Un cavalier est mort, piétiné par son cheval. Comme il s’agit du fils d’un comte, la mort sera considérée comme un crime. Reste alors à trouver un coupable. Le cheval aurait été perturbé par le passage d’une truie ? Va pour le jugement de la truie ! S’ouvre alors un procès qui attise tant la curiosité que les bas instincts. Le juge se réjouit par avance d’asseoir son pouvoir grâce à une audience spectaculaire, au cours de laquelle il pourra réaffirmer le bon ordre social : le sien. Hors de question qu’un pauvre porcher fasse ombrage à la vie d’un comte. Les seules questions valables sont alors : de quelle manière sera tuée la truie ? Et qui s’appropriera ses meilleurs morceaux ? Et de quel montant le porcher devra-t-il s’acquitter pour payer les frais du procès ?
Mais rien ne se passe comme prévu. Un avocat, cherchant à retrouver sa réputation passée, cherche à connaître précisément les faits, une idée que personne ne semblait avoir eue jusque là... Grâce à la relation particulière qu’il entretient avec une corneille, il établit le déroulé précis de la mort du cavalier, et transforme le procès en farce qui place le tribunal devant ses incohérences, sous les vivats d’un public hilare.
Le dessin de Damien Vidal est simple, se contentant de représenter ses personnages dans un décor épuré. La dimension fabulaire du scénario de Laurent Galandon est apportée par les animaux qui, dans un langage daté qui sied bien au contexte médiéval, commentent la comédie humaine. Leur sensibilité est également mise en avant, notamment chez la pauvre truie, battue, éloignée de ses petits et se dirigeant vers un funeste destin.
Sous ses atours de théâtre bouffon, cet ouvrage offre une pertinente réflexion sur la justice, les inégalités, et le traitement fait à celles et ceux qu’on méprise. En parallèle du procès, la relation entre le juge et sa jeune épouse pointe qui est le vrai cochon... Un final inattendu et réjouissant apporte un peu de justice dans cette facétieuse histoire.
(par Damien Boone)
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