Au début des années 1980, dans les quartiers résidentiels de Tokyo, plusieurs clans se regroupent et organisent des rassemblements de motards. C’est ainsi que Takashi, jeune lycéen rejoint ses nouveaux amis, les membres des Zéros. Véritable révélation pour lui, il intègre rapidement la bande et acquiert sa première moto une Honda Hawk qu’un des membres des Zéros lui fournit.
Avec Bakuon Retto s’incarne cette jeunesse pleine de vitalité pour laquelle tout semble possible ! Un profond sentiment de réconfort émane de la dimension humaine du manga, réaliste à souhait, sans exagération de la part de l’auteur. À la charnière de la fin de l’adolescence et de l’entrée dans le monde adulte, Takashi, le héros de l’histoire, découvre soudainement une autre vision de la vie véhiculée par les bosozoku, ces rassemblements de motards, véritables têtes brûlées vivant en marge de la société.
Tsutomu Takahashi nous plonge dans un récit envoûtant proposant de véritables enjeux et de vrais sujets : acceptation ou rejet de jeunes appartenant à un clan, ressenti éprouvé face aux liens de subordination structurant le gang et les modes d’intégration propres à cette dernière.
L’auteur du remarquable Sidooh (au 19e siècle au Japon, deux jeunes frères orphelins affrontent des guerriers de tout horizon) déploie toute l’étendue de son talent grâce à un trait d’une extrême finesse. La série est servie par un dessin fort sombre, s’acclimatant fort bien avec l’ambiance dégagée.
Le mangaka questionne le sens profond de l’existence et la difficulté à devoir se conformer au moule imposé par la société. Ses protagonistes, attachants, dégagent une soif de liberté et d’une ambition hors normes. S’écartant des mœurs traditionnels d’une vie bien rangée, ils se marginalisent peu à peu, cherchant leurs propres repères là où ils se sentent le plus valorisés. Ils défilent à toute allure sur leurs pétaradantes machines !
Bakkuon Retto s’achève avec ce dix-huitième tome, de quoi découvrir ou redécouvrir cette série riche en adrénaline.
(par Marc Vandermeer)
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