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Disparition de Philippe Bertrand

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 17 mai 2010                      Lien  
Nous apprenons aujourd’hui le décès du dessinateur de BD, illustrateur de presse et pour la jeunesse Philippe Bertrand, à l’âge de 61 ans. Atteint par un cancer foudroyant, il venait de livrer il y a quelques mois son chef-d’œuvre, Le Montespan, tiré d’un ouvrage de Jean Teulé.
Disparition de Philippe Bertrand
Linda aime l’art (1985)
Dargaud

Né à Saint-Jean-de-la-Ruelle (Loiret) le 21 avril 1949, Philippe Bertrand a eu le parcours typique d’un auteur-illustrateur de la génération issue des années 1970. Il fait ses débuts dans la presse post-68 comme Partisans ou L’Idiot international de Jean Edern-Hallier. Comme bien de jeunes artistes de sa génération, il pousse la porte du Charlie Mensuel de Wolinski en 1974 et contribue à la presse d’humour alternative, de Charlie-Hebdo à La Gueule ouverte ou Surprise

Rester normal avec Frédéric Beigbeder
Ed. Dargaud

Son premier album, A cet instant aux antipodes (Albin Michel, 1981), prépublié dans Charlie signe sa manière : un trait aigu, glacé, à l’érotisme raffiné. Pilote Mensuel, dirigé par Jean-Marc Thévenet l’accueille à son tour et le distingue avec Linda aime l’art (1985, quatre albums dont trois chez Dargaud et un aux Humanoïdes Associés), librement adaptés en dessins animés chez Canal+. Il passe ensuite chez (A Suivre) avec Olympia (1988), sur scénario de Jean-Marie de Busscher, un récit au charme délicieusement suranné.

Le Montespan, adapté de Jean Teulé
Ed. Delcourt

Charlie, Pilote, (A Suivre), Métal Hurlant, mais aussi l’éphémère BD… Bertrand est de tous les combats pour la BD nouvelle, tout en assurant une abondante production d’illustrations pour de nombreux supports de presse : Le Monde, Lui, Stratégies, Télérama, Ça m’intéresse, L’Express, L’Événement du jeudi, Chic…

Il touche même au domaine du livre la jeunesse avec Les Petits délices (Seuil Jeunesse), sur un texte d’Elisabeth Brami, puis La Bataille des légumes qu’il écrit seul chez Naïve tandis qu’il expérimente les nouvelles technologies avec un jeu interactif, Bugmonsters sur CD Rom chez Montparnasse Multimédia. Ce plasticien est aussi peintre et designer notamment pour des décors de théâtre ou la grande verrière de la FNAC Étoile à Paris (avec Guillaume Saalburg).

Le « grand public », il le touche enfin grâce à une collaboration avec le romancier Frédéric Beigbeder Rester normal (Dargaud, 2002) suivi de Rester normal à St Tropez (2004) où les années « fric » de la Bulle Internet sont impitoyablement tournées en dérision.

LeMontespan adapté de Jean Teulé
Ed. Delcourt

Ce compagnonnage avec les écrivains se poursuit avec L’Amour cash de Tonino Benacquista (2008) et avait même atteint son point culminant avec le ravissant Montespan (Delcourt, 2009) qu’il avait adapté de Jean Teulé, un des ouvrages les plus remarquables de ces derniers mois.

Philippe Bertrand nous quitte en pleine gloire.

Philippe Bertrand
Photo ; DR

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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6 Messages :
  • Disparition de Philippe Bertrand
    18 mai 2010 07:42, par Patrick Gaumer

    Nous avions eu l’occasion de travailler plusieurs fois ensemble, en France et en Allemagne — expo "Paroles d’Artistes", etc. —, et nous nous croisions de temps à autre. Trop peu. Philippe était un être discret, sensible, d’une grande délicatesse. Mes pensées vont à ses proches.

    Tu me manques beaucoup, l’ami.

    Patrick Gaumer

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  • Ciao Philippe
    18 mai 2010 08:40, par Farid Boudjellal

    Nous nous sommes croisés il y a quelques années, au moment de l’adaptation de "Linda aime l’art" pour canal+. J’ai réalisé le story-board d’un épisode et notre collaboration s’est arrêtée là.
    Ton dessin se prête bien à l’animation car il est parfaitement codifié.
    Merci Philippe de m’avoir ouvert les bras à un moment où je tirais la langue.

    Répondre à ce message

    • Répondu par loisel le 18 mai 2010 à  16:49 :

      Je n’ai pas grand chose ni anecdotes à raconter sur ce diable d’homme ...je le croisais de temps en temps, soit dans un festival,soit dans les bureaux de chez Dargaud du temps de Charlie, début des année 80 .
      Nous avons toujours eu un très bon contact entre nous .
      Je crois que l’on s’appréciait tout simplement.
      La dernière fois c’était au festival d’Angoulème 2010...
      Voilà,mon Philippe,j’avais juste envie de te saluer une dernière fois.
      Que les Dieux bons t’accompagnent,l’ami.

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      • Répondu par Rosse le 18 mai 2010 à  18:49 :

        Je l’avais rencontré en tout 3 fois, dans des fêtes Humanos et Dargaud. J’ai toujours été un véritable admirateur de son travail, "À cet instant aux antipodes" est pour moi ce que la bd peut offrir de plus merveilleux. Je lui déclarai mon admiration, il était bien entendu très gêné, embarrassé même... il travaillait en plein sur "Linda aime l’Art". On a toujours tendance à circonscrire un artiste aux oeuvres qui nous ont marquées. Philippe Bertrand me prouva qu’un véritable artiste se doit d’être innattendu. Et même si je ne l’ai pas connu sur un plan personnel, son attention et sa profonde humilité- et la qualité de la production qu’il nous laisse font que je me décide à intervenir ici, pour rendre hommage à un artiste qui m’a beaucoup marqué.

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  • Disparition de Philippe Bertrand
    21 mai 2010 21:06, par Jean-Frederic Minery

    in memoriam
    http://bededicaces.free.fr/Img/Dedics/ 0007130.png
    Un très agréable souvenir.
    Sale nouvelle.

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  • Disparition de Philippe Bertrand
    21 mai 2010 22:56, par Christian Gaudin

    Ben merde alors ! Je l’appréciais énormément depuis notre rencontre au mensuel SEXPOL circa 1975 où je travaillais et publiais mes premiers crobs. Pour moi c’est le dernier lien avec cette époque qui part. Je l’ai suivi dans toutes ses mutations graphiques avant de le publier au Humanoides Associés (Linda aime l’Art), c’était un homme libertaire délicieux et drôle, toujours pret à partir vers de nouvelles aventures tout en travaillant avec les meilleurs et on était toujours heureux de se rencontrer en festival ou aux enterrements des vieux potes.
    Bon ben ce coup-ci c’est le tien alors salut Philippe et merci, tu vas moi aussi me manquer, fuck.

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