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9e Art + va-t-il faire main basse sur le Festival d’Angoulême ?

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 13 mars 2015                      Lien  
À la veille de l'Assemblée Générale de l'Association du Festival, propriétaire de l'événement, les inquiétudes se multiplient. L'actuel président est en passe de signer un nouvel accord qui fait hurler certains partenaires du FIBD, dont la Ville d'Angoulême, et ceci toujours sans appel d'offre...

L’Assemblée Générale de l’Association du Festival d’Angoulême a lieu demain. Ses membres ont du pain sur la planche. Selon un article de Bertrand Ruiz publié dans Sud-Ouest (9/3/2015), son président Patrick Auzou s’apprêterait à proposer un contrat qui irait jusqu’en 2020 et qui concèderait à 9eArt+ la copropriété des marques liées au Festival.

"Le Festival BD donné au privé ?" tonne aussitôt Maurice Bontinck dans La Charente Libre de ce matin (13/3/2015) soulignant que la Ville d’Angoulême n’est pas d’accord.

9e Art + va-t-il faire main basse sur le Festival d'Angoulême ?
"Le Festival donné au privé ?" La Charente Libre pose la question.

On se souvient que ce conflit ne date pas d’hier. Entre les financeurs publics (Ville, Conseil Général, Département, État...), l’association qui a créé le Festival depuis plus de 40 ans, et les différents opérateurs qui tournaient autour de cet événement, cela a toujours été la guerre.

Une tentative a été faite de créer un Établissement Public regroupant association, festival et cité de la BD dans une même entité, mais l’association s’y était opposée, préférant confier la gestion du FIBD à un opérateur indépendant, 9eArt+, une SARL créée sur mesure et dirigée par Franck Bondoux, ayant obtenu en 2006, sans appel d’offre, un contrat exclusif de 10 ans (jusqu’en 2017). Fort de cet acquis, Bondoux professionnalisa certes la manifestation qui vivait dans l’insécurité financière jusque là, mais au prix d’un grignotage, année après année, des prérogatives des uns et des autres pour devenir le patron incontestable d’une manifestation qui dispose d’un budget de 4,3 millions d’euros dont 1,9 de subventions publiques.

L’opposition d’un Gilles Ciment, directeur de la Cité Internationale de l’Image, un établissement public, et l’un des principaux lieux logistiques des expositions et des rencontres de la manifestation, ne put résister longtemps à sa détermination.

La dernière étape s’achève : réduire à rien l’association confinée actuellement à une assemblée-croupion sans aucun pouvoir de décision sur le FIBD et faire main basse sur la manifestation au nez et à la barbe de la Ville et des Pouvoirs publics (État, Région, Département, GrandAngoulême, Ville, CCI...) pourtant les principaux financeurs de l’événement. Ce que Sud Ouest intitule pudiquement "un tournant de l’histoire" de la manifestation.

Il n’y a plus qu’à signer

À la Charente Libre, Gérard Balinziala, ancien président de l’Association, ne cache pas son écœurement : « Donc, c’est ça le projet ? Les Angoumoisins payent pour ce festival depuis 40 ans et on va en donner comme ça la moitié à un prestataire privé ? Pourquoi pas donner la moitié du théâtre à son directeur Gérard Lefèvre, puisque lui aussi fait du bon boulot ? »

Demain matin, le président de l’Association, Patrick Auzou, et le patron de 9eArt+, Franck Bondoux, présenteront un document qui devrait être signé en lieu et place du précédent contrat. Toujours sans transparence ni appel d’offre. "Tout est prêt, écrit La Charente Libre, il n’y a plus qu’à signer pour que les marques « Festival de la Bande Dessinée d’Angoulême », « Festival d’Angoulême » et « Festival international de la Bande Dessinée » appartiennent de fait au prestataire privé, nommé « en qualité de représentant exclusif » des marques." Et tant pis pour la Ville d’Angoulême !

Le FIBD : 4,3 millions d’euros dont 1,9 de subventions publiques.

Dans l’association, un certain nombre de membres sont vent debout contre cette convocation en Assemblée Générale précipitée. "Il faut le temps pour étudier cette proposition avec des avocats" nous dit-on. En réalité, certains membres veulent reprendre la main considérant que Patrick Auzou et son Conseil d’Administration ont un peu vite baissé la garde devant 9eArt+. Ils veulent prendre le temps pour étudier la proposition et éventuellement lancer un appel d’offre qui permettrait de s’offrir d’autres alternatives et, a minima, de négocier dans de bonnes conditions avec 9eArt+.

Le président Auzou a beau jeu de dire qu’aucun autre projet concurrent n’a été proposé par quiconque. Mais a-t-il seulement été sollicité ? Il semble que les arrangements dans le secret des cabinets, sans appel d’offre, soient devenus la règle. Au grand contentement de 9eArt+ en passe de triompher sur toute la ligne. Pour le grand bien du Festival ? Là est la question...

Demain, le CA de l’Association du FIBD aura des comptes à rendre...

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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2 Messages :
  • Après avoir écarté l’incontrôlable Académie des Grands Prix - qui ne sert désormais plus à grand chose - et mis la main sur le poste de président du jury, Bondoux poursuit son travail de captation. Efficace, à défaut d’être réjouissant. Et la suite ? Réorienter le FIBD vers des choix plus "bankables" ? Une certaine idée de la bande dessinée est en danger à Angoulême. Heureusement, d’autres évolutions ont lieu, ailleurs.

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    • Répondu par JP auteur le 13 mars 2015 à  17:33 :

      Le FIBD n’a rien d’incontournable, il serait temps qu’on arrête d’aller se cailler les miches en plein hiver dans la cité des courants d’air, ça coûte cher aux éditeurs (pour pas grand-chose), c’est mauvais pour la santé des auteurs et ça ne leur permet même pas de se rencontrer (contrairement aux autres festivals). STOP à la dictature Angoulême !!!

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