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Justice League T5 - Par Geoff Johns, Jeff Lemire, Ivan Reis & Doug Mahnke (Trad. Edmond Tourriol & Alex Nikolavitch) - Urban Comics

Par Guillaume Boutet le 19 septembre 2014                      Lien  
La mystérieuse Pandora cherche depuis un temps lointain à renfermer dans une boîte magique les sept pêchés capitaux, qu'elle a libérés par erreur. Lorsqu'elle décide de demander l'aide de Superman, l'être le plus noble du monde, elle ne s'imagine pas qu'elle va déclencher rien de moins que la fin du monde !

La plus célèbre et puissante des équipes de super-héros de l’univers DC Comics nous revient après un aparté -le tome quatre- consacré à la création d’une équipe rivale. Toujours aux commandes de Justice League, le scénariste Geoff Johns continue de faire de cette série le nœud de convergence du nouvel univers DC Comics, au point d’enchaîner les événements éditoriaux sans pause ou presque, comme avec ce nouveau tome, qui nous propose un crossover, impliquant les deux autres ligues de justice de la maison : Trinity War [1].

Ainsi après un tome trois relatant une attaque de l’Atlantide contre les États-Unis, sur fond de crossover avec la série Aquaman, un tome quatre introduisant l’équipe gouvernementale Justice League of America, impliquée dans une intrigue mettant en scène une mystérieuse société secrète de super-vilains, nous voici aux portes du grand événement que Johns tease à ses lecteurs depuis de nombreux numéros.

L’album contient des épisodes de trois séries différentes : Justice League, Justice League of America et Justice League Dark. trois équipes qui vont se trouver mêler à la même intrigue et quête : retrouver la mystérieuse Pandora et sa boîte [2].

Avant d’aller plus loin, rappelons quelques éléments sur l’univers et les thèmes abordés, pour comprendre de quoi il est finalement question dans cette nouvelle aventure.

Justice League T5 - Par Geoff Johns, Jeff Lemire, Ivan Reis & Doug Mahnke (Trad. Edmond Tourriol & Alex Nikolavitch) - Urban Comics
Les nouvelles recrues de la ligue de justice dans leur première bataille !
© Urban Comics / DC Comics

La Justice League est une équipe de super-héros qui rassemble les plus grandes figures de l’univers DC Comics : Superman, Batman, Wonder Woman, Green Lantern, Flash, Aquaman auxquels a été ajouté le personnage de Cyborg (issu initialement des Teen Titans). Rapidement, après une première aventure relatant la formation de l’équipe pour faire face à l’invasion du terrifiant Darkseid, la question de la confiance, ou plutôt celle du manque de confiance, devient le fil directeur de la série.

D’un côté naissent un manque de confiance et une forme suspicion de la part des autorités à l’égard de cette alliance de super-héros qui constitue une force militaire capable de remettre en question l’équilibre mondial, renforcés par le manque de transparence dont elle fait preuve (que faire s’ils mettent leur puissance au service d’intérêts contraire à ceux des autorités ?). De l’autre côté, la confiance apparaît aussi comme une problématique centrale au sein de l’équipe, où les divergences d’idéaux et de méthodes entre les membres apparaissent dès le second tome, amorçant une forme de déclin (déjà !).

Ainsi le tome deux a vu le départ de Green Lantern, puis le tome trois (narrant la guerre avec l’Atlandide) a complexifié la situation d’Aquaman qui a pris ses distances avec l’équipe, même si aux yeux de la population le mal avait déjà été fait. Parallèlement à cela, Flash se reconnaît de moins en moins dans les choix et les responsabilités que leur alliance implique. Enfin le tome quatre a vu la création d’une ligue de justice alternative, opérant pour le compte du gouvernement américain et faisant office de contre-mesure officieuse.

Les trois pécheurs "ultimes" dont Pandora
© Urban Comics / DC Comics

Le tome cinq s’ouvre sur la question du recrutement avec l’intégration de trois nouvelles recrues : Atom (Rhonda Pineda), Firestorm (Ronnie Raymond), et Element Woman. Puis il est question d’une menace agissant dans l’ombre qui prend finalement la forme d’une attaque du QG de la Justice League par un super-vilain qu’affronteront ces nouvelles recrues.

La boîte de Pandora : objet de toutes les convoitises
© Urban Comics / DC Comics

Après ces épisodes de mise en jambes, relativement sympathiques et réussis dans leur genre, débute le plat principal : le crossover Trinity War qui repose sur un nouveau concept de New 52 : la Trinity of Sin. Trois personnes ayant été condamnées par les plus hautes instances du monde de la magie à une errance éternelle sur Terre. Parmi ces maudits nous retrouvons deux figures classiques, le Phantom Stranger et The Question, auxquels se joint un nouveau personnage créé à cette occasion : Pandora, qui a ouvert il y a bien longtemps une boîte, libérant ainsi les sept péchés capitaux sur Terre [3].

C’est cette dernière qui se trouve au cœur de Trinity War. Après un épisode de présentation du personnage, nous entrons dans le vif du sujet. Pandora cherche depuis longtemps un moyen de renfermer les péchés dans la boîte. Suite à l’apparition « récente » des super-héros sur Terre, elle pense que ces nouvelles entités représentent sans doute la réponse à sa quête.

Elle demande ainsi l’aide de Superman pour manipuler la boîte, dans l’espoir qu’il aura le pouvoir d’y renfermer les péchés capitaux. Malheureusement ce dernier se trouve « corrompu » et une tragédie survient : Superman tue lors d’un excès de colère le Docteur Light, membre de la Justice League of America. S’ensuit alors une chasse impliquant les trois ligues pour retrouver Pandora et la boite - en principe pour découvrir ce qui est arrivé à Superman et prouver son innocence.

Malheureusement lorsqu’enfin ils retrouvent Pandora et sa boîte, ils se rendent compte, trop tard, qu’ils ont été les jouets de l’imminence grise qui se cache derrière l’énigmatique société secrète de super-vilains.

Justice League Vs Justice League of America
© Urban Comics / DC Comics

Trinity War se présente sous une forme relativement classique concernant les crossover de masse : la course-poursuite. Les groupes se font et se défont au fil des événements, de la confiance et des affinités, chacun poursuivant Pandora ou un autre groupe. Le récit fait ainsi la part belle aux mouvements, à la manipulation et à l’action. En fin de compte il ne se passe pas grand chose, mais la lecture apparaît bel et bien haletante. Le mystère autour de la boîte et de qui tire les ficelles (et pourquoi) fonctionne lui-aussi parfaitement bien. Quant au dénouement, c’est réellement une grosse surprise et un bon point. Le final se montre indéniablement à la hauteur des attentes suscitées.

L’énigmatique Outsider, chef de la société secrète des super-vilains
© Urban Comics / DC Comics

Cependant un certain sentiment, mitigé, gênant, perdure, que nous avions déjà évoqué dans nos précédentes chroniques. Le fait de se retrouver devant une somme d’ego et non une véritable équipe. Johns a choisi, comme nous l’avons vu, d’entrer directement dans une intrigue autour de la confiance et des problèmes de cohésion.

Si l’idée en soi est intéressante, il manque quelque chose pour rendre le tout crédible. Le résultat semble parfois forcé, à l’image de la Wonder Woman de Johns, étonnamment agressive et vindicative, et donc source un peu facile de conflit – alors que le personnage dans sa série principale y apparaît avec un tempérament opposé.

Marv Wolfman, scénariste culte des New Teen Titans et de Crisis on Infinite Earths, avait expliqué qu’il voyait un récit comics comme un grand huit, c’est-à-dire une alternance entre moments intenses et calmes. Le calme et l’intensité se nourrissant l’un de l’autre pour construire quelque chose de complet.

C’est peut-être ce qui manque à cette Justice League de Geoff Johns. À vouloir aller trop vite dans le sensationnel et le conflictuel, et à préparer ses événements et ses retournements de situation, il manque sans doute une partie plus posée durant laquelle l’équipe pourrait réellement se développer, les personnages tisser des liens, exister en soi, pour ensuite exploser de façon logique.

Un nouveau tome qui s’inscrit donc dans la continuité de la série, avec les mêmes qualités et défauts, à savoir un grand spectacle au rendez-vous et des intrigues à tiroirs assurant le show, mais dont l’ensemble manque de consistance. Il s’agit évidemment d’un parti-pris assumé de la part de Johns mais dont le résultat final ne nous convainc pas encore totalement.

La guerre des ligues dans toute sa folie !
© Urban Comics / DC Comics

(par Guillaume Boutet)

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Code EAN :

Justice League T5. Par Geoff Johns (scénario), Jeff Lemire (scénario), Ivan Reis (dessin) & Doug Mahnke (dessin). Traduction Edmond Tourriol & Alex Nikolavitch. Urban Comics, collection "DC Renaissance". Sortie le 19 septembre 2014. 296 pages. 22,50 euros.

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Justice League sur ActuaBD :
- Lire la chronique du tome 1 de la série
- Lire la chronique du tome 3 de la série
- Lire la chronique du tome 4 de la série

[1Se référer à la chronique du tome quatre pour le rappel historique sur le système des trois ligues de justice.

[2Les épisodes contenus dans Justice League T5 : La guerre des ligues sont :
- Justice League #18-23 (mars 2013 à août 2013),
- Justice League of America #6-7 (juillet 2013 à août 2013),
- Justice League Dark #22-23 (juillet 2013 à août 2013),
- Trinity of Sin : Pandora #1 (juin 2013),
- Trinity of Sin : Phantom Stranger #11 (août 2013).

[3À noter, pour les curieux, que Pandora est déjà apparue en cameo dans tous les numéros 1 des séries lancées lors de la première vague de New 52. Le message semble clair : le personnage et l’événement ont été planifiés depuis le lancement de New 52.

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