Posy Simmonds dessine la littérature à Beaubourg

Posy Simmonds est née le 9 août 1945 dans le Sud de l’Angleterre. Excellant en dessin et en français, elle autorisée à la fin de son cursus, en 1962, à l’âge de 17 ans, à venir à Paris étudier la civilisation française à la Sorbonne tandis qu’elle étudie aussi le dessin à la Central School of Art de Londres où elle réalise ses premières bandes dessinées très modernes.

Elle devient dessinatrice de presse à partir de 1968, entamant quatre ans plus tard une collaboration suivie avec le célèbre quotidien « The Guardian ». Elle y crée en 1977 la bande dessinée « The Silent Three  », satire malicieuse des « intellectuels de gauche », cœur du lectorat du journal, et ausculte le microcosme littéraire contemporain («  Literary Life »). Elle est nommée « cartoonist de l’année » aux British Press Awards en 1981.

Elle se lance parallèlement dans la littérature jeunesse, avec « Fred  », l’histoire d’un chat ordinaire se muant chaque nuit en rock-star, traduit en France chez Sarbacane. Sa touche est délicate, aquarellée, douce et posée, ce qui contraste avec la tournure parfois dingote de ses histoires.

En 1999, grand tournant, Posy Simmonds débute « Gemma Bovery » pour « The Guardian », un roman graphique très librement inspiré de « Madame Bovary » de Flaubert qui illustre avec délice le petit monde confiné de la littérature anglaise.

L’exposition est rythmée par le nom de ses grandes héroïnes

En 2005, elle poursuit avec un autre portrait de femme : « Tamara Drewe  », un ouvrage couronné en France par le Grand Prix de la critique de l’ACBD. Ce roman graphique est porté à l’écran par Stephen Frears en 2010 tandis que « Gemma Bovery » est réalisé quelques temps plus tard par Anne Fontaine, en 2014.

Son polar de Light Suspense So British « Cassandra Darke  » paraît quant à lui directement en album en 2018 chez Denoël Graphic.

Une touche délicate, dans la tradition du dessin anglais.

Il était donc légitime que Beaubourg accrochât à ses cimaises, après Bretécher, Reiser, Willem ou Riad Sattouf, cette très grande autrice. Le titre de l’expo porte bien son propos : Dessiner la littérature.

Dans cette vidéo, Posy Simmonds explique, dans un français très maîtrisé, comment elle réalise ses romans graphiques et combien son séjour à Paris dans les années 1960 l’a profondément marquée.

Avec comme conseiller scientifique le grand critique anglais Paul Gravett, l’exposition présentée par Isabelle Bastian-Dupleix, Emmanuelle Payen et Zélie Perpignaa de la Bibliothèque Publique d’Information de Beaubourg, nous montre des dessins originaux de ses romans graphiques (« Gemma Bovery », « Tamara Drewe », « Cassandra Darke »), ses livres pour enfants (« Fred », « Lavender », « Baker Cat »…), des illustrations (« Seven Ages of Woman »…), des dessins pour la presse et des travaux préparatoires de l’artiste. Un panorama assez complet de son travail.

True Love, avec une majrité d’inédits.

L’ouvrage True Love – Une Romance graphique comporte, outre une biographie au travers de ses œuvres, 68 pages d’inédits dont le récit complet True Love, inédit en France, son premier roman graphique, et un autoportrait, un entretien avec la journaliste Anne-Claire Norot, qui revient sur 50 ans de carrière. Un indispensable, en somme.