Ils mettent en avant leur Légion d’honneur, leur médaille de Chevalier des Arts et des lettres, leurs Eisner Awards, leur César du meilleur film... Ils sont 748 auteurs vent debout face à une augmentation de la cotisation de leur retraite complémentaire obligatoire à compter de janvier 2016.
Un effort nécessaire de financement des retraites face à une France qui vieillit de plus en plus alors que la population active devrait se réduire dans les années à venir ? Certes. Mais 8% au lieu de 1% précédemment, d’un seul coup, sans concertation avec les personnes concernées, c’est, disent ces auteurs, inacceptable : "Ceci représente l’équivalent de presque un mois de revenus, alors que la plupart d’entre eux ne gagnent pas assez pour payer des impôts et peinent à boucler leurs fins de mois."
Et de tirer la sonnette d’alarme : "Depuis l’annonce de cette réforme, des auteurs, certains très précarisés, d’autres ayant vendu des centaines de milliers de livres, ont déclaré qu’ils abandonnaient le métier. Ils sont écœurés, fatigués et ne croient plus en des lendemains meilleurs alors qu’ils sont les premiers acteurs, et pourtant les plus mal lotis, de la chaîne du livre. Au rythme où vont les choses, leur exemple sera bientôt suivi par de nombreux confrères."
Ceci fait allusion à l’annonce récente de Bruno Maïorana, l’auteur de Garulfo, et de Philippe Bonifay (Le Chariot de Thepsis avec Rossi, Zoo avec Frank Pé...) d’arrêter la bande dessinée : "Aujourd’hui, j’arrête, écrivait ce dernier sur sa page Facebook. Ce monde de l’édition BD ne me convient plus. Je n’y ai jamais vraiment eu ma place, c’est vrai, mais là, c’est trop. La lâcheté méprisable de certains auteurs qui acceptent des conditions de travail inacceptables, l’indécence des éditeurs qui abusent sans vergogne des auteurs pris à la gorge, les libraires qui n’ouvrent plus les cartons et tous ces eunuques cachés derrière leurs écrans qui vomissent leurs impressions inutiles sur des albums si difficiles à faire..."
Le SNAC-BD, le principal organe syndical de la bande dessinée en France, a envoyé hier une lettre ouverte au ministre de la culture Aurélie Filipetti (voir le PDF ci-dessous). C’est la première fois qu’une revendication des auteurs de bande dessinée est exprimée aussi massivement.
Sera-t-elle entendue ?
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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