BD à Bastia 2022 : le festival terminé, les expositions continuent

Difficile de revenir en quelques lignes sur un festival court mais dense, réunissant une vingtaine d’autrices et d’auteurs participant à onze expositions, des rencontres et des ateliers, le tout en accès libre et gratuit. Rappelons qu’ActuaBD fait partie des partenaires médias les plus fidèles de BD à Bastia et qu’il était possible d’avoir un aperçu de la plupart des expositions sur notre page Facebook.

Un choix s’impose. Concentrons-nous donc sur les expositions encore visibles quelques semaines à travers la cité corse. Elles représentent plus de la moitié de la programmation et sont l’occasion de comprendre la ligne directrice du festival tracée entre diversité graphique et ouverture à la jeunesse et à l’international.

L’invité d’honneur de cette édition 2022 était le dessinateur Hugues Micol, qui signe l’affiche du festival. Il n’était pas question, même dans le cadre prestigieux du Musée d’Arts et d’Histoire de Bastia, d’offrir une rétrospective exhaustive de son travail. L’exposition Mai Sottumessi (« Indomptés ») s’articule autour des originaux de son récent livre Agughia (Dargaud, 2021), écrit par la scénariste Loo Hui Phang, récit d’anticipation se déroulant en Corse. Le sombre Scalp (Futuropolis, 2017), le passionnant Black Out (Futuropolis, 2020) et l’étonnant Whisky (Cornélius, 2018) complètent cette déambulation dans une œuvre mélangeant autant les genres que les techniques.

Jusqu’au 7 mai au Musée de Bastia.

Photographe, graphiste, dessinatrice, Elene Usdin est loin d’être une artiste en herbe. Elle a pourtant été l’une des grandes révélations de l’année 2021 grâce à sa bande dessinée René.e aux bois dormants éditée par Sarbacane. L’exposition en présente des crayonnés et des planches en couleurs, de ces couleurs éclatantes qui éveillent la curiosité avant de s’imprimer sur la rétine et de s’ancrer dans la mémoire. Pour la première fois, une exposition met en regard des dessins de l’autrice et ses photographies. Échos de formes, de motifs et de couleurs : le dispositif donne encore davantage de force aux œuvres. Et permet de voyager jusqu’aux États-Unis, avec la série We are Woodbridge, issue d’un séjour à Detroit, sujet du prochain roman graphique d’Elene Usdin.

Jusqu’au 30 avril à L’Arsenal - Musée de Bastia.

De la chevalerie (2016) et Éveils (2021) parus chez Atrabile ont permis de faire connaître Juliette Mancini, autrice singulière dont le travail mêle recherche et originalité graphique, introspection pudique et réflexion politique. Interrogeant les pesanteurs familiales et sociales, elle tisse des récits en dessins fragmentés, aux résonances à la fois intimes et féministes. Son exposition présente des esquisses et des originaux de ses deux ouvrages, ainsi que cinq gravures récentes, plus sombres, donnant un avant-goût d’une publication à venir.

Jusqu’au 6 mai à la galerie du Centre culturel Una Volta.

Diplômée de la Haute École des Arts du Rhin, Marie Mirgaine a signé plusieurs albums jeunesse chez Les Fourmis Rouges et Albin Michel. À l’aise avec différentes techniques, elle s’est illustrée avec ses collages, vifs et colorés, très poétiques.

Jusqu’au 6 mai à la galerie du Centre culturel Una Volta.

L’Américain Jeremy Bastian est un prodige. Ses planches donnent le tournis par leurs compositions et leurs détails. Il peut passer jusqu’à deux à trois mois sur certaines d’entre elles, pourtant plus petites qu’une feuille A4. Sa série en cours La Fille Maudite du Capitaine Pirate, publiée par Les Éditions de la Cerise, est un phénomène encore trop méconnu. Renvoyant graphiquement à Albrecht Dürer et à Gustave Doré, aux récits d’aventures maritimes comme au surréalisme de Lewis Carroll, La Fille Maudite du Capitaine Pirate, dont la fin n’est pas encore prévue, happe et emporte le lecteur.

Jusqu’au 6 mai à la galerie du Centre culturel Una Volta.

Illustratrice diplômée des Arts Déco de Paris, Julia Spiers manie la gouache, l’aquarelle et les ciseaux pour s’adresser en priorité aux enfants - même si ses livres toucheront tous les lecteurs. La fraîcheur de ses images, la douceur de ses couleurs et la poésie enfantine des thèmes abordés enveloppent les visiteurs, diffusant une sérénité un peu espiègle qu’un accrochage à hauteur d’enfant rend encore plus plaisant.

Jusqu’au 7 mai à la Bibliothèque centrale de Bastia.

Le dessinateur Matthias Picard, l’un des habitués des Éditions 2024, a été invité en résidence à Bastia. Trois jours d’exploration de documents anciens en compagnie de l’équipe des Archives départementales de Haute-Corse, cinq jours de travail avec une classe de 5e - donc avec des jeunes de douze ou treize ans - entre novembre 2021 et janvier 2022 ont permis l’écriture et le dessin d’une aventure ayant pour cadre le bâtiment des Archives. Résultat : une exposition et un livret co-édité par le Centre culturel Una Volta. Et la preuve, si besoin en était, que la pédagogie, la découverte et la création artistique font bon ménage.

Jusqu’au 6 mai aux Archives de Haute-Corse à Bastia.

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