Au milieu du Ve siècle, l’archipel britannique est dans une paix relative après des décennies de pillages et de combats, suite à l’affaiblissement de l’administration romaine.
En 439, un puissant émissaire de l’église de Rome, fait irruption dans un monastère pélagien. Sa mission est de s’assurer que les règles monacales sont conformes au dogme de l’église chrétienne. En fouillant les cellules, Germain tombe sur un manuscrit qui a été dérobé dans un secteur interdit de la bibliothèque.
Le jeune moine Ninian est puni et emprisonné pour ce vol mais grâce à son ami, le novice Kadog, il parvient à s’échapper de son cachot. Ninian et Kadog fuient ensemble, poursuivis par les cavaliers lancés à leurs trousses. En effet, les deux fuyards sont issus d’une vieille lignée druidique, infiltrés dans le monastère à la recherche d’indices et d’écrits sur la Pierre de Fal, disparue depuis des siècles.
Cette pierre sacrée a été dérobée par une horde de barbares bien des temps auparavant, alors que les druides priaient devant cette relique dans l’étrange et antique monument de Stonehenge. La découverte du manuscrit dans la bibliothèque et la perspective du pouvoir surnaturel de la Pierre de Fal attisent les convoitises de ces protagonistes issues de Bretagne, d’Irlande et de Rome. Car la pierre est l’unique porte qui mène à l’épée de Nuada, une arme dont la possession est synonyme d’un très grand pouvoir !
Malgré l’épaisseur de cette intrigue, c’est très progressivement que Corbeyran dévoile les éléments de son récit dans ce premier tome de Stonehenge. Après un départ tonique, l’ambiance monacale prend le dessus avant que l’ensemble ne s’accélère à nouveau grâce à la multiplicité des pistes et des événements relatés. Une fois de plus, sa maîtrise du médium "bande dessinée" lui permet de doper son récit par un découpage habile.
La vraie découverte de Stonehenge tient au talent d’Ugo Pinson qui signe là son premier album. Les fans de la ligne claire comprendront rapidement qu’on peut faire la BD de bien des façons. Réalisée à l’huile, chaque planche de Pinson est un tableau où la couleur se transforme en matière. Les scènes n’en deviennent que plus intenses, même si c’est parfois au détriment de la lisibilité.
Stonehenge débute donc sous les signes de la différence graphique, du mystère d’une époque rarement évoquée en bande dessinée, et de l’intérêt de ses personnages. Maintenant que le cadre est posé, cette alchimie devra encore transmuter pour que la magie fasse effet dans le deuxième de cette trilogie.
(par Charles-Louis Detournay)
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