Le service d’ordre était fiévreux. Les invités avaient été triés sur le volet : invitation nominative avec production d’une carte d’identité. Grand escalier d’honneur avant l’arrivée au premier étage où, dans une succession de cinq salles, des cellules alternent et mettent en parallèle les travaux de ces deux grands maîtres « dont le dessin prend vie » que ce soit sur le papier ou sur l’écran.
Les concepteurs de l’exposition Anne & Julien ont tenté le pari de mettre ces deux univers en parallèle. Incroyable hommage de Miyazaki, star entre les stars dans son pays (son nouveau film, Le Château ambulant vient de battre cette semaine le score du plus grand nombre d’entrées jamais enregistré par un film en salle au Japon) au dessinateur français. Infinie connivence aussi entre les deux artistes qui parlent d’égal à égal, avec une admiration parfaitement réciproque. Sur les cimaises, aquarelles, esquisses, cellulos de dessins animés, illustrations, dessins de couvertures,... s’enchaînent et rivalisent comme autant d’exercices graphiques touchés par la grâce. Le parallèle est saisissant, la démonstration probante : il y a bien un esprit commun -universel peut-on dire- entre ces deux créateurs de mondes.
Hommage du tout-Paris
Un signe qui ne trompe pas : le tout-Paris était présent lors du cocktail : Jacques Perrin, le producteur du Peuple Migrateur a eu une longue conversation avec Hayao Miyazaki tandis que le ban et l’arrière-ban de la BD et du cinéma devisaient au milieu des œuvres des deux artistes. Au débotté, et sans que la liste soit close, on pouvait croiser coup sur coup : Matthieu Kassovitz, François Boucq, Vincent Lindon, Patrick Gaumer, Tom Novembre, Michel-Edouard Leclerc, Pierre Lescure, Dominique Véret, Jean-Claude Mézières, Frank Margerin, Pascal Legitimus, Zep, Gérard Lauzier, André Juillard, Jean-Pierre Lavoignat de Studio, François Avril, Stan et Vince, sans parler de quelques figures de l’administration et de la politique. Il faut y voir une reconnaissance d’une génération célébrant à la fois le génie du maître japonais (dont le film sort ce soir en avant-première, et nous y serons) et l’incroyable fécondité, la stature exceptionnelle, exemplaire et unique, de Jean Giraud, alias Moebius, l’un de nos plus puissants artistes de BD contemporains.
Signalons aux visiteurs qu’en sortant, des espèces de machines à sous distribuent pour 2 euros des médailles de Moebius et de Miyazaki, collectors assurés pour les générations futures.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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