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Power Girl T1 - par Jimmy Palmiotti & Amanda Conner (Trad. Mathieu Auverdin) – Urban Comics

Par Guillaume Boutet le 30 avril 2014                      Lien  
Est-ce un oiseau ? Un avion ? Superman ? Non. C'est Power Girl ! Se trouvant souvent en position d'outsider, la version alternative de Supergirl est fidèle à sa réputation avec la publication inattendue en France d'un titre où elle tient la vedette. En effet, Urban Comics nous propose de découvrir la première série régulière -datant de 2009- de cette héroïne un brin atypique.

Il est parfois, dans l’univers des comics de super-héros, des personnages inconnus ou presque du grand public, souvent un peu incongrus, et qui pourtant bénéficient d’un important capital de sympathie auprès des fans passionnés. Généralement trop peu vendeurs pour avoir leur propre série, ces personnages sont néanmoins très présents dans le paysage des comics, comme adjuvants ou invités de nombreux titres. Power Girl apparaît comme l’un d’eux.

Power Girl T1 - par Jimmy Palmiotti & Amanda Conner (Trad. Mathieu Auverdin) – Urban Comics
© Urban Comics / DC Comics

Kara Zor-L, alias Power Girl, voit le jour en 1976 de façon classique et presque banale. À cette époque, DC Comics décide de relancer officiellement, en tant que série, la JSA (Justice Society of America).

Cette équipe de super-héros, créée en 1940, est la première de l’histoire des comics. En 1960, la JLA (Justice League of America) la remplace avec comme but de proposer une version plus moderne des héros DC Comics, avec certains personnages de la JSA ré-imaginés. Jamais réellement oubliée, la JSA devint par la suite une version alternative de la JLA évoluant sur une Terre parallèle, la Terre-2.

Pour injecter du sang neuf à cette équipe historique naît Power Girl, une version « Terre-2 » de Supergirl. Cependant la kryptonienne de la Terre-2 se démarque d’emblée avec son alter-ego en jupette : cheveux court, plus âgée, arborant un décolleté audacieux et dotée d’un style agressif dans tous les sens du terme ! Le personnage plut et devint populaire en raison sans doute d’un parti-pris fort. Les décennies apportèrent leur lot de développements et, en 2006, suite à «  One Year Later », Power Girl devient présidente de la JSA. Elle quitte ses fonctions de chef suite aux événements de « New Earth » (2009) pour débuter une nouvelle vie. C’est à cette occasion qu’elle obtient sa propre série (si on met de côté la mini-série de 1988). C’est cette série lancée en 2009 que publie aujourd’hui Urban Comics.

© Urban Comics / DC Comics

Cependant en dépit de toute la sympathie que Power Girl peut susciter, elle reste un personnage-niche. On peut donc s’étonner de voir Urban Comics éditer une série où elle tient la vedette, surtout lorsqu’il ne s’agit pas de son titre en cours (Worlds’ Finest, débutée en 2012, où elle se trouve en duo avec Huntress). Est-ce de la part d’Urban Comics une tentative d’utiliser une héroïne sexy pour attirer le chaland ou au contraire une volonté d’ordre féministe de faire découvrir une héroïne qui a du punch ? Au final, peu importe car Power Girl est un titre atypique, qui ne se prend pas au sérieux et qui s’amuse à chambouler certains codes et attentes.

Dans cette série, Power Girl aspire désormais à suivre sa propre voie. Pour cela, elle s’installe à New York et sous l’identité de Karen Starr, elle ré-ouvre Starrware Labs, une société de recherche et développement dont le but est de trouver des solutions aux problèmes écologiques et environnementaux. C’est donc sous l’identité secrète d’une entrepreneuse que nous retrouvons Power Girl. Elle tente tant bien que mal de jongler entre une vie classique de femme moderne et son boulot de super-héroïne, toujours trop envahissant.

© Urban Comics / DC Comics
© Urban Comics / DC Comics

Au scénario, nous trouvons Jimmy Palmiotti qui écrit pour la dessinatrice Amanda Conner, qui se trouve être également sa compagne (à l’époque ; ils sont aujourd’hui mariés). Le tandem fonctionne bien et chacun sait mettre en valeur le travail de l’autre : le récit est décalé, léger, rapide, avec des dialogues qui font la part belle aux pointes d’humour. Le dessin épouse ce ton avec un trait simple, rond, des visages très expressifs et des couleurs chatoyantes. Le tout penche par moment vers le cartoon. À cela s’ajoutent souvent des petits éléments graphiques amusants en arrière-plan ou dans la gestuelle des personnages. Une alchimie parfaite entre le fond et la forme qui construit une ambiance qui se veut fun avant tout.

Le duo n’est pas à son coup d’essai dans ce type de registre décalé. Certains se souviennent sans doute de The Pro (2002), leur one-shot irrévérencieux (réalisé avec Garth Ennis) où une prostituée obtenait soudain des pouvoirs de super-héros et rejoignait un pastiche de la JLA. Si nous avons pu apprécier récemment en France Amanda Corner sur le titre Before Watchmen : Spectre soyeux, c’est avec la nouvelle série sur Harley Quinn (débutée en novembre 2013) que le couple Palmiotti / Conner est de retour pour le plus grand plaisir de leurs fans (prochainement chez Urban Comics ?). Sur ce nouveau titre, Amanda Conner ne dessine malheureusement plus que les couvertures, officiant désormais comme co-scénariste.

À noter d’ailleurs, à propos des couvertures, que, pour l’édition française de Power Girl, Urban Comics n’utilise pas celles des albums originaux réalisées par Amanda Conner, mais des illustrations d’Adam Hughes que ce dernier a dessinées à d’autres occasions.

© Urban Comics / DC Comics

Ce premier tome de Power Girl propose les six premiers épisodes (sur 12) du run de Palmiotti / Conner, avec un bonus de quelques pages avec Wonder Woman. Le premier arc de trois épisodes met en scène une menace a priori sérieuse : un ancien ennemi de notre héroïne tente de détruire Manhattan, provoquant des dizaines de morts, mais la confrontation entre Power Girl et ce méchant se révèle teintée de burlesque, ce qui désamorce en grande partie la tension dramatique. Suivent deux autres histoires (de un et deux épisodes) - dont une avec trois extraterrestres fêtardes -qui sont toutes aussi ironiques et à la limite de la parodie. À côté de ces enjeux super-héroïques, le récit est aéré par les scènes de Karen au boulot, sa recherche d’appartement et les sorties cinéma avec Atlee, alias Terra.

Néanmoins, et malgré l’aspect second degré, il y a une véritable tendresse pour le personnage. Il ne s’agit jamais de se moquer de Power Girl mais de rire avec elle, de ses galères, des situations improbables qu’elle doit gérer en permanence, mais aussi des (nombreuses) allusions à sa poitrine : notre héroïne se fait même draguer à l’hôpital en y amenant un blessé !

Ces aventures de Power Girl n’intéresseront sans doute pas tout le monde. Le côté léger du récit avec ses intrigues sans prétention et abordées sous l’angle de l’humour pourront sembler vaines. Et si l’ensemble n’a rien d’inoubliable, il demeure un ton mordant, porté par des situations et des dialogues haut en couleur, ainsi que par une héroïne fort sympathique. Un récit aux qualités simples mais rafraîchissant, qui fera passer assurément aux fans de la pulpeuse kryptonienne (et peut-être à d’autres) un excellent moment.

© Urban Comics / DC Comics

(par Guillaume Boutet)

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Power Girl Urban Comics ✍ Jimmy Palmiotti ✍ Amanda Conner
 
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2 Messages :
  • "Le côté léger du récit avec ses intrigues sans prétention et abordées sous l’angle de l’humour pourront sembler vaines. Et si l’ensemble n’a rien d’inoubliable, il demeure un ton mordant, porté par des situations et des dialogues haut en couleur"
    C’est peut être ça aussi le comics, loin des "hidden agendas" ou des "re-re-définition" à la new 52 ou à la ultimate. Power Girl, du moins les premiers n°, m’ont fait passer d’excellents moments sans aucune autre prétention et me faisant retrouver, un peu modernisé, le délire de certains comics des années 70 avant l’intellectualisation forcenée que nous vivons. Attention, je dis pas que c’est mal : je dis juste que même si l’on aime le Lagavulin, on peut apprécier, de temps à autres, un petit Ballantine’s Coca.

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    • Répondu par Marco Zanini le 30 avril 2014 à  21:43 :

      Même si ça reste très discret pour l’heure, on a quand même tendance à retrouver une pincée de scénaristes qui tente de dérider un univers DC bien trop serious business et ne proposant qu’un seul et même ton pour la grande majorité de son catalogue.
      A commencer par l’indécrottable duo Giffen / DeMatteis respectivement en charge de séries récentes et très drôles telles que Larfleeze et Justice League 3000. Ou bien encore le très en vue Jeff Lemire en charge de titres avec un ton assez old school et rafraîchissant, Frankenstein, Agent of SHADE et la nouveauté du mois Justice League United.
      En espérant que de ces comics sortant du moule, certains trouvent preneurs du côté d’Urban !

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