Né à Saint-Jean-de-la-Ruelle (Loiret) le 21 avril 1949, Philippe Bertrand a eu le parcours typique d’un auteur-illustrateur de la génération issue des années 1970. Il fait ses débuts dans la presse post-68 comme Partisans ou L’Idiot international de Jean Edern-Hallier. Comme bien de jeunes artistes de sa génération, il pousse la porte du Charlie Mensuel de Wolinski en 1974 et contribue à la presse d’humour alternative, de Charlie-Hebdo à La Gueule ouverte ou Surprise
Son premier album, A cet instant aux antipodes (Albin Michel, 1981), prépublié dans Charlie signe sa manière : un trait aigu, glacé, à l’érotisme raffiné. Pilote Mensuel, dirigé par Jean-Marc Thévenet l’accueille à son tour et le distingue avec Linda aime l’art (1985, quatre albums dont trois chez Dargaud et un aux Humanoïdes Associés), librement adaptés en dessins animés chez Canal+. Il passe ensuite chez (A Suivre) avec Olympia (1988), sur scénario de Jean-Marie de Busscher, un récit au charme délicieusement suranné.
Charlie, Pilote, (A Suivre), Métal Hurlant, mais aussi l’éphémère BD… Bertrand est de tous les combats pour la BD nouvelle, tout en assurant une abondante production d’illustrations pour de nombreux supports de presse : Le Monde, Lui, Stratégies, Télérama, Ça m’intéresse, L’Express, L’Événement du jeudi, Chic…
Il touche même au domaine du livre la jeunesse avec Les Petits délices (Seuil Jeunesse), sur un texte d’Elisabeth Brami, puis La Bataille des légumes qu’il écrit seul chez Naïve tandis qu’il expérimente les nouvelles technologies avec un jeu interactif, Bugmonsters sur CD Rom chez Montparnasse Multimédia. Ce plasticien est aussi peintre et designer notamment pour des décors de théâtre ou la grande verrière de la FNAC Étoile à Paris (avec Guillaume Saalburg).
Le « grand public », il le touche enfin grâce à une collaboration avec le romancier Frédéric Beigbeder Rester normal (Dargaud, 2002) suivi de Rester normal à St Tropez (2004) où les années « fric » de la Bulle Internet sont impitoyablement tournées en dérision.
Ce compagnonnage avec les écrivains se poursuit avec L’Amour cash de Tonino Benacquista (2008) et avait même atteint son point culminant avec le ravissant Montespan (Delcourt, 2009) qu’il avait adapté de Jean Teulé, un des ouvrages les plus remarquables de ces derniers mois.
Philippe Bertrand nous quitte en pleine gloire.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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