Le lendemain, le locataire de l’Élysée faisait amende honorable auprès des lecteurs du Parisien : « J’aurais mieux fait de ne pas lui répondre. » Certes, mais le style, c’est l’homme. De Gaulle avait repris cette expression d’Audiard en évoquant Mai 68 : « Il ne faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages ! ». C’était classe. Pompidou, en rhétoricien, était avare en mots vulgaires. Mitterrand, avait la citation brillante (« il faut laisser du temps au temps ») et le phrasé calibré. Tout au plus parlait-il de « livrer aux chiens l’honneur d’un homme » en faisant allusion aux journalistes aux obsèques de Beregovoy. Chirac, comique troupier à l’occasion, parlait de ses « balloches » en privé, jamais en public… Le nouveau président répond aux insultes par un direct : « Casse-toi, pauv’ con » bien caractéristique de son style.
Les éditions 12 Bis ont eu le nez fin d’éditer quelques jours après cet incident un Dico Sarko qui insiste sur l’évolution lexicale de la présidence de la République. Certes, cet ouvrage n’est pas, Alain Rey le précise en préface, « le dico du lexique présidentiel » mais un contre-lexique qui constitue un « kärcher anti-Sarko, façon arroseur-arrosé ».
Je n’ai pas manqué d’aller voir si « Pauv’ con » y figurait. « Con », non. L’auteur a dû trouver le mot trop vulgaire pour le mari de Carla Bruni. « Pauvre », en revanche, obéit à cette définition : « Pauvre : adj. et n. Qui vote à droite comme on joue au loto. » Finalement, si l’on suit le raisonnement de Charb, « Pauv’ con », dans la logique sarkozienne, relève de la tautologie !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Le Dico Sarko par Charb aux édition 12Bis (10,50 euros), paraît le 6 mars 2008.
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