Tout le monde connaît Jeremiah Johnson incarné par Robert Redford dans le film de Sydney Pollack (1972). Mais peu savent que le personnage a bel et bien existé.
Né en 1824, notre héros change de nom après avoir frappé un officier pendant la guerre américano-mexicaine, et devient John "Jeremiah" Johnson en arrivant dans les montagnes Rocheuses au milieu du XIXe siècle pour s’y faire trappeur. C’est là qu’il rencontre Old Joe Hatcher, un expert en la matière, et devient son ami jusqu’à épouser l’une de ses squaws. Mais l’assassinat de son épouse indienne le conduit à mener une sanglante vendetta contre la tribu des Crows.
« Avant tout chose, Jeremiah Johnson est pour moi un film de Sydney Pollack avec Robert Redford, explique le scénariste Fred Duval. Au-delà du choc visuel, la beauté de la photographie réalisée en décors naturels, loin des studios, ce film, ce personnage, m’ont marqué durablement comme étant les symboles de la prise de conscience écologique. Un voyage sauvage qui donnait envie de le préserver. »
Et de continuer : « Il y a cinq ou six ans, Jean-Pierre Pécau m’a parlé de la parution en France d’un des deux livres qui avaient servis de base [au film...]. Je l’ai lu et bien entendu adoré. Une folie baroque, une ode à la nature, mais aussi une poésie en prose relatant les plus bas instincts de l’Homme. Un banquet sanglant presque surréaliste. Je suis tombé sous le charme de ce récit cannibale.[...] C’est pour cela que j’ai eu envie de l’adapter. »
Même si l’on sait que pas mal des faits rapportés dans la biographie de Johnson, et donc de facto dans cette adaptation, ne sont pas parfaitement authentiques, on ne peut s’empêcher de tomber sous le charme sauvage de ces chroniques de vie et survie dans les Rocheuses vers 1850.
Rompus à multiplier les scénarios, que cela soit ensemble ou séparément, Pécau & Duval savent d’un côté ciseler les dialogues de ces hommes rudes qui ne parlaient pas souvent et, de l’autre, laisser beaucoup de cases muettes tout autant narratives que les autres.
L’encrage du Brésilien Jack Jadson habitué aux comics fait le reste : il souligne cette vie âpre au grand air et parvient à marier cette communion avec la nature et les horribles faits qui s’y sont produits, générés par la folie de l’homme. Jadson campe une très crédible "femme folle" que l’on retrouvera dans le chapitre II où Johnson donne libre cours à une vengeance des plus sanglantes.
Que ces thématiques souvent dures ne vous empêchent de succomber à la découverte du Middle west dans les yeux d’un novice : le dépaysement est garanti !
(par Charles-Louis Detournay)
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Illustrations : © Editions Soleil, 2020 – Duval, Pécau et Jack Jadson.
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