Il a toujours l’air sombre, et surtout, absent, ce docteur Du Ming. Son métier ne semble guère le passionner. Moins que ses souvenirs douloureux d’un amour impossible avec une camarade étudiante, il y a quelques années de cela.
Ses lettres, le contact maintenu, permettent à Du Ming de garder les pieds sur terre. Jusqu’au jour où il apprend que Zhang Qian s’est suicidée. Dès lors, obsédé par ses souvenirs, il va à la fois se déconnecter de la réalité et chercher toutes les formes de vengeance possibles.
Adaptant un roman signé Han Jinglong, Zhang Jing signe là son premier album à seulement 24 ans. Son trait d’une grande élégance est conforme à une certaine BD chinoise, qu’on appelle Hua Shu, à l’image de la collection lancée par Casterman.
Ce romantisme morbide - l’intrigue évolue en fin d’album vers les extrêmes- est servi par la relation plus qu’originale que l’auteure noue entre les deux personnages principaux. Mais si le docteur Du Ming bénéficie de traits fins et précis et de regards d’une grande intensité, psychologiquement, les femmes de cet album sont plus marquantes. Point de vue féminin oblige.
Dans une page qui suit la fin du récit, Zhang Jing s’excuse de la qualité insuffisante de son travail. Un post-scriptum qui nous maintient étrangement dans l’ambiance...
(par David TAUGIS)
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