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Hervé di Rosa rend hommage au 9e art à la galerie Huberty-Breyne

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 1er juillet 2023                      Lien  
Nous n’avons pas tant que cela de peintres contemporains français universellement connus. Hervé di Rosa en fait partie. Fondateur de « l’Art modeste » auquel il consacre un musée à Sète depuis 2000, il est aussi le cofondateur avec Ben du mouvement de la Figuration libre où l’on retrouve, outre lui-même, Robert Combas, Richard Di Rosa, Rémi Blanchard, François Boisrond, Louis Jammes, Catherine Viollet mais aussi leurs homologues américains : Keith Haring, Jean-Michel Basquiat, Kenny Scharf, Tseng Kwong Chi, Samantha McEwen… Dépassant le Pop Art, ce mouvement revendique une mixité avec toutes les cultures de tous les pays, mais aussi de tous les arts, parmi lesquels la bande dessinée. Pour Hervé di Rosa, elle joue un rôle particulier bien mis en avant par une exposition à la galerie Huberty-Breyne de Matignon-Paris. Non seulement ses créations rendent hommage aux grands classiques de la BD franco-belge comme Tintin, Lucky Luke ou Astérix, mais aussi à des icônes un peu oubliées comme Le Vieux Nick ou Chlorophylle. Il nous raconte sa démarche.

Issu, comme Boisrond, de l’École nationale Supérieure des Arts décoratifs de Paris, dont il n’est pas diplômé, Hervé Di Rosa s’adonne à la peinture vers l’âge de 18 ans. Il est très tôt exposé à Paris, Amsterdam ou New-York.

Un tour du monde l’amène à découvrir artistes et artisans des cinq continents. Au bout de plus de 40 ans de carrière, il collectionne plus de 150 livres d’art sur son œuvre et plus de 200 expositions personnelles. Ses œuvres figurent aussi bien dans des grandes collections privées que publiques.

Hervé di Rosa rend hommage au 9e art à la galerie Huberty-Breyne
Du clin d’oeil à Tintin ou aux Schtroumpfs...

Il vit aujourd’hui et travaille au Portugal, mais il n’a pas oublié la bande dessinée pour autant, lui qui publia jadis dans Charlie Mensuel. Il a été nommé récemment à l’Académie des Beaux-Arts et était présent lors de l’intronisation de Catherine Meurisse.

BDi Rosa

Or donc, voici que la Galerie Huberty-Breyne l’accueille en son sein. Huberty-Breyne, une galerie de bande dessinée ? Oui, da. Et même dans une expo intitulée : BDi Rosa. C’est oublier que, depuis plus dix ans, le galeriste bruxellois s’emploie à faire dialoguer la bande dessinée et l’art contemporain. On se souvient de l’exposition marquante aux Cordeliers à Paris « Quelques instants plus tard… », transportée ensuite à Angoulême et à Bruxelles.

Pour Hervé Di Rosa, dont l’amour pour la bande dessinée est également revendiqué depuis longtemps, ce lien est naturel : « La bande dessinée a été pendant des années, mon seul accès, aux images avec la télévision et le cinéma. Elle me constitue au même titre que l’École Nationale des Arts décoratifs, ma fréquentation des musées ou la lecture des livres d’art. La bande dessinée est constitutive de ma formation… » mais il ajoute aussitôt «  Je suis avant tout un fan de bandes dessinées  ! »

... à Astérix ou...
Lucky Luke, Hervé Di Rosa s’approprie les icônes de son enfance.

Bon, il n’est pas le premier à utiliser le 9e art dans la peinture. Lichtenstein, Warhol ou Errò l’avaient annexé au domaine des Beaux-Arts, la considérant comme un « Pop Art ». « Ils citent la bande dessinée et l’imagerie populaire en général, commente Hervé di Rosa. Ils les agrandissent, les mélangent, et en transforment souvent les textures. Il me semble que pour moi la bande dessinée fait partie de la construction-même de mes peintures. Ces auteurs font partie de mon panthéon autant que Jérôme Bosch, Paolo Uccello et Jean Dubuffet. Il me semble aussi que ces artistes déplacent la bande dessinée du support Magazine ou comics vers la galerie ou vers le musée. Dans mon cas, j’essaie d’inventer des images qui deviennent des peintures dans l’espace de la galerie ou du musée. Ensuite, ces images migreront vers d’autres supports comme le dessin animé. Comme Tintin était le symbole de la bande dessinée et Mickey, le symbole du dessin animé, Je voulais que René [son personnage fétiche à l’œil unique. NDLR] soit le symbole de l’art contemporain. Mes personnages sont créés pour figurer dans des expositions et non pour être imprimés. »

Hervé Di Rosa par Victoire Di Rosa.

Quand on déambule dans la galerie, les amateurs de BD que nous sommes repèrent certes, Tintin et Lucky Luke, mais aussi des références bien plus rares telles que Gil Jourdan de Tillieux, le Foufi de Kiko ou encore Le Vieux Nick de Marcel Remacle qui sont peu familiers aux lecteurs contemporains : « J’aime énormément de choses en bande dessinée, convient Hervé di Rosa, mais il est vrai que la magie de mon enfance est très liée au magazine Spirou qui était mon magazine préféré dès que j’ai pu lire. J’aimais aussi beaucoup Pif avec Jean-Claude Forest, Kamb et Hugo Pratt. Et dans une moindre mesure, le journal de Tintin avec des personnages comme Bernard Prince ou Bruno Brazil. Mais les stars m’intéressent peu. Je suis beaucoup plus touché par les véritables artisans de la bande dessinée que sont Will, Tillieux, Macherot, Remacle, etc. J’aime aussi, les auteurs italiens qu’on trouvait en France en petit format Populaire : Elastoc et Cie.
Et puis, en grandissant sont arrivés Pilote, puis très vite Métal Hurlant et au même moment la bande dessinée américaine. Les comics de Marvel et DC arrivaient en France . Et encore plus tard la revue de Pascal Doury et Bruno Richard, « Elles sont de sortie
 », et la celle des Bazooka, « Un regard moderne  ».

Avec des références plus rares : ici Gil Jourdan de Maurice Tillieux...
Les Peanuts de Charles Schulz

Il résume ainsi son apport de la bande dessinée à son art : « De mes 10 ans dans les années 1970 à mes 20 ans dans les années 1980, la bande dessinée a vécu des mutations extraordinaires. Passant d’une industrie pour enfants a un médium majeur du XXe siècle. J’ai vécu ces années, semaine après semaine, chez mon marchand de journaux et tout cela a définitivement imprégné ma peinture. »

Cela donne en tout cas des images à la fois nostalgiques et souriantes, bien de notre temps.

... ou encore la pulpeuse Natacha

Voir en ligne : LE SITE DE LA GALERIE

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

BDi Rosa
Galerie Huberty-Breyne Paris Matignon
Jusqu’au au samedi 29 juillet 2023
36 avenue Matignon, 75008 Paris
Mardi > Samedi 11h00 - 19h

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