Tchako et Reiji se rendent chez Yuri et constatent que Gen se cache chez elle. Les trois amis d’enfance sont réunis dans une ambiance pesante en attendant l’arrivée de l’ancienne professeure de Reiji.
Tchako a bien changé depuis sa perte de poids drastique. Son enfermement et ses troubles alimentaires se font sentir à travers son manque d’énergie et ses vertiges visibles dans des cases aux dessins tordus. Mais au-delà de ces problèmes physiques, un autre constat : elle ressemble physiquement à Nagi. Les vêtements qu’elle porte et sa coiffure rappellent l’idole, et une scène en particulier fait écho à Nagi sous la pluie au début de l’œuvre. D’un autre côté, Gen remarque que les manipulations et les paroles de Tchako font fortement penser à Yûko...
D’ailleurs, Reiji voit Tchako comme un substitut de Nagi. L’adolescente toujours mise sur le côté, se voit comme un second rôle voué à l’anonymat. Prendre la place de Nagi aux yeux du protagoniste lui permet enfin d’être au centre comme une des héroïnes des livres d’Esemori. Tchako, qui avait complètement sombré, regagne son étincelle dans les yeux en devenant cette doublure pour Reiji qui semble satisfait de la tournure des choses.
Un réel jeu de domination se met aussi en place entre Tchako et Yuri. Chacune tente d’avoir l’ascendant sur la situation et sur le héros. La planche en contre-plongée dans laquelle Yuri courbe l’échine face à Tchako résume bien la bataille qu’elles se livrent.
De nombreux dessins font également froid dans le dos. La démence et l’instabilité des personnages, palpable à ces moments-là, donnent le sentiment d’être dans une histoire horrifique. Parmi les passages marquants, on peut citer la planche dans laquelle la mère de Reiji allongée dans le noir et collée à une porte pour écouter une discussion privée, ou encore la case où on aperçoit l’expression choquée de Tchako qui surprend Reiji parler de Nagi.
Même si Yûko est en retrait, un souvenir de son fils resurgit et met en évidence une de ses grandes peurs : celle de l’abandon. Dans celui-ci, sa mère apparaît comme paniquée et triste d’avoir été laissée derrière. Un sentiment d’impuissance se lit dans son expression. S’en dégage une fragilité qui contraste avec le comportement terrifiant qu’on lui connaît. Précédemment, le lecteur découvrait notamment que son frère avait fui le domicile familial violent sans elle. Ce souvenir de Reiji confirme cet effroi d’être seule et non désirée.
Observer les amis de Reiji et son ancienne enseignante se battre pour le contrôler est assez ridicule et désespérant. Leurs actions sont extrêmes et traduisent une folie collective peu réaliste, et même grotesque. Par contre, voir le protagoniste se dévoiler réellement est plaisant.
(par Malgorzata Natanek)
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