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Yslaire reçoit le Prix Diagonale-Le Soir

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) Charles-Louis Detournay le 25 mai 2014                      Lien  
Jeudi dernier ont été décernés successivement au Musée Moof à Bruxelles et à Louvain-La-Neuve les Prix Raymond Leblanc de la jeune création et le Prix Diagonale, tous deux soutenus par les autorités belges et le quotidien belge Le Soir.

C’est dans l’après-midi de jeudi que l’on retrouvait le gratin de la bande dessinée belge (et quelques pièces rapportées françaises) au Musée de l’original, de l’objet et de la figurine (MOOF) situé sous la Gare centrale de Bruxelles conçu par Horta. S’y trouvaient l’état-major du Lombard au grand complet et les membres du jury présidés par Zidrou.

Doté d’un prix de 10.000 € définitivement acquis par le lauréat et d’un contrat d’édition avec les Éditions du Lombard, sous la forme de 10.000 € au titre d’avances sur droits, ce prix, décerné par un jury de professionnels d ela bande dessinée, est sans doute le mieux doté d’Europe. Il s’accompagne également d’une prépublication complète de son œuvre dans le journal Le Soir et d’une master class en présence d’un professionnel du monde de la bande dessinée, membre du jury Diagonale-Le Soir.

Yslaire reçoit le Prix Diagonale-Le Soir
La soirée comporte ses petites particularités. Ainsi, le lutrin est vivant, bouge et réagit selon ses envies et les réactions de la personne sensée faire un discours. Cela sème la pagaille et fait beaucoup rire le public. Première victime de la soirée : Raoul Cauvin !
Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Le prix revient cette année à la Française Hélène V., issue des Beaux-Arts de Tournai, qui assurait scénario et dessins de son projet « La Fille cendrier » qui raconte les pérégrinations d’Harriet Ashtray, 11 ans, fille du capitaine Hashtray, qui a commis un meurtre en poignardant un pirate. Cet acte terrible lui revient onze ans plus tard, changeant sa destinée...

L’un des membres du jury nous fit remarquer que "très peu" de candidats belges s’étaient présentés à ce prix alors que les Italiens et les Espagnols y venaient en nombre, "c’est une vraie curiosité" nous dit-il avec une point de regret. Le prix est cependant soutenu par la Cocof (Communauté francophone de Belgique), la Région de Bruxelles-Capitale, les Éditions du Lombard, le Prix Diagonale – Le Soir et le Moof Museum.

Aux côtés de Zidrou, Helène V. reçoit les conseils avisés prodigués par la doyenne de la soirée
Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Un prix posthume pour Delaby

Le soir-même avait lieu la cérémonie des Prix Diagonale à Louvain-La-Neuve. Jean Dufaux s’étant retiré de la présidence du Prix cette année, c’est Raoul Cauvin qui le remplaçait, le jury en profitant pour attribuer le prix de la meilleure série en à l’attribuant à... Jean Dufaux, mais surtout à Philippe Delaby, décédé en janvier dernier.

"C’est avec émotion et fierté que je reçois ce prix, expliquait Valérie Truffin-Delaby. Philippe qui savait si bien manier les mots serait plus habile que moi à remercier Jean Dufaux et son éditeur Dargaud qui l’ont tellement soutenu dans les moments difficiles. Ce prix permet de ne pas oublier cet artiste doué, et son talent qui restera dans les mémoires."

Beaucoup d’émotion lorsque Jean Dufaux et Valérie Truffin-Delaby rendent hommage à Philippe Delaby.
Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Jean Dufaux prit alors la parole : "Nous avions souvent pensé à décerner le Prix Diagonale à Philippe, car son talent était immense. Mais craignant qu’on nous accuse de copinage, nous avons eu trop de scrupules, ce qui apparaît aujourd’hui d’autant plus idiot et ridicule.

Exposition Delaby à Louvain-la-Neuve
Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Philippe aimait rire et profiter de la vie, mais c’était avant tout un artiste dans toute sa globalité car sa vie n’avait pas toujours été facile, et qu’il avait parfois des difficultés à exprimer les sentiments qui le traversaient. Dans la force de Murena, on retrouvait finalement beaucoup de Philippe. Il y exprimait sa grande inspiration et ce qu’il vivait dans ses émotions. Il s’investissait énormément. Pour autant, Philippe croyait qu’il n’était pas né pour vivre ailleurs que dans le public, il croyait qu’il n’arriverait pas à réaliser la bande dessinée dont il rêvait, mais grâce au travail d’équipe et sa bande de copains, il est parvenu à se hisser au niveau incroyable que vous connaissez. Dans le même temps, il fallait qu’il parvienne à dominer le travail qu’il réalisait sans être dominé par celui-ci. Ce bon vivant nous a donc fait la seule mauvaise blague de sa vie en partant trop tôt. Il n’est pourtant pas vraiment parti, car une grand part de lui reste dans les planches qu’il a réalisées, et on l’y retrouver avec d’autant plus de joie."

Une grande exposition lui est d’ailleurs consacrée ces jours-ci à Ottignies-Louvain-La-Neuve, la ville qui accueille aussi le Musée Hergé, profitez-en pour faire coup double !

Titulaire du prix du meilleur album, Romain Renard tente d’apprivoiser son lutrin.
Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)
Le personnage de son roman graphique Melvile discute avec son auteur primé, Romain Renard.
Photo : CL Detournay
Prix Diagonale 2014 : Parfois difficile de faire son discours, même si l’échevin de la culture de Louvain-La-Neuve était prêt à tout endurer !
En fond sonore, le choeur chante "Ô Happy BD"
Photo : CL Detournay
Il semble que le sérieux ait définitivement quitté l’esprit de cette cérémonie !
Est-ce typiquement belge ?
Photo : CL Detournay

Ensuite, Didier Hamann, rédacteur en chef du soir, est venu remettre le prix Diagonale - Raymond Leblanc - Le Soir : "Nous sommes le plus grand vendeur de bande dessinée en Belgique. Nous avons donc un rôle à jouer dans la création, pour proposer également d’autres choix de lecture.", expliqua-t-il.

Didier Hamann tente de relever le niveau
Photo : CL Detournay

C’est Bernard Yslaire qui reçut le Prix "pour l’ensemble de son oeuvre" des mains du président du jury Raoul Cauvin.

"Moi qui ai toujours la parole facile, je dois avouer que ce moment émouvant ne me facilite pas le débit de parole", avouait Yslaire avec dérision et émotion. "J’ai toujours été porté par l’Eternel Amour. Au moment où je suis rentré chez Spirou, les autres seuls "couples" de héros étaient « Spirou & Fantasio », ainsi que « Tif & Tondu ». La création artistique étaient alors pour moi une nécessité, et c’est ainsi que j’ai créé « Bidouille et Violette. » Puis j’ai prolongé cette thématique avec « Sambre », tout en me rendant compte plus de vingt ans plus tard, qu’il y avait un lien plus fort que j’imaginais entre mon œuvre et mon vécu familial."

Bernard Yslaire voit ses personnages chanter et danser pour lui. Emu, il cherche le regard complice de Raoul Cauvin
Photo : CL Detournay
A l’arrière-plan, les images d’Yslaire nous emportent dans son imaginaire.
Photo : CL Detournay

"Lorsqu’on m’a annoncé que je serais récompensé aujourd’hui, j’ai tout d’abord cru que ce serait un prémice d’enterrement, clôturant tout ce que j’avais pu réaliser. J’ai alors été trouvé ma psychologue préférée, et j’ai compris que c’était plutôt un encouragement à continuer. Et cela tombe finalement bien, car je peux vous promettre que le meilleur est à venir ! Merci donc à ma femme sans qui rien n’aurait été possible, et bien entendu aux membres du jury.

Adolescent, j’avais été présenté mes premières planches aux monstres sacrés qu’étaient déjà Hermann, Dany et Raoul Cauvin. C’est donc un incroyable reconnaissance d’être ainsi adoubé par les gens de la profession, pour qui j’ai tellement d’estime."

La remise du prix se clôtura par une sorte de parodie de comédie musicale mettant en scène les personnages de Sambre et de Bidouille et Violette. Au-delà de la parodie, ce genre de spectacle est peut-être une voie possible pour faire en sorte que la BD touche un public plus grand encore. "C’est une idée à creuser", dirait Pierre Tombal.

La soirée se termine, alors que l’éternel amoureux se retrouve entre Bidouille et Violette.
Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

(par Charles-Louis Detournay)

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