On ne pourra pas dire que le lecteur est trompé par le titre : toutes les anecdotes tournées en dérision dans cet album ont bien été vécues par l’auteur. Certes, parfois "légèrement" exagérées, mais toujours authentiques. Cyril Pedrosa fait partie de ces écologistes militants qui tentent d’appliquer dans leur vie quotidienne les préceptes peut-être un peu trop théoriques prônés par la mouvance "verte". Et l’homme étant ce qu’il est, il n’est pas toujours simple de concilier développement durable, protection de la nature et long trajet en voiture ou envie de saucisse cocktail. Mais Pedrosa a le bon goût de s’en amuser et l’élégance de se prendre lui même comme modèle pour décrire cet écolo bourré de contradictions.
Le premier tome ayant été vendu à 7.000 exemplaires, score fort honorable pour un sujet tout de même beaucoup plus pointu que celui du Retour à la terre de Manu Larcenet, rien n’empêchait la réalisation d’un deuxième, si ce n’est le manque d’inspiration de l’auteur. Fort heureusement pour le lecteur, l’écolo urbain possède en lui un réel potentiel comique, source de gags pour plusieurs tomes. Et l’on retrouve avec délice dans ce tome 2 Cyril, sa femme et ses deux enfants, acteurs principaux de la grande aventure de l’écologie, celle que l’on rencontre au bout de la rue. Celle des sacs péruviens tout pourris, des consoles de jeu interdites à la maison, des maudites côtes de blette, des coop bio assassines pour le porte-monnaie, des discussions avec des chasseurs. Une aventure où les grandes aspirations se confrontent à la dure réalité, et où c’est souvent cette dernière qui gagne... L’homme est faible, et le militant écolo est aussi un homme.
Loin d’être un tract électoral pour les Verts, Autobio est surtout l’histoire de Cyril qui lutte contre ses instincts pour être en accord avec ses convictions. Évidemment, et ça n’étonnera pas les lecteurs de Fluide Glacial, l’idée est surtout de se payer, sur le dos du héros, une bonne tranche de rigolade (sans OGM bien sûr). Le résultat est tendre, vachard et très drôle. Dans le genre biopic, on connaissait La Guerre d’Alan d’Emmanuel Guibert, il faudra donc compter dorénavant avec Cyril, le (pas toujours très) fier soldat de l’écologie.
(par Thierry Lemaire)
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