Avril 1912. Le Titanic traverse la nuit noire et s’avance inexorablement vers l’iceberg qui le fera bientôt disparaître dans les eaux sombres de l’Atlantique nord.
À son bord, quelques milliers de passagers s’apprêtent à vivre l’une des plus effroyables tragédies de l’histoire du vingtième siècle. Mais, pour certains d’entre eux, le cauchemar a commencé quelques heures plus tôt, en marge d’une soirée costumée qui a déjà tout d’un bal de fantômes…
Avec la réussite d’Erzsebet, il semblaient logique que le duo de ses auteurs continue de sévir dans cette veine artistique et sanglante. Après avoir donné une vision poético-fantastique du fait divers authentique impliquent la Comtesse rouge, le centenaire du plus célèbre naufrage au monde ne pouvait que les inspirer.
Une fois de plus, le scénario de Cédric Rassat déconcerte dès les premières pages : les passagers, et principalement Bruce Ismay, le constructeur du Titanic, y sont tournés en dérision, tels les acteurs d’une farce macabre qui fabriquent eux-mêmes leur cercueil de métal. Le récit prend donc rapidement un tour surréaliste, même si on se doute que les bals de l’époque devaient revêtir cet attrait déplacé chers aux oisifs.
Une fois de plus, la réussite de l’album revient à la magie de la carte à gratter d’Emre Orhun. Son trait fantasque ne peut d’ailleurs que faire apparaître les sentiments cachés sous la carapace des hommes de l’époque, et on comprend grâce à lui le lien qui unit la thématique, l’angle de vue et la technique du récit.
Truffant leur histoire d’anecdotes authentiques, cette Malédiction du Titanic est surtout l’occasion de revisiter lre récit de ce naufrage du à la bêtise des hommes, et de rire avec effroi de cette interprétation sardonique.
Un double hommage réussi qui aurait gagné à employer un ton parfois moins grotesque.
(par Charles-Louis Detournay)
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