Romans Graphiques

GIGN 1973-1976 – Par Poma – Ed. Trédaniel

Par Hippolyte ARZILLIER le 20 février 2024                      Lien  
Dans son roman graphique, "GIGN 1973-1976", Poma revient sur les origines du célèbre groupe d’intervention ainsi que sur un de ses premiers faits d’armes : l’opération Djibouti. En dépit des avis dithyrambiques des anciens membres du GIGN, ActuaBD ne vous cachera pas sa déception : entre une narration lourde et un dessin inabouti, l'album de l'ancien inspecteur principal de police peine à séduire.

La bande dessinée de Poma a deux objectifs : faire la genèse du Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale et en expliciter le modus operandi. Pour ce qui est du premier point, les premières pages de l’album reviennent sur ses débuts : après la prise d’otages des JO de Munich en 1972, la France prend conscience de la nécessité de former un groupe d’élite capable de gérer sans dégâts collatéraux des situations qui impliquent des personnes armées et des civils en péril.

GIGN 1973-1976 – Par Poma – Ed. Trédaniel
© Poma, Ed. Trédaniel.

Ce groupe sera créé peu de temps après et sera entièrement pensé par un officier : le lieutenant Christian Prouteau. La première partie de GIGN 1973-1976 est un échange entre ce dernier et un journaliste venu l’interviewer pour réaliser un reportage sur le groupe. En plus de raconter les premiers mois du GIGN, Prouteau y détaille toutes les étapes de l’entraînement de ses agents. Il pose aussi certaines distinctions pas inintéressantes – par exemple, entre « assaut » et « intervention » - et développe en certains passages ce qu’il présente comme l’éthique du groupe : le but du GIGN est avant tout de préserver des vies, et non de tuer de façon irréfléchie.

© Poma, Ed. Trédaniel.

Le premier problème de cet album est sa narration : les cinquante premières pages sont lentes, terriblement lentes. Il y a beaucoup de textes pour des explications qui n’intéresseront dans l’ensemble que des militaires en formation. Une planche sur la bonne manière de descendre un immeuble, une autre sur la méthode de tirs coordonnés employée par l’équipe d’intervention, une sur le temps d’attente nécessaire avant de jeter une grenade… Très franchement, on s’en serait bien passé.

Dire que cette bande dessinée est inintéressante serait faux ; le vrai souci, c’est que c’est un manuel de formation dépourvu de toute perspective critique. Rendez-vous sur le site du GIGN et vous trouverez probablement les mêmes formules.

© Poma, Ed. Trédaniel.

La deuxième partie de l’album, qui raconte une opération réalisée non loin de Djibouti, n’est pas dépourvue de rythme, mais un autre problème demeure : le dessin. De bout en bout, les personnages sont raides, les décors inaboutis et les lumières criardes.

Chaque visage se ressemble : un amas de plis dépourvu d’émotions. Mais le pire est lorsque l’auteur s’essaye au portrait de personnalités connues. Son Belmondo (pp. 28-29), mon Dieu !... Parti en 2021, celui qui incarnait Sam Lion a dû se retourner cinq fois (c’est le nombre de fois où sa tête apparaît) dans sa tombe…

Belmondo et Verneuil discutent avec le lieutenant Prouteau à propos de leur prochain film. © Poma, Ed. Trédaniel.

Si cette bande dessinée s’adresse à des lecteurs motivés pour qui le dessin importe peu, on doute qu’elle séduise plus que des gendarmes en devenir, et encore... il y a quelques bédéphiles parmi eux.

(par Hippolyte ARZILLIER)

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Code EAN : 9782813229717

Ed. Trédaniel ✏️ Poma Histoire France
 
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12 Messages :
  • GIGN 1973-1976 – Par Poma – Ed. Trédaniel
    20 février 17:09, par Milles Sabords

    Il y a dans cet album tout ce qu’il ne faut pas faire dans une BD. Je ne vais pas tirer sur l’ambulance, elle est bien malade et il n’y a plus rien à sauver. Messieurs les éditeurs, le dessin réaliste ne s’improvise pas et ce n’est pas parce-que le roman-graphique à ouvert la voie royale du n’importe quoi, qu’il faut faire la même chose avec ce type d’album. Le pauvre Poma n’y est pour rien, si on ne lui pointe pas ses carences pour s’améliorer, il ne pourra pas progresser.

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    • Répondu le 20 février à  17:46 :

      C’est effectivement d’un niveau très faible mais comme c’est vous qui le dites, ça donne envie d’être indulgent. C’est dire à quel point vos commentaires sont contre-productifs. Surtout quand vous prétendez savoir ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. J’avais un prof comme ça au lycée, totalement gonflé de certitudes. Toute ma vie, j’ai régulièrement constaté qu’il nous avait dit n’importe-quoi.

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      • Répondu par Milles Sabords le 21 février à  07:06 :

        Je peux très bien intervenir sans mettre mon pseudo, mais ça ne changera rien à l’album. Dans le marché BD très concurrentiel d’aujourd’hui, où les talents qui maîtrisent l’outil BD ne manquent pas, on ne peut plus se permettre ce genre d’album d’amateur, et encore plus dans le franco-belge réaliste ! Mais je vous rassure, vous avez dépassé votre prof.

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        • Répondu le 21 février à  17:19 :

          C’est justement parce que le marché est ultra-concurrentiel que même ce genre d’album est publié aujourd’hui. Mais oui, par pitié, intervenez sans pseudo, ça nous fera des vacances, même si ça ne vous rendra pas plus pertinent.

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          • Répondu par Milles Sabords le 22 février à  07:58 :

            C’est aussi pour cela que bon nombre d’albums finissent au pilon avant même d’avoir été écoulés par les libraires, qui sont débordés de titres. Le SNE estime que 13,2 % de la production française de livres finissent pilonnés et recyclés. Ça ne rend service à personne, ni à l’auteur, ni à l’éditeur, ni au public et encore moins à la BD. Si pendant vos prochaines vacances votre hôtel est miteux, ne vous plaignez pas, le marché est ultra-concurrentiel !

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            • Répondu le 22 février à  12:20 :

              Eh oui mon pauvre monsieur (ou ma pauvre dame) tout va mal… c’est le capitalisme qui est méchant. Mais le communisme n’est pas toujours gentil non plus.

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              • Répondu par Milles Sabords le 22 février à  16:25 :

                Ce n’est un problème de système mon bon monsieur, c’est que les gens en font.

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                • Répondu le 22 février à  22:26 :

                  Ah oui c’est les gens le problème. Faut changer tous les gens.

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  • GIGN 1973-1976 – Par Poma – Ed. Trédaniel
    4 mars 15:02, par Alison Marcpelle

    Et voila pourquoi je suggère à toutes et tous la vrai série d’album du GIGN publier chez A&H éditions ! toujours miser sur l’original et non sur la copie...

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    • Répondu par Milles Sabords le 7 mars à  08:13 :

      O.k. Pelletier est graphiquement un ton au-dessus de Poma et Bouché, mais on est encore loin du compte pour de la BD franco-belge réaliste.

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      • Répondu par Alison Marcpelle le 11 mars à  13:33 :

        Pelletier a clairement plus un style réaliste, certes, mais ce n’est pas du franco belge. Je dirais plutôt un style outre-atlantique. Mais pas franco belge !

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        • Répondu par Milles Sabords le 14 mars à  14:01 :

          Le style Franco-belge désigne toute la production BD arrivée après la seconde guerre mondiale et issue d’éditeurs Français et Belge ; dont Hubinon, Jijé, Gillon, Hermann, Giraud, Weinberg, Jigounov, Pellerin, Goetzinger, et tant d’autres, en illustrent la veine réaliste. Pelletier s’inscrit donc plus dans cet héritage.

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