Si les Flamands ont pu dire d’Henri Conscience, l’ « Alexandre Dumas néerlandophone », qu’il leur avait « appris à lire » [1], il ne fait aucun doute que Willy Vandersteen leur apprit à lire des bandes dessinées.
Ce titan créa un grand nombre de séries, parmi lesquelles Bob & Bobette et Bessy, totalisant des dizaines millions d’exemplaires vendus dans l’espace néerlandophone, ses œuvres se trouvant aussi bien traduites en français, qu’en allemand, en anglais ou en… chinois.
L’épisode bruxellois de Vandersteen, caractérisé par sa production pour le Journal de Tintin, est bien connu : on lui doit les Bob & Bobette les plus emblématiques : Le Fantôme espagnol, La Clé de bronze, Le Casque tartare, Les Martiens sont là…, mais aussi deux épisodes de Thyl Uilenspiegel dont nous reparlerons bientôt. Hergé prit ombrage de ce concurrent excellent raconteur d’histoires et qui avait l’outrecuidance d’être capable de se maintenir en permanence dans l’hebdomadaire, ce que le créateur de Tintin, en dépit de son studio créé récemment, était bien incapable de faire. Il écarta le génie flamand en raison de sa « vulgarité. » Qu’importe, l’impétrant fit fortune en Flandre et en Hollande !
C’est cette époque qu’illustre l’exposition Willy Vandersteen, l’épopée bruxelloise pour laquelle le Hollandais Joost Swarte réalise à la fois le commissariat d’exposition et l’affiche, après avoir œuvré sur le Musée Hergé et sur la frise introductive de l’exposition Regards croisés de la bande dessinée belge (jusqu’au 28 juin 2009).
C’est le lieu qui attire en premier l’attention : L’Hôtel de Ville de Bruxelles, sur la Grand-Place, c’est à dire l’endroit même où Don Persilos y Vigoramba, le fameux « fantôme espagnol » gratifia les lecteurs de ses aventures. Cette exposition exceptionnelle prendra place du 24 juin au 27 septembre 2009.
En complément, la Maison de la Bande dessinée, une librairie-galerie jouxtant la Gare centrale, fait également une exposition d’originaux de Vandersteen issus du restant de sa production titanesque. Plus pauvrement scénographiée, cette exposition qui se tiendra du 18 juin 2009 au 10 janvier 2010, n’en recèle pas moins pour l’amateur quelques joyaux qui méritent le détour.
Enfin, un nouveau Musée de la bande dessinée voit le jour en Belgique. Il est entièrement consacré à Marc Sleen. Né en 1922, injustement méconnu en France, Sleen est l’autre grande figure de la bande dessinée flamande, il est l’auteur de Néron, un personnage qui se fait appeler ainsi en simulant une folie dans laquelle il s’identifie au fameux empereur romain pyromane.
Sleen, puissant caricaturiste qui fit en Flandre une carrière comparable à celle de Pellos en France, inscrit sa série dans le Guiness Book des Records en réalisant quasi seul 200 albums de ses aventures. Il été fait Chevalier par le Roi Albert II en 1998, ce qui lui vaut d’obtenir de son vivant une inauguration royale de son musée le 18 juin prochain, à l’endroit même où il créa ses premières bandes dessinées en 1947, rue des sables, face au Centre belge de la BD, où le quotidien flamand De Nieuwe Gids avait son siège à Bruxelles.
Ces deux auteurs très populaires ont en commun une fantaisie débridée et un humour absurde qui confine parfois au Surréalisme, mais surtout une puissance de travail qui n’a pas son équivalent dans l’espace francophone.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Musée Marc Sleen
Rue des Sables 31-33
1000 Bruxelles
Ouvert tous les jours de 11 à 13 heures et de 14 à 18 heures, sauf le lundi.
Willy Vandersteen, l’épopée bruxelloise
Hôtel de Ville
Grand Place
Du 24 juin au 27 septembre 2009.
Exposition Willy Vandersteen
du 18 juin 2009 au 10 janvier 2010
La Maison de la Bande Dessinée
Bd. de l’Impératrice 1
1000 Bruxelles
Du mardi au dimanche de 10h à 18h30
[1] Le mot est, si je m’en souviens bien, de Charles De Coster. En produisant, peu après la fondation de la Belgique, des romans historiques exaltant le peuple flamand, cet écrivain, fils d’un soldat de Napoléon né à Besançon, fut notamment l’auteur du fameux Lion de Flandre qu’illustra plus tard le dessinateur Bob De Moor.
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