Loin de l’idée stéréotypée du nain médiéviste, Kardum n’a ni barbe, ni hache et encore moins de carrure trapue et carrée. Au contraire, si nous n’avions pas ce bonhomme dessiné en pieds sous les yeux : difficile de dire que ce visage-là soit associé à ce buste court sur jambes qui va avec. Dès lors, pas étonnant qu’il soit atypique et décide de quitter la verrerie artisanale de son défunt père pour se lancer dans les affaires.
Convaincu qu’il peut changer le cours de sa vie pour un avenir plus radieux, tant pour lui que pour sa mère, il part pour la cité forge qui décline. Aux yeux de tout un chacun, c’est la ruine, pour Kardum c’est le premier pas vers la fortune. Plein d’audace et d’intelligence, il va réussir là où d’autres ont échoué, détournant certaines règles tacites à son avantage (comme par exemple vendre des armes à des Orcs et des Gobelins). Il n’en faudra pas beaucoup plus pour faire sa fortune et le placer dans la ligne de mire de la banque de fer.
Cette dernière refusant qu’un nain indépendant fasse fortune, sans vouloir rendre de comptes. C’est ainsi que nous retrouvons l’héroïne du septième tome, Derdhr du Talion, devenue Seigneur de la banque de fer. Celle-ci, toujours manipulatrice, fait montre de divers stratagèmes pour mettre notre héros au plus mal et lui faire perdre tous ses acquis...
Une aventure plus coutumière des elfes, artisans durs en affaires, que des nains, d’autant que celui représenté en héros dans ce tome ressemblerait presque à un homme, même dans sa façon de parler et d’agir. Le trait graphique va d’ailleurs dans ce sens où souvent, ce sont des portraits rapprochés de lui qui figurent dans les cases, laissant peu de place à son corps qui est, de plus, souvent positionné de sorte qu’on ne puisse remarquer sa petitesse, tantôt assis, tantôt sous les draps...
Une qualité graphique qui non seulement ne rend pas justice aux nains, mais pas non plus à ses protagonistes. Stéphane Créty semble plus talentueux pour dépeindre des scènes de batailles ou encore Orcs et Gobelins que de mettre en valeur des personnages aux teints plus pâles comme le nain, les Hum et les elfes. Un manque de constance qui se ressent à chaque page, ce qui gâche quelque peu l’album qui n’est pas des plus traditionnels.
Une appréciation en demi-teinte donc pour ce volume qui s’est voulu différent, mais peut-être un peu trop.
(par Marc Vandermeer)
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Nains T12 : Kardum du Talion. Scénario : Nicolas Jarry. Dessin : Stéphane Créty. Éditeur : Soleil. Couleurs : Digikore Studios. 56 pages. Sortie : le 24 octobre 2018. Prix : 14,95 euros.
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