Franco est mort. En cette année 1975, l’Espagne respire un air meilleur. La démocratie prépare son retour. Pour le petit Jaime, 9 ans, l’école n’a de sens que pour sa passion : le dessin ! Plus tard il sera peintre, comme les plus grands. Et les passions politiques de sa famille le laissent plutôt indifférent. Les années passent, et le talent de Jaime se précise. Et s’il choisissait plutôt la BD ? Mais autour de lui, une autre passion réunit tout le monde : la musique, et plus précisément le hard rock. Jaime a trouvé ses deux poumons.
Après avoir évoqué ses parents (Les Guerres silencieuses) et ses grands-parents (Jamais je n’aurai 20 ans) Jaime Martin propose une biographie personnelle. Il s’agit bien ici de sa vie d’ado et de jeune artiste. Les années de maturité et les événements récents n’ont qu’une petite place dans ce volumineux album. L’intérêt du récit tient dans les fils qui se croisent. D’un côté, un destin individuel, qui coïncide avec l’arrivée d’une BD mature, innovante, moderne, venue notamment de France. De l’autre, la découverte du heavy metal, avec une profusion de références précises et pertinentes, symboles du succès massif du genre au début des années 1980. Et plus en retrait, la politique, avec les premiers gouvernements démocratiques, la Movida, les mouvements sociaux. Et aussi, pas si loin, l’identité catalane.
L’émotion de ce troisième volet de mémoires familiales se développe d’autant plus qu’on a lu les deux albums précédents. Derrière l’amertume et parfois la violence (chez les jeunes, en particulier), l’art et la culture se dressent en rempart contre l’ennui et des destins plombés. Inutile donc de vénérer comme l’auteur les Ramones et Motörhead pour trouver cette énergie unique qui permet de résister à la plupart des turpitudes.
(par David TAUGIS)
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Nous aurons toujours 20 ans - Par Jaime Martin - Dupuis - traduit de l’espagnol par Alexandra Carrasco-Rahal