On peut cocher les cases : Astérix et Obélix ont visité La Gaule, la Germanie, l’Italie, l’Egypte, l’Angleterre, la Grèce, l’Espagne, la Corse, l’Afrique du nord, la Suisse, la Belgique, le Moyen-Orient, l’Atlantide, l’Écosse, l’Inde et le Nouveau Monde. Alors où ?
Dans la planche qui nous est montrée dans le Journal du Dimanche, Panoramix, passablement endormi, se réveille en sursaut ayant reçu un appel médiumnique d’un vieil ami qui l’appelle à l’aide.. L’allusion à Tintin au Tibet est suffisamment marquante (on y retrouve l’échiquier...) pour que ce ne soit pas un hasard. Et si un album au Tibet offrait aux héros une pérégrination sur la Route de la soie ? Pourquoi pas. Historiquement, des échanges ont bien eu lieu entre empires romains et chinois. Dans son interview au JDD, Jean-Yves Ferri, le scénariste de l’album déclare : « On peut dire que ce pays n’existe pas aujourd’hui en tant que tel » .
La situation pourrait correspondre à celle du Tibet aujourd’hui province dite autonome de la République populaire de Chine. Cependant d’autres territoires connaissent des situations équivalentes, Sahara occidental, Haut Karabakh, Taïwan, …
Interviewé par ailleurs sur la radio RTL, le scénariste laisse songeur en précisant que la planche en question : « n’est même pas une page de l’album, mais une page bonus, qui annonce un petit peu ce qui va se passer… » Pour rajouter à la confusion, l’exclamation de Panoramix est cachée par un cartouche « confidentiel » pour ne pas « divulgacher ». Dans le JDD, il explique : « le druide crie quelque chose de très précis qui aurait pu vous mettre sur la piste… ».
Un album sans Uderzo
Le voyage est l’occasion de collectionner les stéréotypes pour mieux les détruire, dans la plus pure tradition d’un René Goscinny, né à Paris puis ayant émigré à l’âge de deux ans en Argentine pour y vivre 17 ans durant avant d’aller à NewYork et ne revenir vivre en France que grâce à un job décroché en Belgique. « J’aime bien les étrangers : j’ai été étranger moi-même pendant longtemps » déclarait-il. On comprend pourquoi.
Ferri vivant dans l’Ariège et Didier Conrad, le dessinateur, aux États-Unis, les auteurs en titre d’Astérix sont en télétravail depuis bien longtemps avant le confinement. La fin des crayonnés est annoncée pour janvier et l’encrage pour fin juin. Mais cet album a un goût étrange puisque c’est le premier pour lequel Albert Uderzo -qui avait été mis au courant du sujet- n’a pas pu apporter ses critiques puisqu’il est allé rejoindre son ami Goscinny dans l’Olympe des grands créateurs le 24 mars dernier. Sic Transit Gloria Mundi, dirait Jules.
Une rentrée très gauloise
Entre le journal et la radio, c’est le futur proche qui se dessine. Ainsi, on comprend que s’il faut une autre star gauloise en cette rentrée, ce sera sans doute Idéfix dont la série animée sera diffusée par France Télévision à partir de Septembre. Ce sujet-là est développé dans le JDD, alors que pour la bande dessinée, Jean-Yves Ferri annonce sur RTL que le petit chien sera aussi du voyage : « il aura même un rôle important. »
Voilà une communication qui semble savamment orchestrée pour une licence en bonne forme. En encadré dans le JDD, Céleste Surugue, directeur général des éditions Albert René annonce que les ventes d’albums de fond de la série étaient en progression en 2020, s’établissant à 750 000 exemplaires et notamment Astérix et la Transitalique paru en 2017 où un personnage portait le nom de Coronavirus. En confidence à RTL, Jean-Yves Ferri ajoute que le nouvel épisode ne parlera pas de pandémie : « J’ai parié sur le fait qu’on en soit sorti, mais il y a quand même forcément quelques allusions. »
Toujours à la radio, le scénariste prédit « Un titre qui donne envie ». Reste environ 290 jours pour lever le voile petit à petit.
Voir en ligne : Ecouter l’interview de Jean-Yves Ferri sur RTL
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
(par Laurent Melikian)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Illustrations © Les Éditions Albert-René - René Goscinny, Albert Uderzo, Jean-Yves Ferri, Didier Conrad.
Participez à la discussion