Live Forever T.1 - Par Raùl Treviño - Edition Kotoon

Les morts se succèdent au début de ce tome, alors que la jeune Sarah chante un refrain ironique contre la grande faucheuse durant un concours de rock. Elle ignore à cet instant que sa mère est condamnée par un cancer foudroyant, tandis qu’un homme meurt dans l’incendie de sa maison.

Mais l’enquête assure que le feu possède une origine accidentelle, alors pourquoi le défunt est-il retrouvé égorgé et exsangue ? Si ce décès semble sans aucun lien avec l’héroïne de Raùl Treviño, l’investigation sur le sort de ce cadavre permet d’aborder le cas du voisin de Sarah d’un autre point de vue. Samuel est un vieil homme vivant reclus dans sa maison délabrée en compagnie de son chat et de son poisson rouge. Ses seules visites sont celles d’une racaille du quartier qui lui apporte du lait… et une poche de sang ! Serait-il réellement un vampire ? Dans ce cas, peut-être que Sarah pourrait ramener sa mère à la vie... Et pourquoi pas devenir immortelle avec le reste de sa famille…

Forte d’une détermination à toutes épreuves, la jeune femme se rapproche de l’homme pour tenter de percer son secret, sans savoir qu’elle s’est déjà largement engouffrée dans un bourbier bien plus grand et invraisemblable que le vampirisme !

Avec ce diptyque, l’auteur présente un Webtoon aux inspirations nippones incontestées, notamment dans les traits de visage de son héroïne. Mais impose un style plus proche du Comics qui donne un hybride appréciable. Un encrage épais, minutieux qui se retrouve ponctué de touches rouges rappelant l’importance du sang dans cet ouvrage. Une poche d’AB+ pour sustenter Samuel et son chat ; un poisson rouge ou une coccinelle, aussi innocents l’un que l’autre dans cette aventure morbide ; une robe, du mobilier, … de quoi accentuer l’esthétisme glauque et intrigant rappelant le célèbre Sin City de Frank Miller. De même que le mélange entre détails très contemporains, comme les ordinateurs ultra fin, les smartphones, la date sur la tombe de la mère de Sarah (décédée en 2018) et les coiffures de certaines protagonistes plutôt vintages, à l’instar des tenues scolaires dans les flashbacks qui permettent d’unir les différents personnages entre eux.

Son scénario est dans la même veine : une approche du deuil fantastique, imagé mais authentique (inspirée par le décès du frère de l’auteur), qui s’étiole vers la folie en fin d’album. Une perte expéditive à l’instar du décès de Brianna Connaway qu’on découvre aussi tragiquement que l’héroïne !

Car ce qui n’était qu’une expérience ayant mal tourné sur la personne de Samuel, se révèle être une enquête mystique d’Oliver et Lilas qui remontent à tâtons la piste des morts exsangues, la quête désespérée de Sarah qui rêve d’immortalité, … pour mieux se précipiter vers un délire foudroyant autour de l’héroïne. Ce qui peut perdre quelques lecteurs en passant, mais surtout de terminer d’hameçonner la plupart, avides de réponses promises dans le second et dernier tome.

Dans tous les cas, peut-être un remède non pas à la mortalité, mais à la perte d’un être cher comme ce titre le fut d’une certaine façon pour Raùl Treviño lors de son écriture dès 2018.

©Raul Trevino / Kotoon