Il était l’érudition même et ses amis se souviennent de lui comme un connaisseur passionné d’une insatiable curiosité. Cette passion et cette curiosité, il les transmettait à ses élèves de l’École européenne supérieure de l’Image dont il était fier d’avoir contribué à la création d’un Master et dont quelques-unes des plus belles signatures de la bande dessinée contemporaine sont issues. Né en 1957, cet excellent pédagogue suivait ses élèves avec bienveillance et attention bien au-delà de l’obtention de leur diplôme. Il a été l’un des premiers à expérimenter la création numérique en bande dessinée.
Voici comment le décrit sur sa page Facebook l’un de ses collègues, Luc Vigier, comme lui professeur à l’ÉESI : « Il était la vitalité même, enseignant, dessinateur, créateur, à la fois contemplatif et suractif, il initiait des projets venus de nulle part, des idées à lui, il imaginait des classes internationales et les réalisait, il ne lâchait rien sur ce qui était essentiel, grand voyageur, ami attentif, un œil ouvert toujours pour le merveilleux, le paysage, les visages, les figures. Nous étions une équipe avec lui autour du Master BD, nous avons travaillé ensemble, tenu tant de jurys de master, et comme ses élèves il dessinait tout le temps, avec passion, un regard particulier, d’une grande intensité. »
Érudition
Ses conversations étaient passionnantes et il pouvait se montrer très pointu quand il évoquait le travail de Töpffer, de Cham ou de Gus Bofa. En encyclopédiste –l’un de ceux qui ont constitué le corpus de notre connaissance actuelle de l’histoire de la bande dessinée notamment en organisant de plusieurs expositions dont une sur la bande dessinée de reportage au Centre Pompidou à Paris en 2006, il était un des premiers à s’intéresser à l’histoire de la bande dessinée asiatique, notamment chinoise, ce qui a permis de contribuer à faire découvrir au public français le travail du maître chinois He Youzhi.
Mais le Vietnam a été sa vraie passion, au point qu’il signait ses dessins d’un monogramme en tiếng Việt : Ma Xó Hà Nội, provoquant des échanges entre Hanoï et Angoulême, emmenant ses jeunes élèves dans des master-classes à Hanoï, et inversement de jeunes créateurs vietnamiens à Angoulême.
Ces échanges ont inspiré plusieurs ouvrages : Les Fantômes de Hanoï (Casterman, 2006) et La Rivière des Parfums (Carnets du Viêt Nam, Casterman, 2009) et récemment Mangeurs de feu (Enfants rouges, 2016), une ode à la cuisine asiatique dessinée avec passion. On lui doit aussi Créer une BD pour les nuls (Ed. First ; 2010) et Dessiner les mangas pour les nuls (Ed. First, 2007) qui prolongeaient son travail de pédagogue.
Je l’avais revu récemment en visitant l’exposition Tezuka au dernier festival d’Angoulême. Nous avons parlé de la possibilité de créer une master class de bande dessinée au usée de la caricature et de la bande dessinée de Kadiköy (Istanbul) dont les responsables étaient présents à l’occasion du FIBD dans la cité angoumoisine. C’étaient nos derniers échanges. Il était accompagné de Catherine Bourgoin, son épouse, directrice de la communication de la Cité de la bande dessinée à qui la rédaction d’ActuaBD transmet ses condoléances.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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