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Mort de Jean Giraud / Moebius : Recueillement et hommages

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 12 mars 2012                      Lien  
Il était le plus important de nos auteurs contemporains : à la fois classique et moderne, expérimentateur et expérimenté, populaire sans craindre d'être cryptique, à la fois rationnel et surréel, commercial et d'avant-garde : c'était le Janus de la BD française, montrant en permanence les deux faces indissociables de notre métier.

Il a disparu discrètement un samedi, prenant tout le monde de court. Si nous savions depuis plusieurs mois déjà qu’il combattait, comme on dit pudiquement, une "longue maladie". Il le faisait avec courage, détermination et conscience, et avec ce qui caractérise sa carrière entière : de la curiosité.

On peut résumer son parcours en disant qu’il s’est attaqué à tous les mythes modernes : le cinéma, la littérature, l’art, la politique, la sagesse philosophique,... avec les moyens qui étaient les siens : une intelligence pénétrante et une incroyable puissance du dessin.

Quand on demandait à André Franquin quel était le meilleur dessinateur de son temps, il répondait sans hésiter : Jean Giraud.

Sa première BD est publiée en février 1956 dans la revue Far-West de Marijac à sa sortie des Arts Appliqués où il était entré à l’âge de 16 ans. C’étaient Frank et Jérémie, une BD semi-humoristique, de western, déjà.

Il n’arrêtera plus jamais de produire, ses premiers travaux se faisant pour la très puissante presse confessionnelle de cette époque : Fripounet & Marisette, Cœurs Vaillants, ou pour les publications western alors présentes en kiosque : Sitting Bull, entrecoupés d’un séjour fondateur de neuf mois au Mexique, où s’était établi sa mère, et son service militaire, notamment en Algérie.

Le tournant décisif de sa carrière a lieu en 1961 quand il devient l’apprenti de Joseph Gillain, alias jijé. Éclairé par le génie du Belge, comme Franquin ou Morris avant lui, il travaille sur le plus beau western européen de l’époque, Jerry Spring, et progresse rapidement : il assure l’encrage de La Route de Coronado qui porte incontestablement sa patte. Il travaille ensuite avec Jean-Claude Mézières pour Hachette, un ami qui l’accompagnera très longtemps notamment dans Pilote, l’hebdomadaire fondé par Goscinny, Uderzo & Jean-Michel Charlier, créant avec ce dernier la série Blueberry, chef-d’œuvre du Western contemporain.

Mort de Jean Giraud / Moebius : Recueillement et hommages
Un hommage-détournement par son éditeur danois Carsten Sondergaard
(C) Dargaud

Donnant à son personnage le physique de Belmondo, l’un des acteurs fétiches de la Nouvelle Vague du cinéma français, on comprend très vite que Blueberry, qu’il signe Gir, saura rapidement s’écarter des sentiers de la tradition. Anti-héros splendide, Blueberry accompagne le mouvement d’un cinéma de western qui déconstruit le mythe hollywoodien, de Sam Peckinpah à Sergio Leone.

Du western, il était passé à un autre mauvais genre : La science-fiction. Pour l’aborder, il s’était inventé un deuxième nom : Moebius, en hommage à l’anneau du même nom symbolisant l’infini.

Infini... Tel était le monde de Moebius qui débute dans les pages d’Hara Kiri ou sur les couvertures des éditions Opta, passe par Pilote le temps d’une Déviation, puis dans L’Écho des Savanes pour le très engagé Cauchemar blanc pour aboutir à la création de Métal Hurlant et des Humanoïdes Associés avec ses complices Druillet et Dionnet, aussi allumés que lui. Dans les pages de Métal, il fusionne avec le non moins allumé cinéaste Alejandro Jodorowsky dans la série L’Incal, une référence de la BD de Science-Fiction. Ses créations font le tour du monde.

1975 : La bande des fondateurs des Humanoïdes Associés : Farkas, Dionnet, Druillet & Moebius
DR. Photo de Claude Gassian.
http://www.claudegassian.fr/

La consécration commence à dépasser le seul cercle de ses pairs. Le cinéma avec lequel il flirte en expert depuis un certain temps le sollicite quand il ne le plagie pas comme dans Blade runner : Tron, où il expérimente les premières images numériques pour le cinéma, Alien dont il réalise les designs, Le Cinquième élément où il travaille en complicité avec Mézières, Les Maîtres du Temps de Laloux, etc.

Marvel et Stan Lee lui confient le Surfer d’Argent le temps d’un épisode... De grands noms de la BD et du cinéma le vénèrent : George Lucas, Osamu Tezuka, Hayao Miyazaki, Katsuhiro Otomo, Jiro Taniguchi, Matthieu Kassovitz qui adapte son Cauchemar blanc... Il devient une valeur d’Art contemporain, expose à la Fondation Cartier, les prix de ses dessins s’envolent...

Tout cela vous a été raconté ces dernières heures et le moment est venu au recueillement, aux retrouvailles avec les œuvres de celui qui fut, plus que d’autres, un créateur d’univers.

Hommages

Depuis samedi, les hommages se multiplient, nous en avons recueillis quelques-uns glanés plus ou moins au hasard :

Libé met en une Moebius aujourd’hui avec un dessin de Bilal
DR

Jim Lee : " Putain de réveil au milieu de la nuit où j’apprends que Jean Giraud (Moebius) vient de casser sa pipe. Une énorme influence et un vrai visionnaire. Nous avons perdu le meilleur." (Sur Facebook)

Benoit Peeters : "Je ne sais si l’heure est à dresser des Panthéons. Mais si la bande dessinée doit en ériger un, Moebius en fait bien sûr partie, aux côtés de Töpffer, McCay, Herriman, Hergé, Franquin, Goscinny, Tezuka et quelques autres (je ne cite que des disparus). Parce que c’était un prodigieux artiste d’abord. Parce qu’il s’est imposé dans des genres et des styles étonnamment divers. Parce qu’il est l’un de ceux qui ont réellement fait grandir la bande dessinée en même temps que ses lecteurs. Parce qu’il aimait prodigieusement ce médium, même s’il ne se privait jamais de dépasser ses frontières. Mais aussi parce qu’il était un vrai personnage : on était toujours curieux de voir ce qu’il pensait, quelle surprise il préparait, dans quelle nouvelle quête il allait se lancer. Même ses égarements avaient quelque chose de fascinant. Il y a beaucoup de grands auteurs aujourd’hui, mais il n’y avait qu’un seul Moebius-Jean Giraud-Gir."

Paolo Coelho : "Le grand Moebius est mort aujourd’hui, le grand Moebius est encore vivant. Ton corps est mort ce jour mais ton travail reste plus vivant que jamais." (Sur Twitter)

Neil Gaiman : " Nous voulions travailler ensemble. J’avais écrit Sandman : Endless Nights story, Death in Venice pour lui, mais sa santé était défaillante et c’est finalement P. Craig Russell qui la dessina. Six mois plus tard, sa maladie connaissant une petite rémission, il me demanda si je pouvais lui écrire une petite histoire, environ 8 pages avec une image par page ; j’écris pour lui l’histoire Destiny, également pour la série Endless Night. mais sa santé périclitait encore davantage et c’est Frank Quitely qui la dessina. Aussi bien Craig que Frank firent un boulot magique mais au fond de moi-même, j’étais triste, car j’avais toujours espéré travailler avec Moebius. Je sais maintenant que ce ne sera plus possible." (sur son blog)

Thierry Groensteen : "Jean Giraud-Moebius reste pour moi l’unique exemple d’un dessinateur ayant fait école dans deux styles différents. Il était un passeur de mondes, un explorateur sans pareil. L’un des rares artistes de la bande dessinée à avoir su brancher l’invention graphique sur les forces de l’inconscient. Le Garage hermétique de Jerry Cornelius reste un livre d’une liberté et d’une modernité inouïes ; et les six volumes du récent Inside Moebius attestent à la fois de la modestie de ce géant et d’une inventivité toujours intacte."

Un petit hommage de Michel Janvier
(C) M. Janvier

Bastien Vivès : "Triste nouvelle. J’ai eu la grande chance de le croiser quelque fois et de dîner avec lui lors de la remise de sa Légion d’honneur... Chaque fois que l’on se croisait, il ne se souvenait pas de mon visage mais de mon dessin, on peut le dire c’était un amoureux du dessin... Je resterai émerveillé par la modernité de son trait, là où d’autre se sont embourgeoisés et ont perdu leur dessin, lui n’a fait que de rajeunir et son trait était de plus en plus beau. C’est un grand monsieur qui nous a quitté, il avait toujours l’œil du côté de la nouveauté et de la curiosité. Les générations qu’il a traumatisées pourront enfin être libérées."

Patrick Gaumer : "Comme toute ma génération, je l’ai découvert « en direct »… avec Blueberry, bien sûr, mais aussi toutes ses illustrations pour Opta. J’avais en face de moi un auteur qui me parlait, qui me faisait prendre conscience que ce qui était encore considéré comme un aimable passe-temps pouvait se révéler « autre » chose ; quelque chose qui ne tarderait pas à m’accompagner jusqu’à l’âge adulte. En ces années de contre-culture, tout se mêlait, la BD, la S-F, la musique… Cette liberté affichée d’un Garage hermétique, d’un Arzach. Ah, la première couverture de Métal ! Cette gueule grande ouverte. Et cette histoire en couleurs directes — pas sûr que l’on employait déjà l’expression ? —, sans le moindre dialogue. Giraud, Moebius, c’était tout ça. Un joyeux méli-mélo de BD, de S-F. de joyeux délires et de réflexions plus graves…. Son Cauchemar blanc, dans l’Écho, un récit dénonçant le fascisme rampant, si prémonitoire.

Plus tard, à la librairie Temps Futurs, j’appris à le connaître, un peu. Notre première conversation portait, je crois, sur la politique. Nous avions taclé ce vieux réac d’Heinlein et n’en avions pas moins convenu que son Podkayne, fille de Mars était un roman formidable. Nous nous verrons ensuite chez lui, dans le 14ème, puis à Montrouge. L’occasion de refaire le monde. Je me souviens de sa découverte d’un Amiga, de ses premières compositions informatiques. Une préhistoire qui aboutira à son Quatre-vingt-huit, l’un de ses plus formidables bouquins. Une image, aussi, d’un Jean tout tendre embrassant Yvan Delporte. Une autre, encore, avec Miyazaki. Tout se bouscule. J’ai envie de relire ses albums. Mes pensées les plus affectueuses vont à ses proches."

Richard Marazano : " Nous étions en 1988, j’avais 17 ans et me piquais d’écriture de scénario... Jean Giraud prit la peine et le temps de lire ce que j’avais commis, il m’écouta longuement et ne fut pas avare de remarques et de conseils. Puis il me recommanda auprès de Guy Vidal à l’époque directeur de collection aux Humanoïdes associés et jean-Paul Mougin chez Casterman. C’est avec ce parrainage que je faisais mes premières rencontres "de métier"... Nous nous revîmes plusieurs fois dans les 24 ans qui suivirent, toujours de façon informelles. Nous n’étions pas intimes, mais toujours il savait partager en même temps qu’il savait écouter et observer. Voilà Moebius, disponible et vif en toutes circonstances, toujours émerveillé, toujours en éveil, de cette vie que l’on retrouve dans chacun de ses dessins, créant des liens invisibles et pourtant bien réels." (sur Facebook)

L’hommage du dessinateur israélien Michel Kichka
(C) Kichka

Jacques Terpant : " Bernadette Soubirou en santiags, la vérité m’apparut. Le monde de la bande dessinée avait basculé. Sur cette pierre, qui elle n’était pas noire des péchés des hommes, mais lumineuse, à coup de colorex de mauvaise qualité, là , il y avait là de quoi bâtir une vie de dessinateur. Bien sûr, Dieu avant avait exploré d’autres voies, aidé par le paléo-saint Virgil Finlay, avec la Déviation, dans Pilote, il avait déjà éclairé d’autres pistes, ô combien prometteuses !

Disciple fidèle, je prêchais la bonne parole sur papier pendant des années. Je n’écoutais pas les lecteurs impies qui me disaient : « heu... moi je préfère la couleur, comme dans Tintin, quand c’est bien plat entre les traits noirs ». Pardonnez leur, Père, ils ne savent pas ce qu’il font.

Dieu me parla une fois au tout début dans une brasserie de Lyon, c’était l’époque du pape Dionnet, le grand propagateur de la foi. J’admirais la façon dont il descendait parmi nous, allant jusqu’à danser le rock et sourire aux filles qui lui parlaient. Complaisant avec les marchands du temple qui le faisaient noircir de dessins, les pages de leurs bréviaires. Car les anciens dieux dont il était le dernier, étaient ainsi, commerçants avec les mortels, accessibles au plaisir, à l’angoisse, à l’humour.

Bien sûr il parlait de l’avenir, d’un monde où nos enfants vivraient heureux, avec des cristaux qui songent, dans des déserts puissants, ou sur des petits astéroïdes paradisiaques. Mais je n’étais que l’un de ses modestes curés de campagne, de ceux qui savent, avec le pape Dionnet, qu’après les Romains viennent les Barbares, je continuais à enluminer du papier, mais j’avais jeté les colorex de mauvaise qualité." (sur son blog)

Si vous voulez vous exprimez ou si vous voyez des hommages intéressants, postez-les ci-dessous en nous mettant le lien.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Lire aussi :

- Jean Giraud - Gir - Moebius : In memoriam

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Lire nos articles récents : la consécration par la Fondation Cartier pour l’art contemporain, et son dernier album grand public, relançant Arzak.

Lire la première, la deuxième et la troisième partie de notre longue interview de Moebius/Jean Giraud.
Lire la chronique du Chasseur déprime, et l’annonce de la suite d’Arzak

 
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35 Messages :
  • Numa Sadoul sur facebook :

    "JEAN GIRAUD, samedi 10 mars 2012, à 8h 30. Un ange de plus s’est élevé dans cet univers d’air et de grâce qu’il avait construit. Jean Giraud, je ne vais pas vous faire l’affront de vous dire qui il était. Moebius, encore moins. Jean, ceux qui le connaissaient et l’aimaient en avaient une perception changeante, adaptative. Moebius ou Gir, ceux qui lisaient leurs oeuvres en percevaient également d’autres aspects. C’est que lui, Giraud, il était un cristal. Un pur cristal à multiples facettes taillées avec soin. Chacune de ses facettes irradiait une lumière différente, que chacun recevait différemment. Mais si le cristal exposait infiniment ses lumières diverses, en lui-même il était un bloc immuable, puissant, gardant son axe fort pour se guider dans l’obscurité du monde. J’ai eu le privilège, durant toutes ces décennies, d’accompagner ce cristal, de me réchauffer à son éclat. Pratiquement jusqu’à son dernier souffle, j’étais auprès de lui et de sa famille. Je l’aimais comme un frère, mais un frère double, à facettes encore. Un grand frère, parce qu’il était un pur génie, que j’apprenais sans cesse avec lui, un maître. Un frère impressionnant, une stature de géant. Mais un petit frère aussi, parce qu’il était fragile, vulnérable, à la merci du premier frimeur qui passe, parce qu’on pouvait si facilement lui faire du mal. Ce petit frère-là, j’avais envie de le protéger, de le câliner comme un enfant. Aujourd’hui, sa belle âme s’est envolée. Pour rejoindre toutes ses créatures dans le panthéon qu’il avait créé. Ou d’où il était venu, allez donc savoir. Avec les anges de cette envergure, tout est possible. J’imagine qu’il reste encore un peu avec nous, avant d’aller rejoindre, peut-être, un jour, un nouveau corps en gestation. Et ce corps qui l’accueillera, croyez-moi, il aura de la chance."

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    • Répondu par MelissariLouis le 23 janvier à  14:58 :

      Bonjour,
      Jean dessinait quasiment tous les jours ces planches de Blueberry d abord au crayon puis à l encre de chine...dans la maison de ma grand mère à Soindres à-côté de Mantes La Jolie.
      J étais ÉMERVEILLÉ par ces dessins, ces couleurs son goût du travail bien fait, c était pour moi Incroyable d aboutir à une telle beauté... Jean était calme et s intéressait à tout. Pour se reposer j ai fait quelques partie d échec avec lui...
      Je vais le faire connaître à mes petits enfants, l un préfère Bluberry l autre Moebius.
      Louis - Luigi.
      Le 23 janvier 2024.

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  • un lien qui recense des hommages et autre documents

    http://memoires-hermetiques.tumblr.com/

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  • hommage à Moebius
    12 mars 2012 16:18, par Pedro Morais
  • Mort de Jean Giraud / Moebius : Recueillement et hommages
    12 mars 2012 21:43, par Michel Dartay

    Jean-Pierre Dionnet (co-fondateur de Métal Hurlant) a relayé l’info sur facebook, et sa page perso regorge de témoignages et documents rares. Courrez y vite !

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    • Répondu par Bungalow Bill le 12 mars 2012 à  22:52 :

      Pourriez vous poster l’url de la page facebook de Jean-Pierre Dionnet s’il vous plait ? Je ne parviens pas à la trouver.

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      • Répondu par Michel Dartay le 12 mars 2012 à  23:58 :

        Pour voir ces documents, il faut être inscrit sur Facebook, et être ami avec JPD. Les deux sont gratuits, je ne fais pas la promotion de FB ! Il s’agit d’une simple information !

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        • Répondu par Poa le 13 mars 2012 à  09:24 :

          Hello. Justement, si on vous pose la question sur cette page FaceBook (moi aussi je l’ai posée et elle n’apparait pas), c’est que nous sommes bien évidemment inscrits sur FB… et que la seule page de Dionnet qui apparait a été mise a jour pour la dernière fois le 30 janvier et n’aborde évidemment pas le décès de Moeb.
          Peut-être s’agit-il d’une autre page, enregistrée sous un autre nom ?
          Merci d’avance.

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          • Répondu par Michel Dartay le 13 mars 2012 à  17:20 :

            Non, non, pas d’autre nom, il s’agit bien de la page FB de Jean-Pierre Dionnet

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  • Mort de Jean Giraud / Moebius : Recueillement et hommages
    13 mars 2012 03:18, par la plume occulte

    J’ignore si c’est légal,un blog qui embrasse l’œuvre du maître dans un panorama représentatif de sa création.A l’heure du recueillement où les mots sont superflus:les images gardent leurs sens.Des heures de contemplation en perspective. theairtightgarage.tumblr.com/archive

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    • Répondu par la plume occulte le 13 mars 2012 à  10:01 :

      http://theairtightgarage.tumblr.com/archive. http://theairtightgarage.tumblr.com je crois que là c’est mieux !

      Le maître était une référence internationale,on le voit:c’est l’occasion de prendre une leçon sur la véritable vision internationale qu’ont d’autres pays de ce média à travers les différents liens.Pour qui voudra bien c’est une mine !C’est l’enseignement minimum à tirer de l’universalité d’un tel artiste.

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      • Répondu par Bart le 13 mars 2012 à  11:19 :

        Quel trip, ce lien ! Là, on mesure l’importance de la chose. Merci. Ce n’est pas très légal mais le meilleur des hommages (surtout si on lit ceux des "VIP").

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        • Répondu par Jimi le 13 mars 2012 à  21:54 :

          Effectivement l’annonce médiatique mise à part celle de libé n’a pas été à la mesure , à la dimension de l’artiste , surtout en France et c’est regrettable ! En même temps on l’a célébré dans de belles expo de son vivant !
          Mais ce Monsieur a explosé les désirs créatifs de tellement de dessinateurs...
          Une chose surtout , je découvre encore des illustrations que je n’avais jamais vu !
          A quand une intégrale de tous ces dessins , ces illustrations ???
          On en trouve sur le net , des carnets complets mais ou peut on trouver les bouquins d’intégrales ??
          Son épouse envisagera t elle de publier des dessins inédits , de nous faire partager le contenu de certains de ces multiples sinon milliers de carnets ???????
          Afin qu’il continue à chaque publication de nous surprendre encore et encore ....

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  • Mort de Jean Giraud / Moebius : Recueillement et hommages
    13 mars 2012 06:30, par FACELINA Vincent

    Merci Didier Pasamonik ! Bel hommage.

    Merci aussi à Numa Sadoul.

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  • Au hasard du net, tombé sur ce site offrant une floppée de vidéos où le grand homme bouge encore...

    Avec l’excellentissime "Tac au Tac" réunissant Jijé, Forest, Pratt et bien sûr Jean Giraud : http://wn.com/Jean_Giraud

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  • Moebius a foutu le camp , une légende est née...

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  • Triste ; un artiste, plus qu’un dessinateur nous a quittés.
    Il avait ; parait-il ; terminé depuis longtemps les scenarii de blueberry 1900 (blueberry dans les dernières années de sa vie) ; il n’avait pas trouvé encore de dessinateur pour l’achever.
    j’espère, qu’après sa mort ; ses textes seront illustrés....de meme pour la trilogie Arzak dont un seul tome est parus à ce jour...ce serait formidable de continuer encore un peu à publier à titre posthume les idées de ce grand monsieur.

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  • Mort de Jean Giraud / Moebius : Recueillement et hommages
    15 mars 2012 17:07, par la plume occulte

    On a vu en Picasso le plus grand dessinateur depuis Ingres.Ingres,emblème de la représentation crue à la précision clinique,qui dans la leçon à ses élèves recommandait :"de suivre le cheminement de Michel-Ange et de Raphael ,qui parvinrent au sublime,en prenant le chemin de l’humilité de la soumission, pour copier tout bêtement."

    Picasso , grand admirateur d’Ingres,affirmait lui :"je ne dessine pas ce que je vois,je dessine ce que je pense."

    Deux citations,deux pensées, deux manières fondamentales d’appréhender le dessin .Voilà de quoi,l’air de rien,changer radicalement la manière de regarder les petites cases pour quelques passionnés !Dans le dessin réaliste s’entend:mais pas que...

    Précisons :

    La visions d’Ingres,la représentation la plus fidèle possible de la réalité,rapportée à la BD est,celle des dessinateurs qui s’appuient sur force modèles et documents photographiques pour affirmer leur travail.C’est en gros l’école Alex Raymond/Al williamson/Stan Drake/Jim Holdaway/Piroton/Jacobs(des derniers albums).....Raymond qui,rappelons-le :avait un dessin fait à 90% d’après photos.

    L’autre école est celle du dessin fait entièrement de mémoire,celle de la réalité ingurgitée et réinterprétée sur le papier.C’est l’école Frazetta/Buscema(on a dit de John Buscema qu’il avait le dessin le plus"naturel" du monde)et d’un Hermann...Buscema,par exemple,à la mémoire visuelle hors norme,qui avait réalisé une adaptation du film "Le Magicien d’OZ" étonnante ,sans documents aucun,juste en ayant vu une fois le film !!!!

    D’autres vont plus loin encore:tel Jeffrey"Catherine" Jones ou Bernie Wrightson,capables,de facilement visualiser une image totalement claire et finie dans leur tête,et n’avoir "plus qu’a"la reprendre fidèlement ensuite un crayon à la main.

    Deux écoles ?Seulement ?Non !Il en existe une troisième,bien sûr,celle intermédiaire des dessinateurs qui utilisent régulièrement des documents photos.Par nécessité,suivant l’humeur,pour se rassurer.C’est l’école la plus courante,celle de Caniff/Manara et...Jean Giraud/Moebius !

    Maître Jean Giraud/Moebius,le virtuose,le génie.Expert ès,aussi,dans l’art d’utiliser les références photos parfaitement assimilées.Grace à l’enseignement de Jijé.Qui lui même appréciait appuyer son travail sur des romans photos...On pourrait approfondir encore le sujet:c’est fondamental,passionnant et il y aurait encore beaucoup à dire,à préciser.Regardez vos petites cases ;dans la BD mondiales les exemples sont nombreux et,devinez qui est de quelle école....Pas si simple:c’est souvent trompeur !

    Mais au fond,qui est Jean Giraud/Moebius ?Un métamorphe ;une hydre,tour à tour des trois écoles à la fois.Un dessinateur brillantissime.Mais encore ?

    Trois fois rien.Regardez son travail/son art !Un sens ahurissant des silhouettes (parfaites) de tout les éléments représentés.Saisis dans leur caractère particulier,avec ce qu’il faut de caricature pour en rendre l’esprit:au point de les rendre familier.Silhouettes modelées(ou pas)avec ce qu’il faut de traits, de hachures ou de taches.Rajoutez un sens inné de la composition,de la profondeur de champs,du volume,DE LA VIE.Tout ça avec un naturel déconcertant.C’est si simple en fait.......quand c’est lui qui le fait !!

    Agaçant surement.Un diabolique qui tutoie les anges !Et quelle spontanéité !

    Jean Giraud /Moebius,c’est l’évidence du geste de l’enfant accoquiné au génie de celui qui a su saisir la substance de la représentation visuelle,l’essence de la vie....

    Ingres encore,qui dans sa leçon disait aussi :"les détails sont des bavards qu’il faut soumettre."Gérer le trop plein,c’est ce qu’a su faire merveilleusement le maître Jean Giraud/Moebius sur ses planches ;quand il a appris,vexé ,que son mentor Jijé ,jaloux de la dimension qu’il prenait,avait dit de lui qu’il n’était qu’un singe savant qui reprenait les solutions graphiques inventées par d’autres.Humilié donc,il a choisi la voie de la surinformation graphique et visuelle.....

    Mais comme Picasso,il a su aussi puiser dans son esprit.Pour en ramener des images suffocantes de démesures.Pour en faire un ailleurs famillier.

    On pourrait parler de tout ça pendant des heures,tant le bonhomme et l’œuvre sont immenses.

    Ingres,Picasso,Jean Giraud /Moebius.Joli classement.

    Vous pouvez le mettre dans l’ordre que vous voulez......

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    • Répondu par J-Phil le 16 mars 2012 à  04:58 :

      ridicule cette histoire "d’écoles", aucun artiste n’en est d’une stricto-sensu, mais ils piochent tous dans toutes les techniques, le plus souvent ils visualisent dans leur tête et dessinent, parfois c’est la mémoire et parfois la doc photo, jamais tout l’un ou tout l’autre, surtout qu’il faut souvent aller vite.

      Penser que Buscema a réalisé une adaptation du Magicien d’OZ sans aucune photo du film sous les yeux est confondant de naïveté. Ne croyez pas tout ce que vous lisez, ou ce que les auteurs disent, comme Sfar qui fait croire qu’il dessine sans crayonné, même ses albums les plus baclés ont été crayonné.

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    • Répondu le 16 mars 2012 à  08:17 :

      c’est une page d’hommage, alors on ne va pas trop en dire, mais quand même, oser comparer Giraud et Ingres... C’est à trois milles lieues, mon ami. Giraud faisait des petites images.

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      • Répondu par la plume occulte le 16 mars 2012 à  23:12 :

        L’art de Jean Giraud /moebius s’adresse à l’esprit ;y voir des petite images en dit plus sur vous que sur lui...........

        Mais c’est une page d’hommage,alors on ne va pas trop en dire !!

        Répondre à ce message

        • Répondu le 17 mars 2012 à  09:42 :

          Hem, comment dire...
          Regardez ce lien : http://www.fineartsla.com/wp-content/uploads/2009/11/Ingres-Comtesse-dHaussonville1-712x1024.jpg

          Et puis regardez celui-là : http://kicswila.over-blog.com/m/article-72940860.html

          Et puis taisez-vous sur le dessin, ça vous évitera de dire des bêtises. La communauté BD a le droit d’être émue par le décès de ce grand auteur de Bande Dessinée qu’est Jean Giraud Moebius. Mais pas d’entamer un processus délirant, où l’on va invoquer Ingres.

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          • Répondu par la plume occulte le 17 mars 2012 à  19:48 :

            Oui bien et après,le but est de démontrer quoi ?

            D’un côté du pur Ingres : avec un dessin très présent et, un gros travail de représentation des étoffes ; ce qui lui vaut d’être admiré ou raillé .De l’autre une couverture de livre.D’un côté une peinture de l’autre une illustration.D’un côté un tableau avec une valeur intrinsèque en tant qu’œuvre d’art seule ,de l’autre une image à but commercial destinée à attirer l’œil vers un contenu et, arrêter un potentiel acheteur.Un aveugle arriverait à le comprendre...Deux buts deux finalité différentes :pourquoi comparer ,opposer deux choses qui n’ont rien à voir.

            Ingres et maître Jean giraud /moebius ont en commun d’être des dessinateurs "intrinsèques" qui ont utilisés la couleur :"Le dessin contient tout, sauf la couleur" disait Ingres.

            Pourquoi dois-je me taire sur le dessin ?Vous voulez garder l’exclusivité de dire des bêtises ?exclusivité encore ,exclusivité toujours !on ne se refait pas....Subordonné,prescripteur ,zélateur !Bel amalgame qui fait les meilleurs inquisiteurs.

            Les fans de BD sont une communauté ?Ha !Vous allez maintenant nous expliquer la différence entre un communauté et une caste.Je vais vous aider:il y en a une qui peut sentir la sueur...

            Détendez-vous,il y a un lien plus haut des plus sympa.Régalez-vous,en silence(!),dans le recueillement émerveillé.Même si je ne doute pas que vous allez y voir des images de plus en plus petites....

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            • Répondu le 19 mars 2012 à  15:33 :

              cher Plume Occulte,

              C’est surtout que la difficulté de réalisation d’une peinture à l’huile académique d’après nature est bien au-delà d’une illustration qu’elle soit à la gouache ou acrylique d’après photo, ou du dessin de bd. Le jour où vous vous en rendrez compte, vous aurez fait un pas en avant dans votre compréhension du dessin.

              Bien à vous.

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              • Répondu le 19 mars 2012 à  18:13 :

                Vous avez raison : comparer Moebius à Ingres est malvenu. C’est à Vermeer qu’il fallait le comparer...

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              • Répondu par Thierry le 19 mars 2012 à  18:42 :

                Avec cette éternel paramètre (au combien stupide) :

                C’est plus long à faire, il a beaucoup sué dessus, alors forcement, ça a plus de valeur artistique, c’est plus beau !

                Typique du contentement bourgeois face à l’art.

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                • Répondu le 20 mars 2012 à  16:04 :

                  Rien à voir avec le temps passé dessus, mais avec la difficulté. Lisez bien et comprenez bien. Vous pourriez peindre pendant dix ans un tel portrait, vous n’y arriveriez pas. Il faut pouvoir le faire, et ceux qui en sont capables, il y en a trois par siècle.

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              • Répondu par la plume occulte le 20 mars 2012 à  20:50 :

                Cher (?),la difficulté n’est significative de pas grand chose,en tout cas pas d’un résultat final.C’est une bien curieuse approche de l’art.Vous voulez dire que la technique de la peinture à l’huile est plus contraignante ?ça n’en fait pas une valeur en soi.

                Chaque année,il sort des diverses écoles d’art dans le monde, une quantité pas négligeable d’artistes capables de peindre techniquement aussi bien que les plus grands classiques. À l’huile,académiquement,d’après nature,suivant votre définition :ça n’en fait pas des génies pour autant.Ils ont simplement assimilé un processus,un savoir faire.

                Un présupposé courant et "idéologique "vous fait mésestimer grandement le talent et les compétences des auteurs BD et des illustrateurs,artistes commerciaux-hé oui !-par opposition à l’art pour l’art, sublime ,pur et désintéressé.Passons....c’est une erreur:ils ont un talent fou !

                Il y a d’ailleurs,en exemple, chez les illustrateurs américains de magazines-qui ont grandement influencé la BD occidentale(Foster,Raymond ,Caniff/Sickles ont commencé comme illustrateurs-Norman Rockwell,Leyendecker en tête ,pléthore d’artistes magnifiques capables de faire des huiles suivant votre échelle de valeur !

                Ha oui:je parle du Ingres dessinateur,pas du peintre....Ingres -et surtout David-à qui la BD occidentale doit beaucoup !

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                • Répondu le 21 mars 2012 à  10:42 :

                  "je parle du Ingres dessinateur,pas du peintre....Ingres -et surtout David-à qui la BD occidentale doit beaucoup !"

                  c’est quoi cette théorie fumeuse, jamais notée dans tous les ouvrages sur ’histoire de la BD ?

                  Répondre à ce message

                  • Répondu par la plume occulte le 22 mars 2012 à  16:01 :

                    J’aurais dû préciser par rebonds successifs.Comme je le souligne plus haut :il y a là matière à approfondir le sujet à préciser,que c’est passionnant ,instructif,révélateur,et potentiellement capable de donner un petit -ou grand !-angle de vue neuf à l’amoureux de petites cases.Ce serait certainement le plus bel hommage à rendre au maître que de partager tout ça:mais ce serait long,prenant,pas forcément mon rôle ni ma place et, surtout le cœur n’y est pas !Et à quoi bon s’en entretenir si les livres d’histoires n’en parlent pas....!!

                    En ce moment le franco-belge me sort un peu par les yeux,et la disparition de Jean Giraud /Moebius ne passe décidément pas.Je ne peux m’empêcher d’y voir comme la fin de quelque chose...Je regarde inlassablement son art,et laisse maintenant le débat aux autres.

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  • Mort de Jean Giraud / Moebius : Recueillement et hommages
    5 mai 2012 16:07, par la plume occulte

    Presque deux mois que le maître nous a quitté ....

    Plus que jamais le lien mis plus haut garde sa force !Où on se rend compte que la "gouaille" graphique et le pinceau de Jean Giraud qui cherchent à raconter valent bien la distinction ,la minéralité ,de la plume de Moebius ,qui visent plus l’instant d éternité.Quel talent !

    On voit aussi comment-principalement dans son travail le plus simple au niveau du détail,le plus ligne claire- il aura saisi la substance du trait de la BD,de son agencement visuel.C’est ce qui le coupera aux yeux de certains de la reconnaissance et de la postérité en tant qu’artiste de l’art prétendu "noble" ;mais sera grand profit en revanche,ce, pour la plus grande gloire du 9 ième art !

    On comprend dès lors la fascination et l’influence qu’il exerce sur tout ces artistes dans le monde:lui qui aura inséminé les quatre grands pôles de production mondiaux de la BD.Unique !

    Scott Allie,éditeur chez Dark Horse ,voit en lui un père spirituel:le Dalaï Lama du dessin.

    Avec le lien présenté plus haut,on a un aperçu de ses travaux non figuratifs,on apprend qu’il aurait pu travailler sur les X-men et pleins d’autres anecdotes...Une mine.Comme il l’aura été lui même.

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    • Répondu par Hey-mag le 6 mai 2012 à  23:48 :

      La couve couleurs d’un Blueberry (la tribu fantôme)s’est vendue samedi dernier à artcurial pour la modique somme de 58 000 euros (sans les frais). La cote de Moebius-Gir est en train de s’envoler, et ce n’est que justice (comme le Doc !!). Dommage que cette reconnaissance arrive si tard...

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PAR Didier Pasamonik (L’Agence BD)  
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