Trois copains qui survivent au milieu des zones miteuses de Hong-Kong, loin des tours rutilantes et des businessmen tirés à quatre épingles. Misérables, s’accrochant à de minuscules petites fraudes alimentaires qui permettent d’effacer en partie le noir des journées qui passent.
Et quand l’un d’eux se blesse, comme il n’est pas question de consulter un médecin, un des membres du trio évoque les propriétés curatives de la viande de chien...
Voilà bien longtemps que la BD d’Asie n’avait pas penché ses crayons sur un thème social. Pourquoi j’veux manger mon chien constitue une chronique assez juste de la galère dans cette région du monde. La solidarité qui unit les trois copains est à la fois émouvante et pathétique. Le lecteur s’aperçoit bien vite qu’ils ne peuvent pas grand chose les uns pour les autres, si ce n’est entretenir une solidarité naïve et impuissante.
L’arrivée du chien dans l’intrigue amène un élément quasi fantastique dans l’histoire, le personnage blessé vivant autant cette intrusion dans la réalité que dans son imagination. La deuxième partie de l’album oppose assez bien les deux rôles possibles de l’animal, mais le final s’avère plutôt abscons.
Le dessin rageur de Ah Ko n’épargne personne : les visages sont durs, anguleux, fermés. Les paysages -quand ils apparaissent- demeurent sombres et froids. La maladresse de certaines cases (notamment dans les plans de face) gêne parfois la lecture, de même que des rendus très inégaux concernant les figures canines.
Un manhua qui touche plus par son thème que par son graphisme, avec un éclairage inédit des laissés pour compte du boom économique chinois.
(par David TAUGIS)
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