C’est un curieux livre que celui-là. Celui d’un survivant que son grand âge et une certaine flemme à assister des débats par rapport auxquels il était toujours un peu décalé avait dispensé de se rendre un jour fatal dans la rédaction de Charlie Hebdo. Non-francophone Willem a toujours su profiter de cette "barrière de la langue" -qu’il maîtrise cependant parfaitement avec l’accentuation gutturale d’origine néerlandophone- pour produire un texte étrange, parfois fautif, souvent poétique.
Son dessin noir et tranchant -une ligne claire aux accents expressionnistes- fait parfois penser, jusque dans son humour, au dessinateur italien Gabrielle Galantara (1865-1937), la grande figure graphique anticléricale de L’Asino.
Curieusement chapitré, cet ouvrage revient sur les grands thèmes du moments : les ambigüités de l’occident face à l’immigration, face à la mondialisation, face à l’Islam et aux autres religions, face au drame syrien...
On frémit devant l’évocation des attentats de Charlie et sur ses conséquences : ses "amis" curés, rabbins, imams et popes, la nécessité de créer avec un entourage de protection policière pour pouvoir s’exprimer "librement"....
C’est toute la névrose de notre temps qui passe dans ces images.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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