le chômage et ne peuvent donc pas prétendre à ces indemnités, ils ne vous piqueront pas vos roubles !

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      • Répondu par Yo le 26 septembre 2016 à  18:51 :

        Vous avez tellement hâte de sortir les fourches que vous ne lisez pas mon message, ce qui rend votre intervention ridiculement hors-sujet...

        Concernant ma question sur les "ratios" (qui vous fait bondir), je me pose la question bien évidemment de l’intérêt de passer par une école alors que le métier est à ma connaissance peuplé d’autodidactes. Je vois que nous avons un point de convergence sur ce qu’est ou n’est pas un auteur.

        Je suis toujours étonné de voir à quel point certains confrères (j’imagine que vous êtes auteur également) ont décidé coûte que coûte de rester dans une époque qui n’existe plus, refuse toute démarche de réflexion quant à l’évolution du statut pour améliorer conditions de vie et de travail.
        La sensibilité du sujet (bien illustrée par votre intervention peu cordiale) empêche certainement d’avancer, mais condamne à mon sens à court terme une bonne partie de la profession.

        Votre dernier paragraphe est autant gratuit qu’inutile. Si vous voulez changer les choses avec ce type d’arguments, je vous souhaite bien du courage parce qu’il est inaudible !

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        • Répondu le 27 septembre 2016 à  06:47 :

          Les écoles ne créent pas et ne créeront jamais d’auteurs. Le talent est toujours autodidacte. Et faire des livres, ce n’est pas se tromper d’époque. Il a toujours été difficile d’être auteur. Le vrai problème et l’article le pose : quelle est la santé économique des éditeurs ? Parce qu’à miser sans cesse sur la nouveauté on en néglige le fond. Et si le fond d’un éditeur n’est pas solide, la seule issue reste celle de la fuite en avant, celle de la surproduction. Cette surproduction assure des revenus aux éditeurs et donne des illusions à plus d’auteurs prétendants. Mais comme il y a une fin à toute chose, cette surproduction débouche sur une crise. Un régime s’impose et on en est là. Il faut du temps pour un éditeur pour construire et imposer un auteur. Parfois c’est très rapide mais parfois seulement. Donc, non, je ne suis pas d’accord avec vous. Être auteur de BD, ce n’est pas se tromper d’époque. On ne va pas choisir d’être auteur parce que l’époque est rentable. Si on pense ainsi, c’est qu’on a rien à exprimer de neuf. La surproduction, c’est aussi parce que beaucoup de gens n’ont rien à dire et veulent faire des BD comme des bédéphiles, des fans plutôt que comme des auteurs. La preuve, ils ne restent pas au catalogue de leurs éditeurs.

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          • Répondu par Auteur le 27 septembre 2016 à  13:58 :

            La surproduction, c’est aussi parce que beaucoup de gens n’ont rien à dire et veulent faire des BD comme des bédéphiles, des fans plutôt que comme des auteurs. La preuve, ils ne restent pas au catalogue de leurs éditeurs.

            Ce n’est que la preuve que les éditeurs ne font pas leur travail de soutenir les auteurs sur la durée, ce n’est pas le choix des auteurs. La grande majorité des auteurs aimerait pouvoir enchainer les albums chez un même éditeur de confiance et ainsi fidéliser leur lectorat, mais aujourd’hui les éditeurs ne donnent pas suite si un premier livre s’est mal vendu, ils ne donnent pas de deuxième chance avec un deuxième livre (même si le premier appelait une suite, ils se fichent également du lecteur ayant acheté le livre).

            Qu’un auteur ne reste pas au catalogue de son éditeur n’est pas le choix de l’auteur, très rarement et ce n’est surtout pas la preuve que l’auteur n’aurait rien à dire et ferait des BD comme un bédéphile ou un fan plutôt que comme un auteur, c’est une vision des choses totalement fausse et grandement ridicule.

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            • Répondu le 28 septembre 2016 à  11:00 :

              Comme les auteurs, les éditeurs ne se ressemblent pas et il n’y a pas de recette. Comme les auteurs, il y en a de médiocres et de bons. C’est à l’auteur de se rendre indispensable. Personne d’autre que lui ne peut le faire. Le travail de l’éditeur est de sélectionner les œuvres qui méritent d’être publiées et de soutenir les auteurs auxquels ils croient. Mais de les soutenir vraiment, pas de se contenter de l’espoir d’un retour rapidement sur investissement avec gros bénéfices. Un éditeur qui fait ça ne peut que se lancer dans la surproduction parce que sinon, il crève. La rencontre entre auteur et éditeur n’est jamais évidente et il n’existe aucune solution pour que ce soit système soit parfait. Ou bien le courant passe et ça prend, ou bien non. Et si c’est non, pas la peine d’insister parce qu’il ne sortira rien de bon d’une telle association. Il n’y a pas une époque plus favorable qu’une autre pour qu’un auteur émerge. Et cette époque n’est pas pire qu’une autre. Si un auteur doit émerger, s’il a vraiment du talent, il finira par trouver comment imposer ce qu’il a à dire ou bien en utilisant ce qui existe, ou bien en inventant un nouveau système.

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              • Répondu le 28 septembre 2016 à  13:37 :

                Rien n’est plus faux, vous ne devez pas du tout connaitre l’état d’esprit actuel dans les maisons d’édition (et chez les auteurs).

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                • Répondu le 29 septembre 2016 à  06:49 :

                  Tous les éditeurs et les auteurs ne se ressemblent pas et l’esprit actuel dans les maisons d’édition n’est pas très différent de ce qu’il a toujours été. Il y a simplement beaucoup plus de monde et donc, plus de concurrence… surtout entre les auteurs puisqu’ils sont très nombreux.

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                  • Répondu par Zot ! le 2 octobre 2016 à  17:40 :

                    Trés intéressant ce débat !
                    Au fait, puisqu’on parle de gros sous et d’Angoulême, on en est où sur le dossier Bondoux ? Le prochain FIBD a lieu dans quatre mois !!

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PAR Didier Pasamonik (L’Agence BD)  
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