Les auteurs nous présentent un personnage central en proie à des cauchemars récurrents, mettant en scène un massacre de civils palestiniens dans une église chrétienne 30 ans auparavant. Le roi Richard est de plus sensible aux charmes du pays envahi et alors qu’il n’a jamais été dans ce dernier, reconnaît certains endroits. Le suzerain se révèle opposé à l’usage de la force lors du siège de Saint Jean d’Acre au grand dam de ses vassaux. Seule Paranoïa, son aide de camp et espionne de Saladin, se réjouit de cette attitude.
A la lecture du paragraphe précédent, on pourrait croire que cet album est sanglant, plein de bruit et de fureur, traité dans des tons noirs et rouges, noirs comme la mort, rouges comme le sang. Erreur, fatale erreur ! Cet opus est drôle, burlesque, farfelu, solaire. Il sent bon le sable chaud, les personnages sont truculents, les situations épiques.
Le scénariste Brrémaud confirme ici le sens du comique sur fond de réalité historique qu’il avait déjà utilisé dans Robin Hood ou Sexy Gun. Il campe des héros aux caractères bien affirmés et ne néglige pas les seconds rôles.
Bertolucci signe son premier album en France après de nombreuses années au service de Walt Disney Italie. Il a choisi de créer une bande dessinée animalière, chose de plus en plus rare actuellement. L’utilisation d’animaux lui permet de dédramatiser la violence du scénario. Il n’hésite pas non plus à accentuer le côté cartoonesque de certaines scènes.
Un excellent premier volume d’une série prometteuse avec une fin des plus angoissantes. Un dessinateur qui, après Sokal ou Guarnido, excelle dans la représentation d’animaux aux trognes réjouissantes. Un scénario habile alliant humour et suspense historique. Tout ces éléments donnent envie de lire rapidement la suite des aventures de Richard Coeur de Lion en croisade.
(par Erik Kempinaire)
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